Rosamund John

Quel dommage que je n’aie pas plus d’informations et d’anecdotes croustillantes à propos de l’excellente Rosamund John pour vous inciter à découvrir cette actrice anglaise bien oubliée aujourd’hui. Rosamund fut non seulement très glorieuse en son temps avec un personnage aux manières douces et policées comme une sorte d’Annabella buveuse de thé, mais elle sut être particulièrement brillante dans son emploi. L’illustre Leslie Howard avouait être un admirateur inconditionnel et n’eut de cesse de la réclamer comme partenaire. Les directeurs de studios, hélas, le trouvant lui même vaguement fade préféraient le voir affronter, quelque peu inquiet, des créatures aux tempéraments mieux trempés telles Bette Davis ou Vivien Leigh.

La douce Rosamund John naît à Londres, en pleine guerre, le 19 Octobre 1913. C’est là qu’elle s’éteindra 85 ans plus tard ou presque, le 25 Octobre 1998. C’est à 21 ans que Rosamund fera ses débuts à l’écran, dans « Le Secret du Loch ». Un film en noir et blanc qui nous priva de sa flamboyante rousseur naturelle et de ses éclatants yeux verts. Et contrairement à la tradition artistique anglaise, c’est seulement ensuite qu’elle fera ses débuts sur scène.

Elle se perfectionnera comme je l’ai dit dans des rôles où aiment à se reconnaître les gracieuses sujettes de sa majesté la reine. Toujours impeccable et intelligente, jamais tapageuse ni ostentatoire. (porta-elle des visons et des diamants? Je ne crois pas). Ses personnages sont toujours dévoués, efficaces, pragmatiques et n’oublient jamais l’heure du thé. Bref, Rosamund joue les jolies parfaites et le public adore, surtout si elle est mise aux prises avec les vilaines Jean Kent ou Margaret Lockwood!

Lorsqu’à nouveau la guerre agitera le monde et que Londres connaîtra ses heures les plus sombres, la capitale vivra aux heures de ses représentations et sa gloire atteindra des sommets. A croire que le personnage de Mrs. Miniver s’inspire de Rosamund John! Restée crânement sous les bombes, elle fêtera l’armistice victorieux en actrice adulée et accessoirement en femme mariée puisqu’elle a trouvé le temps entre deux courses aux abris de devenir madame Russel Loyd en 1943. Un mariage qui durera six ans.

La guerre terminée, le personnage de Rosamund, sans doute trop intimement lié aux années noires va peu à peu passer de mode et la guerre l’a privée de l’admiration, du soutient et du dévouement de Leslie Howard mort au combat.

En 1950, elle se remariait avec John Silkin, ardent politicien du parti travailliste de dix ans son cadet et très vite elle allait se passionner bien plus pour le métier de son jeune mari de 27 ans que pour le sien. Elle mettra un terme définitif à sa carrière d’actrice en 1954 après qu’elle soit devenue maman d’un petit Rory, à l’exception d’un ultime passage aux écrans en 1957. Etrangement, son personnage qui au cinéma évoquait de mauvais souvenir d’alertes, de bombes, de rues noires et d’incendies, évoquait en politique le courage et la fierté du peuple britannique et de ses femmes en particulier!

Rosamund devint elle aussi une figure qui compte en politique même sans en faire véritablement, un peu comme l’était la puissante Jackie Kennedy en Amérique. Elle désertera cette seconde scène à la mort de son mari qui la laisse veuve en 1987.

Elle même ferme les yeux à jamais quelques jours avant de fêter ses 85 ans. Elle achevait dans son cher Londres et dans une discrétion qu’elle avait souhaitée une vie menée jusqu’au bout de ses rêves et de ses convictions.

Celine Colassin.

rosamund john

QUE VOIR?

1943: The Gentle Sex: Avec Joan Greenwood et Lilli Palmer

1943: The Lamp Still Burns: Avec Stewart Granger.

1944: Sailor, Soldier: Avec Jean Kent et Charles Victor

1946: Green for Danger (la couleur qui tue) Avec Léo Genn.

1947: The Upturned Glass: Avec James Mason et Pamela Mason

1947: When the Bough Breaks: Avec Patricia Roc

1947: Fame is the spur: Avec Michael Redgrave

1950: Jennifer: Avec Leo Genn

1952: Never Look Back: Avec Hugh Sinclair et Guy Middleton

1953: Street Corner: Avec Peggy Cummins et Anne Crawford.

 

 

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