En 1910, le 13 Juillet, naissait à Chicago la petite Zoë Rae Bech d’un papa compositeur et d’une maman réceptionniste dans un hôtel de la ville. Mais la petite fille est chétive et finit par souffrir de rachitisme. Sa maman va alors abandonner son travail pour veiller sur sa petite fille qu’elle vénère, passant des heures à lui faire faire des exercices pour lui constituer un semblant de musculature.
Les efforts de cette mère dévouée seront payants. doublement.
Non seulement Zoë va guérir et finir par attraper une santé de fer, mais la maman émerveillée va découvrir qu’elle a engendré un vrai petit phénomène. Zoë est ravissante, intelligente, espiègle, bref il semble qu’elle pourrait tout à fait devenir une de ces « baby stars » dont s’est entiché d’emblée cette invention dite « cinématographe ». On l’a aujourd’hui oublié, mais les premières créatures filmées qui fascinèrent le public et fidélisèrent des foules chaque jours plus nombreuses grâce à leurs aventures tressautantes sur écrans blancs ne furent ni les pitres à la Chaplin ni les vamps à la Theda Bara mais bel et bien les enfants! Les enfants stars dont ont riait des espiègleries et des niches faites aux adultes avec un rien de mesquinerie. On adorait surtout les voir fouettés par des mégères et jetés dans des marmites d’ogres ou au fond des mines par d’infâmes voyous sans pitié pour leurs jolies bouclettes!
Zoé qui en perdit son tréma fut une de ces poupées idoles. Mary Pickford et plus tard Shirley Temple ne seraient que des resucées d’une formule qui avait fait ses preuves jusqu’à la corde!
L’enfant guérie, sa mère l’avait présentée à un producteur, elle fut engagée sur le champ et se mit à tourner illico. On quitta Chicago pour New-York et New-York pour Hollywood. Toujours avec sa chère maman adorée. Il fut convenu que le papa bien aimé rejoindrait la petite merveille et par la même occasion son épouse lorsque la condition financière de la famille le permettrait. Lorsque Zoé fut payée cent dollars par semaine, on put même emmener les grands parents sur la côte Ouest.
Commença une vie merveilleuse, mais une vie de travail. Le père de famille ne voulut pas que sa fille ne sache plus tard « faire que le singe » et l’âge venu, elle irait comme tous les enfants de son âge user ses culottes sur les bancs de l’école! Les stars d’Hollywood attendraient bien la fin de la classe pour donner la réplique à la petite Zoé…à condition qu’elle ait terminé ses devoirs!
En ces temps où régnait encore la compréhension il fut fait ainsi et Zoé tourna ses films après l’école.
J’ignore ce qui influença la décision paternelle fatale, Zoé prenait-elle du retard à l’école, eut-elle des velléités d’indépendance?
Toujours est-il que lorsque le contrat de la petite vedette expira, le père de la jeune prodige refusa de le reconduire malgré les offres mirobolantes qui furent proposées par les studios épouvantés à l’idée de perdre une mine d’or! Zoé Rae fut perdue irrémédiablement pour le cinéma. Elle avait commencé sa carrière à cinq ans, à dix elle la terminait.
Faut-il regretter la décision paternelle? Je l’ignore, mais combien de vies d’enfants stars furent à jamais saccagées et de carrières détruites lorsque les gracieux chérubins grandissants, ils devenaient des adultes semblables aux autres. La gloire de Shirley Temple elle-même n’y résista pas. Les enfants stars qui réussirent à la fois leur vie et leur carrière adulte se comptent sur une seule main qui a d’ailleurs trop de doigts. Elizabeth Taylor et son indéfectible ami Roddy MacDowell… Et déjà la mémoire me fait défaut.
Zoé nous apprend-on sur la toile vécut encore longtemps à Hollywood, s’y maria en 1934 à Robert Barlow Foster qui la laissa veuve en 1999 après 65 ans de mariage. Ils avaient eut deux enfants, une fille et un garçon. Zoé aurait eu également sa propre école de chant et de danse.
Quoi qu’il en soit, Zoé se fondit dans un anonymat où j’espère qu’elle fut heureuse, en tous cas elle y vécut longtemps, jusqu’à 96 ans, puisqu’elle s’éteignit le 20 Mai 2006. Elle vivait en Oregon.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1915: The Dividel Locket: Avec Augusta Anderson
1915: The Stranger in the Valley: Avec Herbert Barrington.
1915: Love’s Enduring Flamme: Avec Laura LaVarnie et Charles Bennett
1915: The Candidate’s Past: Avec Augusta Anderson
1916: Naked Hearts: Avec Francelia Billington et Gordon Griffith
1916: Bettina Loved a Soldier: Avec Louise Lovely
1917: Midnight: Avec Alen Hollubar
1917: The Circus of Life: Jane Wilson Elsie
1917: The Silent Lady: Avec Gretchen Lederer.
1917: By Speshul Delivrey: Avec Val Paul et Gertrude Astor
1919: The Weaker Vessel: Avec Mary MacLaren