La charmante Sophie Grimaldi est, elle aussi, un mystère de la renommée!
Cette délicieuse enfant voit le jour en sa bonne ville de Paris le 14 juin 1936 sous le patronyme de Colette Ebran. Elle a vingt ans fraîchement soufflés lorsque le public la découvre dans « Club de Femmes » qui est surtout un « film de jeunes » mais dirigé par Ralph Habib. Sophie pousse donc son nouveau pseudonyme et son juvénile minois entre Nicole Courcel et Dany Carrel.
Mais lorsque Sophie débute au cinéma, celui-ci amorce une certaine effervescence. Vadim commence à bousculer les codes avec « Et dieu créa la femme ». Il est d’ailleurs amusant de souligner la présence de Jean-Louis Trintignant dan ce « Club de femmes » qu’il tourne entre deux films de Vadim. « Et dieu créa la femme » et « Les Liaisons dangereuses ». Sophie de son côté s’en ira voir de près les amours débutantes de Romy Schneider et Alain Delon sur le tournage de Christine. Ce tournage d’un film assez moyen pour Pierre Gaspard Huit aurait pu la placer sur la liste noire des cahiers du cinéma mais il se trouve qu’un certain Claude Chabrol va s’enticher de Sophie et faire appel à elle plusieurs fois. Il n’est pas impossible qu’elle doive cette entrée en grâce à son ami Jean-Claude Brialy avec qui elle s’entendait comme larrons en foire et qui était alors l’acteur fétiche du sieur Chabrol. C’est Brialy toujours qui la présente à un autre « copain ». Un certain Jacques Deray qui s’apprête àtourner son premier film « Le Gigolo » avec, devinez qui dans le rôle titre? Mais notre ami Brialy bien sûr. Sophie sera de celles qui salivent sur les atouts virils de Jean-Claude avec aussi Alida Valli et Valérie Lagrange, tout aussi tourneboulées par tant de testostérone à disposition de ces dames.
Mais Sophie n’est pas une « égérie » elle n’est pas une muse d’un cinéma intellectualisé qui paie avec des clous et considère qu’il invente tout puisque avant lui rien n’existait. En tout car rien qui vaille la peine qu’on s’y intéresse.
Alors, Chabrol ou pas, en toute discrétion, Sophie se glisse sur le plateau du « Dialogue des Carmélites » puis s’émancipe chez le « Capitaine Fracasse »! On ne peut pas faire moins « nouvelle vague »!
Sophie réussira la prouesse, car c’en est une, et tout particulièrement à l’époque, de tourner à peu près ce qui lui plaît pour qui elle veut. Elle commet même le crime de lèse cahiers du cinéma en tournant pour André Cayatte. Mais comment lui en tenir rigueur puisqu’elle y donne la réplique à…Jean-Claude Brialy l’enfant chéri desdits cahiers! De toute manière, après avoir tourné pour Hunebelle elle avait donné la réplique à Bourvil dans un film du cinéaste le plus honni de cette caste: René Clair. Sophie était insaisissable, inclassable. Elle est de cette génération de jeunes premières qui ne sont ni vamp ni saintes ni pin-up, qui sont des « filles de tous les jours » peut-être un peu plus jolies, peut-être un peu plus amusantes. Sophie se définit elle-même comme une fantaisiste. Ce qui ne veut pas dire qu’elle piétine les plates bandes d’une Annie Cordy mais simplement qu’elle se préfère dans d’aimables comédies légères plutôt que de sombres drames.
Dans la vie elle est tout aussi simple qu’au cinéma. Un mari, trois enfants, pas d’histoires.
Elle connaît sa « grande année » en 1963 où elle tourne beaucoup. C’est bien simple on ne voit qu’elle. Mais déjà le cinéma « de papa » a pris un coup dans l’aile. On s’intellectualise, on s’érotise, on « envoie des messages ». Le cinéma se réinvente, les salles se vident. Bientôt l’homme aura marché sur la lune, il y aura la mini jupe, Woodstock et le LSD. Le personnage de jolie petite parisienne un tantinet bourgeoise disparaît des écrans. Sophie se fait rare.
Tant pis. Il y aura le théâtre avant la télévision.
Sophie Grimaldi, éloignée, pas oubliée après une ou deux comédies franchouillardes des années 80 et « Fort Saganne » aura son baroud d’honneur en fréquentant l’institut « Venus Beauté » de Tonie Marshall.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1956: Club de Femmes: Avec Nicole Courcel et Dany Carrel
1958: Christine: Avec Romy Schneider, Micheline Presle et Alain Delon
1959: Les Cousins: Avec Jean-Claude Brialy
1959: Guinguette: Avec Zizi Jeanmaire, Jean-Claude Pascal et Paul Meurisse
1960: Le Gigolo: Avec Jean-Claude Brialy et Rosy Varte
1960: Le Dialogue des Carmélites: Avec Jeanne Moreau et Pascale Audret
1961: Le Capitaine Fracasse: Avec Jean Marais et Gérard Barray
1961: Tout l’Or du Monde: Avec Bourvil et Colette Castel
1963: Le glaive et la balance: Avec Pascale Audret, Anthony Perkins et Jean-Claude Brialy
1963: Les femmes d’abord: Avec Christiane Minazzoli et Eddie Constantine
1963: Dragées au poivre: Avec Guy Bedos et Sophie Daumier
1963: Bébert et l’omnibus: Avec Jacques Higelin
1963: Chair de Poule: Avec Catherine Rouvel et Robert Hossein
1963: Cadavres en Vacances: Avec Jeanne Valérie et Simone Renant
1974: …la main à couper: Avec Léa Massari, Bernard Blier, Michel Bouquet et Michel Serrault
1977: Gloria: Avec Valérie Jeannet et Nicole Maurey
1980: T’inquiète pas, ça se soigne: Avec Bernard Lecoq
1981: Celles qu’on n’a pas eues…Avec Jean-Pierre Aumont et Michel Galabru
1984: Fort Saganne: Avec Sophie Marceau et Gérard Depardieu
1985: Scout Toujours: Avec Gérard Jugnot
1999: Vénus Beauté: Avec Nathalie Baye
