Enfant, il était de tradition que le mercredi après-midi soit consacré au cinéma où m’emmenait ma grand’mère quelque soient les conditions climatiques et la programmation du cinéma Varia. Ayant une vivre prédilection pour les films avec des animaux ou des pirates, Suzanne Pleshette est une des premières actrices que j’ai identifiées puisque je l’avais admirée bouche ouverte dans « Quatre Bassets et un Danois » et « Le Fantôme de Barbe Noire » J’avais également identifié Julie Andrews qui m’avait terrifiée qui saura pourquoi dans « La Mélodie du Bonheur » et Lucille Ball qui à l’inverse m’avait subjuguée pour l’éternité avec « The long, long Trailer » Il semble donc que j’aimais aussi les films avec des caravanes!
Suzanne Pleshette vient au monde le 31 Janvier 1937 à Brooklyn. Sa mère, Géraldine Kaplan est une danseuse commue sous le nom de Géraldine Rivière. Son père est metteur en scène et directeur du cinéma Paramount de Brooklyn. Ses parents l’autoriseront donc à suivre des études artistiques à condition qu’elle effectue en parallèle un cursus classique. La jeune Suzanne sera donc diplômée de l’université de Syracuse avant d’être diplômée de la très sérieuse Neighborhood Playhouse.
Elle est une des rares comédiennes à avoir durablement impressionné ses professeurs qui voient pourtant, par la force des choses, tant d’aspirantes à la gloire passer sous leur nez. Seules Greta Garbo et Ingrid Bergman pouvaient en dire autant. Ce qui les avait impressionnés au point de ne jamais l’oublier c’était sa voix magnifique mais surtout son sens de l’humour aussi dévastateur que cruel!
En 1957 elle est prête pour ses débuts à Broadway et fourbit ses armes de pièce en pièce.
En 1960, la presse spécialisée s’intéresse un peu à elle mais c’est parce qu’elle suit avec assiduité des cours de Strip tease pour jouer dans « Gypsy ». Elle n’obtient pas le rôle convoité malgré tous ses efforts, l’auteur de la pièce justifiant sa décision par un « Vous auriez mieux fait d’apprendre à chanter! C’est avant tout une comédie musicale! » Plus tard, c’est Nathalie Wood qui tiendra le rôle à l’écran…Doublée pour le chant. Elle devra attendre 1961 pour connaître son premier succès personnel à la scène, et seulement parce qu’elle succède à Anne Bancroft qui renonce à son rôle face à Patty Duke dans « The Miracle Maker » Mais à New-York, il n’y a pas que Broadway, il y a aussi les studios de télévision. Suzanne y fait de modestes débuts en 1957 dans un épisode du feuilleton bien oublié « Harbormaster » avec Barry Sullivan.
Il va alors se passer une chose étrange: Cette femme à la grande beauté sensuelle va plaire aux familles! Alors que personne ne songerait à distribuer Marilyn Monroe ou Ava Gardner dans un programme télévisé pour les familles, Suzanne Pleshette va être follement sollicitée pour ce type de programmes. C’est presque un cas unique pour une actrice d’une telle sensualité si on excepte le cas de la blonde Dorothy Provine, elle aussi logée à la même populaire et lucrative enseigne! Dorothy sera sa seule rivale de beauté à la télévision. Elle le sera dans la vie aussi lorsque Dorothy lui ravira les affections de monsieur Glenn Ford! Suzanne Pleshette étant décrétée « beauté des familles », il était normal qu’elle soit invitée au cinéma par l’empereur absolu des films familiaux: Jerry Lewis!
Et comme « Geisha Boy » fait un succès, ce sont les studios Disney qui s’offrent les services de la très belle! Elle devient une des reines de la comédie familiale. Ou plutôt une des princesses car la reine absolue en est l’indétrônable miss Doris Day! Elle sera la partenaire attitrée de Dean Jones, de James Garner, de Troy Donahue, des acteurs des familles eux aussi. Et si elle donne la réplique à Tony Curtis, c’est parce que lui aussi est un des maîtres du genre. Pourtant, Suzanne Pleshette est une actrice de première force et elle sait faire bien d’autres choses comme le prouve si besoin était son rôle court mais intense dans « Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock.
