Ruth Terry semble être une des rares femmes très heureuses d’Hollywood et à tout prendre sa vie pourrait ressembler à un de ses films, un de ses bons vieux « westerns chantants » dont elle fut l’une de reines. A ceci près qu’il y eut dans sa vie bien plus de chansons encore, et bien moins de coups de winchester!
La future Ruth Terry vient au monde le 21 Octobre 1920 sous le patronyme de Ruth MacMahon à Benton Harbor dans le Michigan. Très tôt la musique va prendre une place prépondérante dans sa vie. Sa tante n’est autre que la secrétaire d’Irving Berlin. En attendant que celle-ci joue les bonnes fées dans la vie de Terry, elle grandit en chantant pendant que sa maman l’accompagne au piano. Musique et cinéma sont les deux passions de la petite Terry qui se lance encore enfant dans un concours amateur local. Premier prix: un dollar! Qu’elle emporte, ce qui lui permet d’aller au cinéma dix fois! Jusqu’au concours de la semaine suivante, qu’elle regagne, et qui lui permet encore dix séances de cinéma! On finira par lui interdire de participer à son concours favori afin de laisser une chance aux autres!
Elle participe donc à un autre concours, à la radio cette fois, et dont le premier prix est de pouvoir chanter avec un grand orchestre à la mode! Nous sommes en 1933, et quelle n’est pas la surprise de Paul Ash de voir débouler devant son orchestre une gagnante-chanteuse de 12 ans, bientôt 13! Elle chanta puisqu’elle en avait gagné le droit et se produisit à l’exposition universelle de Chicago. Elle était devenue « La plus jeune chanteuse de blues du monde ». L’enfant prodigue est lancée. Après quelques tournées, elle est confiée à sa tante. Elle chante alors les dernières compositions d’Irving Berlin dans une boutique. Si les gens aiment ce qu’ils entendent, ils achètent la partition.
Elle se produit également dans quelques cabarets très sélects où elle sera repérée par Walter Winchell, fondateur de la Century Fox. C’est lui qui la rebaptisera Ruth Terry et lui signe son premier contrat à l’âge de 16 ans.
Mais la jeune demoiselle qu’engage la Century Fox n’est pas une starlette à bas prix; elle est déjà célèbre et recevra 400$ par semaine. Vingt fois plus qu’une Marilyn Monroe dans quelques années!
En 1937 elle débute dans « Love and Hisses » et attire sur elle l’attention d’un autre puissant: celle d’Howard Hugues qui rachète son contrat à Winchell. Hugues se contentera de la prêter avec une régularité de métronome au studio « Republic » où elle devient une des partenaires attitrées de Gene Autry qui, se souviendra-elle plus tard: « Ne m’adressait jamais la parole en dehors des scènes, nous ne nous sommes même jamais dit ni bonjour ni au revoir! » Heureusement, elle donnera aussi la réplique à l’autre vedette maison, Roy Rogers avec qui elle s’entend comme larrons en foire! Ruth Terry continua donc sa carrière dans les westerns musicaux de Republic. Le studio racheta d’ailleurs le contrat de Ruth à Hugues lorsque celui-ci comprit qu’il n’obtiendrait rien d’elle qui ne souhaitait pas passer après Terry Moore, Faith Domergue et une centaine d’autres!
Lorsque le contrat Republic vint à terme, Ruth Terry ne le renouvela pas et devint une actrice indépendante. Sa situation était d’ailleurs très particulière car pour les amateurs de western musical elle était une véritable icône, mais pour les autres elle était rigoureusement inconnue! Elle tourna encore quelques films, notamment chez Columbia, puis tomba amoureuse, se maria et suivit son mari au Canada.
Lorsqu’elle revint à Hollywood après son divorce en 1957, non seulement l’oubli s’était fait sur son nom mais le genre dans lequel elle avait brillé s’était littéralement volatilisé du paysage culturel et populaire américain! On revit alors Ruth Terry à la télévision mais elle ne trouva guère de rôle intéressant au cinéma.
En 1966; le 2 janvier elle se remariait pour la seconde fois.
Madame John Ledbetter déclara à ceux que cela intéressait que sa vraie carrière commençait ce jour là.
Le 11 mars 2016, Ruth Terry s’éteignait à l’âge très respectable de 95 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1938: Alexander’s Ragtime Band: Avec Alice Faye et Tyrone Power
1939: Hôtel for Women: Avec Ann Sothern et Linda Darnell
1939: Slightly Honorable: Avec Pat O’Brien et Eve Arden
1939: Le Chien des Baskerville: Avec Basil Rathbone et Wendy Barrie
1940: A Angel from Texas: Avec Rosemary Lane, Jane Wyman et Eddie Albert
1942: Sleepy Time Gal: Avec Judy Canova et Tom Brown
1942: The Affairs of Jimmy Valentine: Avec Denis O’keefe et Gloria Dixon
1943: Pistol Packin’Mama: Avec Robert Livingston
1943: Mystery Broadcast: Avec Niel Asher et Frank Albertson
1944: Lake Placid Serenade: Avec Vera Ralston et Eugene Pallette
1944: Jamboree: Avec George Byron
1945: Tell it to a Star: Avec Robert Livingston
1962: Hand of Death: Avec Paula Raymond et John Agar
1964: Les Nouveaux Internes: Avec Stephanie Powers, Dean Jones et Telly Savallas