Toby Wing, injustement oubliée des cinéphiles mais non des amateurs de pin-up girls est peut être la quintessence de la blonde Hollywoodienne. Piquant mélange de Jean Harlow et Joan Blondell, Toby Wing préfigure très bien ce que sera la future Betty Grable.
Ses fans étaient nombreux, sa photo plus souvent publiée par les magazines que celles des plus grandes ladies de la M.G.M. Jamais prise en défaut de glamour coquin, Toby Wing n’a pas l’air plus farouche qu’un caniche empaillé et a toujours l’air surprise par le photographe entre une party et une séance de joyeuses galipettes. Et pourtant…Hollywood, et Paramount en particulier qui l’avait sous contrat ne surent jamais que faire de cette resplendissante et très spectaculaire créature.
Martha Virginia Wing naît le 14 Juillet 1915 en Virginie. Son père Paul Wing travaille pour les studios Paramount comme assistant réalisateur. C’est tout naturellement qu’il pensera à sa ravissante bambine de 9 ans lorsqu’il faudra une petite fille pour un film sur lequel il travaille. Et quelle plus merveilleuse expérience pour une petite fille que d’aller travailler avec son papa?
Devenue grande et plutôt spectaculaire, devenue « Toby », pseudonyme un peu canin mais diantrement plus folichon que « Martha », la ravissante aspirante à la gloire passera des studios Sennett au bataillon des Goldwyn girl’s dont elle est le plus sensationnel fleuron, comme le montre la photo ci-dessous, avant de revenir chez Paramount.
Cette ravissante fille aux yeux bleus très pâles qui a l’air faite de rêves et de sucre trouve sa voie dans les rôles de « petites femmes » rigolotes et excitantes. Pécheresses, peut-être mais avec candeur, au fond de bonnes filles nées trop belles, trop Va-Va-Voom.
En 1933, elle se pavane dans « 42 ème Rue », couverte de somptueux renards blancs, se laissant chanter la sérénade par Dick Powell pendant que Gingers Rogers trottine dans le chorus derrière elle. Alors que tout le monde chante, danse et transpire dans le film, Toby ne fait rien! Elle se montre, c’est tout. Après celà, Ruby Keeler enchaîne son numéro de claquettes sur le toit d’un taxi, mais elle est bien moins passionnante! Hélas, dès 1934, le code Hayes va mettre bon ordre aux coquineries cinématographiques et le genre de personnages dans lequel excelle Toby va passer à la trappe. Dorénavant il n’y aura plus de dévergondées joyeuses et en bonne santé, même si elles chantent, dansent et font des claquettes pour se racheter comme notre chère Toby Wing!
Paramount, du coup, se retrouve encombré par sa tapageuse vedette (une des premières à afficher ouvertement ses liaisons dont Maurice Chevalier qu’elle se dispute avec la star Paramount en titre: Marlène Diertich herself.). Ses rôles se réduisent en durée, en nombre et en qualité comme peau de chagrin. Paramount d’ailleurs préfère la fourguer à vil prix à d’autres studios, faisant dégringoler sa cote au box office jusqu’aux tréfonds. Elle avait été la partenaire de stars masculines immenses dont Bing Crosby et Eddie Cantor, mais ces messieurs, vaniteux comme des tourterelles, ne firent rien pour imposer Toby à leurs côtés, car voyez-vous, cette blonde avait la faculté ô combien compréhensible de les rendre transparents à côté d’elle. Son dernier film important fut tourné en 1938 et mit plus de quatre ans à sortir à la sauvette.
Lassée du traitement que lui impose Hollywood, Toby Wing, fraîchement mariée au pilote Dick Merrill, de vingt ans son aîné et véritable icône de l’aviation au même titre que Mermoz, (il sera le pilote personnel du président des Etats-Unis et c’est lui qui assurera la première liaison commerciale au dessus de l’Atlantique juste avant d’épouser Toby) jette l’éponge.
Le couple se marie à Tijuana en 1938, mais bien que Dick Merrill soit un invétéré flambeur, ses parents font la moue face à cette belle-fille blonde platine, ex chanteuse devenue actrice dans on ne sait quels films polissons! Les parents de Dick feront tellement de foin autour de ce mariage qu’ils parviendront à le faire annuler à l’insu des principaux intéressés qui devront convoler une seconde fois tout à fait secrètement. Bob Hope, toujours délicat, faisant référence à la différence d’âge du couple, envoya un télégramme à Toby: »Et bien? Qu’est-ce que j’apprends? Vous épousez votre papa? »
Toby va faire un petit détour par Broadway, histoire de monter ses véritables qualités artistiques et s’offrir quelques triomphes avant de se retirer définitivement de l’univers du show-business.
Le couple Merrill se retire en Floride, « Dick » est un des pilotes les plus célèbres et surtout les mieux payés du monde. Pour situer l’importance et la réputation du bonhomme, voici un extrait authentique d’une conversation téléphonique dans les années 70:
« Allo, ici Dick Merrill. Dites-donc, j’ai vu votre nouvel avion, le concorde, ça a l’air pas mal, je peux l’essayer? »
- »D’accord! »
Toby devenue Martha Merrill se découvre soudain une passion pour l’immobilier et devient très vite une incontournable de la profession, que ce soit en Floride ou en Californie, elle est la « scout » de la jet set à la recherche de la propriété unique et exorbitante!
Pour Toby Wing tout pourrait se terminer comme dans le meilleur des mondes mais son premier bébé va être emporté par ce qui s’appelle la mort subite du nourrisson. Appellation qui n’a hélas pas la même signification pour les bébés que pour les amateurs de bière! Son second fils Ricky survivra mais sera assassiné froidement à son domicile en Septembre 1982. Toby avait déjà eu la douleur de le voir sombrer dans la toxicomanie avant de sombrer dans la délinquance. Impliqué dans une affaire de drogue à grande échelle il était sous l’appel d’une condamnation au moment de son meurtre. Ce drame aura raison de Dick Merril, alors âgé de 88 ans et à la santé déjà précaire, il décède le mois suivant, laissant sa chère Toby veuve et déjà dans le deuil de son fils.
Toby Wing consacrera le reste de sa vie à la reconnaissance de la place exceptionnelle que tint son défunt mari dans l’histoire de l’aviation.
Elle décède à son tour le 22 Mars 2001 à 85 ans.
Les meurtriers de Ricky Merrill n’ont jamais été retrouvés.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1933: 42éme Rue avec Dick Powell et Ginger Rogers
1934: Searching Beauty: Avec Ida Lupino et Robert Armstrong
1934: Come on Marines: Avec Ida Lupino et Monte Blue.
1934: Murder at the Vanities: Avec Gail Patrick, Carl Brisson et Victor MacLaglen
1934: One Hour Late: Avec Helen Twelvetrees et Gail Patrick
1934: School for Girls: Avec Sidney Fox
1936: With Love and Kisses