En 1964, elle partage l’affiche avec le jeune Troy Donahue, acteur qui affole les jeunes filles mais dont on jase beaucoup à propos d’une sexualité alambiquée où les femmes n’ont pas grand chose à voir et qui est le secret de polichinelle. Pourtant le couple devient un couple de »fiancés » tel que le cinéma les aime et la presse va se passionner pour tout ce qu’ils font jusqu’à leur mariage. Un mariage de huit mois! Un mariage si court qu’ils étaient déjà divorcés à l’heure de tourner le film que le studio avait mis en chantier pour les montrer réunis à l’écran! « Rome Adventure ». Suzanne reprit donc sa liberté et le chemin de studios Disney mais surtout le chemin des plateaux de télévision dont elle est devenue une reine absolue, elle y aura même son propre show où elle aura le droit de faire absolument ce qu’elle veut!
Le cinéma, finalement serait resté assez anecdotique dans sa carrière si elle n’avait pas choisi avec beaucoup de discernement ses films qui ont en règle générale toujours connu le succès et ont été de qualité suffisante pour être encore appréciés des décennies plus tard.
Mais son cheval de bataille restera la télévision. Si elle quitte le grand écran en 1980 après avoir repris le rôle d’Ingrid Bergman dans son plus bel échec hollywoodien « Arc de Triomphe » d’après Erich Maria Remarque, elle tourne encore pour la télévision un quart de siècle supplémentaire!
Suzanne Pleshette se remarie pour la seconde fois avec Tom Gallagher un milliardaire en pétrole texan comme il sied à une star de son envergure. Ce mariage durera 32 ans, jusqu’à ce que Tom Gallagher décède emporté par le cancer le 21 Janvier 2000. Triste cadeau pour Suzanne qui fêtait ses 63 ans dix jours plus tard. Elle allait surprendre tout le monde en se remariant une troisième fois l’année suivante avec l’acteur Tom Poston. Il avait été un de ses premiers partenaires sur scène au temps des débuts à Broadway.
Mais Tom, cet amour de jeunesse retrouvé avait dix ans de plus que Suzanne. Le 30 Avril 2007, Suzanne est veuve pour la seconde fois.
A l’heure de cette tragédie personnelle, Suzanne a déjà déclaré publiquement être atteinte d’un cancer au poumon « Pas grand chose, à peine un grain de sable, mais on sait que c’est suffisant pour enrayer les meilleures machines! »
Derrière les airs bravaches de la star toujours sublime, on ne pouvait s’empêcher de craindre pour elle. Elle avait renoncé deux ans plus tôt à son rôle dans « Willie and Grace » et n’était plus reparue sur les plateaux. Peu avant sa mort, elle s’était montrée en chaise roulante et avait encore plaisanté sur son état avec son style aussi sarcastique qu’inimitable. « Oui, j’ai souffert d’un cancer du poumon, mais maintenant, je n’ai plus ce cancer du poumon puisque j’ai fait enlever le poumon en question! »
Suzanne allait s’éteindre chez elle le 19 janvier 2008. 11 Jours plus tard elle aurait fêté ses 71 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1958: The Geisha Boy: Avec Jerry Lewis et Marie Macdonald
1962: Rome Adventure: Avec Troy Donahue et Angie Dickinson
1962:40 Pounds of Trouble: Avec Tony Curtis
1963: The Birds: Avec Tippi Hedren et Rod Taylor
1963: Wall of Noise: Avec Jean Byron
1964: A Distant Trumpet: Avec Troy Donahue et Diane MacBain
1965: A Rage to Live: Avec Bradford Dillman et Ben Gazzara
1966: Mister Buddwing: Avec Jean Simmons et James Garner
1966:The Ugly Dachshund: Avec Dean Jones
1966: Nevada Smith: Avec Steve McQueen et Karl Malden
1968: Blackbeard’s Ghost: Avec Dean Jones et Peter Ustinov
1968: The Power: Avec George Hamilton
1969: If It’s Tuesday, This Must Be Belgium: Avec Ian MacShane et Mildred Natwick
1971: Support Your Local Gunfighte: Avec James Garner
1976: The Shaggy D.A: Avec Dean Jones
1979: Hot Stuff: Avec Dom de Luise
1980: Arch of Triumph: Avec Maximilian Schell et Trevor Howard