Le 30 Mai 1935, naît à Montréal miss Ruta Lee, alias Ruta Mary Kilmonis pour l’état civil, fille d’un brave tailleur immigré Lituanien travaillant en équipe avec sa chère épouse. Ce couple d’honnêtes travailleurs finira par avoir une enseigne réputée et plusieurs boutiques sans que la moindre parcelle d’intérêt pour ce métier ne s’éveille chez leur jeune fille qui sera, sa vie durant, heureuse et fière d’être incapable de coudre un bouton.
Si ses parents avaient œuvré dans la plume, la paillette ou même le faux-cil, là oui, les choses auraient été différentes! Car dès sa naissance, tout ce qui brille, clinque et froufroute attira la petite Ruta comme un aimant.
La fille d’aimable tailleurs semble être un bébé éprouvette moitié revue de Vegas, moitié parade du cirque Barnum!
Une véritable aubaine pour elle, d’ailleurs, lorsque sa famille quitte Montréal pour Los Angeles.
Ruta travaillera comme caissière au mythique « Grauman Chineese Theater » où elle peut essayer ses petons dans les empreintes des stars dans le ciment avant de prendre son service et…se faire très vite licencier, la comptabilité n’étant pas plus sa tasse de thé que la couture!
Fermement décidée à devenir comédienne, Ruta s’est dégoté un agent qui la place régulièrement à la télévision avant qu’elle n’ait sa grande chance en 1953 dans « Sept Femmes pour Sept Frères » et qu’elle affiche ensuite son nom au générique de quelques prestigieuses productions dont « Drôle de Frimousse » avec Audrey Hepburn et Fred Astaire.
En 1958 Elle est choisie par Billy Wilder pour être la petite amie de Tyrone Power dans « Témoin à Charge » où brille Marlène Dietrich qui rechigne sur la blondeur platinée de la nouvelle venue et l’exige en brune. »Jalousie! » s’exclama Ruta.
Voire…Marlène avait déjà joué avec des blondes sans que cela ne la défrise particulièrement, mais lorsque Ruta fit irruption sur le plateau-salle d’audience du film, on ne vit qu’elle. Marlène, la star à la barre des témoins fit remarquer à Wilder: « Comment voulez-vous que je croie mon mari lorsqu’il nie avoir une aventure avec cette femme sans avoir l’air d’une imbécile? » C’était finement observé et Wilder demanda à sa jeune actrice d’ « anonymiser » sa silhouette, ce qu’elle fit mais prit fort mal. Or Wilder aurait pu la virer purement et simplement et engager séance tenante une fille au hasard parmi le régiment de brunes qui hantaient les couloirs du studio! In fine, Ruta Lee s’en tirait bien.
A la même époque, elle fait la rencontre de Gail Patrick, ex star recyclée en agent. Gail la prend sous son aile et la fait travailler très régulièrement, jusqu’à ce que le « Rat Pack » à son tour s’entiche de la belle Ruta.
Gail Patrick avait réussi de son côté une jolie prouesse, jouant sur les origines lituaniennes de Ruta Lee, elle réussit à ouvrir le marché de ce pays alors intégré à l’URSS aux films Américains de Ruta, les Lituaniens se pressant à la grande première de « Sept Femmes pour Sept Frères » en…1961, le film ayant été tourné en 1954. Bientôt, l’union soviétique acceptera de laisser sa grand’mère gagner les Etats-Unis, ce que la famille essayait depuis la fin de la guerre. La vieille dame s’éteindra à 90 ans, entourée des siens dans la villa de Ruta qui fut autrefois celle du bonheur pour Rita Hayworth et Orson Welles.
Ruta de son propre aveu déclarera: « Je suis une actrice incroyablement active, mais pas une star, je ne suis pas jalouse, mais les « stars » en fichent dix fois moins que moi! »
Elle sera incroyablement active à la télévision et au théâtre, n’épousant le traditionnel milliardaire qu’à 38 ans et sans doute pour clore le bec aux rumeurs d’homosexualité persistantes, ses amitiés avec Julie Newmar, Gail Patrick et Mala Powers ayant fait quelques manchettes.
Se dépensant sans compter pour ses bonnes œuvres, Ruta est une grande amoureuses des animaux et des chiens Danois plus particulièrement. Cette sémillante personne est toujours active, et bien que peintre reconnu, elle aime toujours autant se couvrir de plumes et de paillettes pour venir nous distraire de son art, entertaineuse exceptionnelle.
Lucille Ball ne s’y était d’ailleurs pas trompée et ne se privait pas de l’inviter à son « Lucy Show ».
Le mariage de la belle et du milliardaire, à savoir Webster b. lowe jr. fut un mariage d’amour qui ne faiblit pas une seule heure en 45 ans. Ces deux-là s’étaient trouvés et étaient faits l’un pour l’autre.
Dans la nuit du 1 au 2 juillet 2020, Webster s’éteignait dans ses bras et la laissait terriblement triste et désemparée.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1954: Sept Femmes pour Sept Frères: Avec Jane Powell et Julie Newmar.
1955: The Twinkle in God’s Eye: Avec Coleen Gray et Mickey Rooney
1957: Drôle de Frimousse: Avec Audrey Hepburn et Fred Astaire
1958: Temoin à Charge: Avec Tyrone Power et Marlène Dietrich
1958: Marjorie Morningstar: Avec Natalie Wood, Gene Kelly et Claire Trevor
1962: Les Trois Sergents: Avec Sinatra, Lawford, Sammy Davis Jr. Dean Martin, Joe Bishop.
1963: Hootenanny Hoot: Avec Peter Breck et Joby Baker
1972: Doomsday Machine: Avec Bobby Van et Mala Powers
1995: Funny Bones: Avec Jerry Lewis et Leslie Caron.