L’histoire de Suzy Vernon est une des plus étranges du cinéma.
Elle naît Appolinie Paris le 26 Juin 1901 à Nice. Sa famille est plutôt aisée et Appolinie a tout pour être heureuse. Malheureusement, sa maman va décéder alors que la petite fille n’a que sept ans. Son père ne sachant trop comment gérer l’existence d’une petite fille la confie aux bons soins des soeurs du couvent Saint Pierre. La petite Appolinie y restera jusqu’à ses 14 ans et en sortira à la faveur si j’ose dire d’un nouveau deuil. Son père a été tué à la guerre en 1915. Restée veuve de guerre inconsolable, la seconde femme du héros rappelle la chère fille du défunt auprès d’elle alors qu’elle n’a jamais souhaité la rencontrer du vivant de son mari.
Très vite, la jeune fille regrette l’ambiance du couvent où à tout prendre elle se plaisait bien mieux qu’à l’ombre de cette étrangère, contrite en dévotions et nappée de voiles de deuil. Elle saisira sa chance d’échapper à ce funérarium permanant à la faveur d’un providentiel concours de beauté. Officiellement parce que le premier prix est de dix mille francs (une véritable fortune), officieusement parce qu’il y a aussi un contrat de cinéma à la clef. Or, le cinéma, Appolinie en rêve jour et nuit depuis qu’elle a découvert Max Linder, Gaby Morlay et surtout Francesca Bertini qui est à cette génération ce que Garbo sera à la suivante.
Lauréate de sa région, la jeune niçoise triomphera également à Paris. Sa dauphine, une certaine Raymonde Toully fera également parler d’elle en devenant au cinéma Marie Glory.
Nous sommes en 1922 et nantie de ses dix milles francs, celle qui est devenue Suzy Vernon fait, comme prévu ses débuts au cinéma. La jeune fille a un visage très épuré de madone et fascine littéralement la caméra et le public. Elle épouse d’ailleurs le photographe Ralph de Leon qui deviendra opérateur cinéma pour magnifier encore son sublime visage. Suzy est si belle que ses films passent les frontières. C’est inouï à l’époque et elle devient aussi célèbre qu’en France dans tous les autres pays d’Europe. Hollywood soi-même invitera la belle Française à venir enchanter l’oeil ébloui du public Américain.
Elle deviendra une amie très intime de Greta Garbo en personne.
Il existe d’ailleurs un mini-mystère automobile liant les deux stars. Une fabuleuse Duesenberg carrossée spécialement à Paris est supposée avoir appartenu à Greta. Il semble que le somptueux véhicule soit le cadeau d’un admirateur. Or Greta elle-même a précisé qu’elle n’a jamais possédé cette voiture unique. Par contre, Suzy est beaucoup photographiée à son volant durant son séjour hollywoodien! Greta, toujours très satisfaite de sa Rolls blanche, a t’elle offert la voiture à son amie, n’en voulant pas elle-même?
La belle Suzy se lasse à la fois d’Hollywood et de son mari. Après quatre films scandaleusement payés, elle rompt son contrat, préférant travailler au théâtre à Paris pour un cachet mille fois moindre. Dans la foulée elle divorce de Ralph et jette son dévolu sur un chirurgien Libanais travaillant à l’hôpital de Neuilly. Elle mettra dès lors un frein à sa carrière dès 1936. N’apparaissant plus qu’une seule fois à l’écran en 1939, elle se fondit ensuite dans un luxueux anonymat.
L’étrange viendra lorsqu’ayant suivi son mari au Liban en 1958, plus personne, pas même sa famille n’eut plus jamais de nouvelles de Suzy Vernon la disparue. Le mystère resta complet. On apprendra son décès à Mougins le 24 Janvier 1997 sans que personne ne sût jamais de quoi ces années furent faites.
Sa dauphine de 1922, Marie Glory deviendra la doyenne du cinéma Français, décédant dans sa 104 ème année en 2009, le 24 Janvier elle aussi.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1923: Das Bildnis: Avec Arlette Marchal
1925: Napoléon: d’Abel Gance
1926: Martyre: Avec Charles Vanel
1926 : Les Coupables: film Allemand avec Bernhardt Goetzke
1927 : En Mission Secrète: Film Allemand muet où Suzy ressemble à Joan Crawford.
1930: Contre-Enquête : Avec Jeanne Helbing qui partira en même temps qu’elle pour Hollywood
1931: Un Homme en Habit: Avec Fernand Gravey et Jany Holt
1931: Le Rebelle: Avec Thomy Bourdelle
1932: Gafia: film perdu.
1932: Miche: Avec Armand Dranem et Edith Mera
1933: Pour être Aimé: Avec Pierre Richard Wilm
1933: Le Chasseur de chez Maxim’s: Avec Tramel et Mireille Perrey
1935: Les Epoux Scandaleux: Avec Jeanne Aubert.
1935: Adémaï au moyen-âge: Avec Noël-Noël et Michel Simon
1936: Puits en Flammes: Avec Georges Rigaud
1939: Un Homme en Or: Avec Harry Baur