On peut s’étonner à juste titre, au fil de ces articles, que je trouve encore des actrices dont je peux dire qu’elles furent d’authentiques vedettes populaires très aimées du public. Il faut pour ne pas s’étonner outre mesure se souvenir que durant un demi siècle, Hollywood a produit plus d’un film par jour. Il fallait donc bien des artistes pour s ‘y atteler. Surtout quand on sait que les grandes stars ne condescendaient souvent qu’à deux ou trois films par an, voire un seul.
Le fait que la délicieuse Mona Freeman soit très oubliée aujourd’hui est d’autant plus pittoresque qu’elle croisa sur son parcours les plus grands noms et les plus grands séducteurs! Howard Hugues, Greg Bautzer, Nicky Hilton, Frank Sinatra, Robert Wagner, Bing Crosby… Voilà une jeunes personne bien méritante qui sut mettre le cœur à l’ouvrage et honorer le cinéma son époque tant sur les écrans qu’en dehors!
Le 9 Juin 1926, moins d’un mois après une certaine Norma Jean Baker, Monica Elizabeth Freeman naît à Baltimore dans le Maryland dans une famille d’entrepreneurs aux confortables revenus. Monica que tout le monde appelle gentiment « Mona » est encore à l’école lorsque sa famille s’installe à New-York ou plus exactement dans la petite ville de banlieue riante et prospère de Pelham. C’est que les affaires de papa vont plutôt bien.
Elle est au collège lorsqu’elle est « repérée » par un talent scout pour agence de mannequins « teenage » Papa et maman ne feront aucune objection à ce que leur ravissante Mona pose en pulls tricotés maison patron en page quatre et se fasse quelques petits sous d’argent de poche. Mais ce petit « à côté » de sa vie d’étudiante va avoir une influence radicale sur le reste de sa vie.
D’abord elle est désignée « Miss Subway » la seconde de l’histoire du titre, et non la première comme l’ânonne hardiment Wikipédia.
Ensuite, les photos de miss Subway tombent sous le nez de monsieur le milliardaire toqué de cinéma et d’avions, Howard Hugues! Lequel Howard lui propose un contrat rutilant qui vu de Pelham pourrait la mettre à l’abri pour le reste de sa vie! Un contrat d’autant plus facile à accepter qu’Howard Hugues ne demande rien. Comme s’il avait foncé sur Mona sur un coup de tête avec son contrat avant de réaliser qu’il ne savait strictement pas quoi faire de miss Subway! Elle resterait donc chez papa maman, quitterait à la rentrée suivante son collège pour un établissement ultra huppé et encaisserait son plantureux chèque chaque semaine!
Et puis, Hugues n’étant pas le milliardaire fantasque pour rien, il la convoqua à Hollywood le jour même où elle entrait dans son collège pour filles de rupins!
Seulement voilà! Depuis que Mona était sous contrat avec ce bon monsieur Hugues, maman s’était renseignée sur le loustic et ce qu’elle avait appris ne l’avait pas enthousiasmée! Autant jeter sa fille chrétienne aux lions de Néron! Le contrat empêchait Mona de refuser mais rien ne spécifiait qu’elle devait venir seule! Hugues rencontra donc Mona et affronta…sa mère!
A l’époque, Hugues mène avec beaucoup d’efficacité le studio RKO vers la faillite. Après avoir fait débuter Mona Freeman au côté de Barbara Britton, il va batailler auprès de la MGM pour qu’elle obtienne le rôle de « National Velvet »
Ce qui va permettre à Wikipédia de débiter une autre ânerie sur tranche! Non, Mona Freeman ne fut jamais une « enfant star » Elle a dix-huit ans bien sonnés lorsqu’elle débute au cinéma!
Seulement voilà, le rôle de National Velvet n’est pas un rôle de petite fille mais de jeune adolescente! Il échoit à Elizabeth Taylor qui est en réalité bien trop jeune pour le tenir, elle n’a que…12 ans! par contre, pour consoler Mona, la MGM lui confiera un petit rôle de copine d’école de Liz! Ce qui revient à dire que dans « National Velvet », Mona qui va avoir 19 ans joue les copines de classe d’Elizabeth Taylor qui vient d’en avoir 12 et joue le rôle…d’une fille de 16! Bref c’est compliqué, c’est Hollywood et le film fit un triomphe sensationnel!
A 25 ans, sois dit en passant, Mona jouera encore les rôles de jeune adolescente, fille de Joan Fontaine de…9 ans son aînée! Il n’y a guère que Mary Pickford, Shirley Temple et Debbie Reynolds pour avoir connu pareil traitement de sempiternelle pucelle estudiantine! Debbie jouera encore le rôle de Tammy, 13 ans à peine, 14 à tout casser et déjà mère de famille dans la vie!
Pour en revenir à Howard Hugues, on se doute bien que l’arrivée de la mère de Mona ne fut pas la meilleure surprise de sa vie! Les choses tournèrent très vite au vinaigre et la solution vint du studio Paramount qui accepta de racheter le contrat de Mona à Hugues et Hugues qui accepta de le vendre…à bon prix!
Pourtant Mona Freeman n’avait rien fait encore qui puisse susciter l’engouement d’un studio et on sait qu’à Hollywood la philanthropie et la bonne action ne sont pas à l’ordre du jour quand on parle contrats.
Seulement voilà! Paramount avait sous contrat Alan Ladd qui était une énorme vedette malheureusement affublé d’une taille pour le moins réduite! Or sa partenaire de prédilection parce qu’à sa talle, la mythique Veronica Lake souffrait de troubles bipolaires. Comme on ignorait encore ce que c’était, elle était considérée comme l’emmerdeuse absolue et plus personne ne souhaitait travailler avec elle. Un de ses aimables partenaires déclara « retravailler avec elle? jamais! je préfère avaler un cobra vivant que de lui serrer la main » Alan Ladd lui-même se serait bien passer de travailler avec la harpie en chef d’Hollywood mais il était tenu par un problème de toise! Veronica était si menue qu’elle aurait pu partir en camping dans une botte! Si au moins Veronica Lake faisait encore recette, Paramount aurait dit à tous ses détracteurs de fermer leurs clapets et d’encaisser leurs chèques, seulement voilà…sa cote n’était plus au top…Il fallait donc dare-dare envisager d’autres distractions de taille réduite! Mona qui a 18 ans pouvait jouer les écolières de huit était parfaite!
Et c’est parce qu’elle devait lever les yeux pour parler à Alan Ladd que Paramount se fendit du rachat de son contrat à Hugues!
En 1945, Mona se marie avec un florissant concessionnaire automobile, Pat Nerney. Sa fille Mona jr. Viendra au monde presque sur le plateau d’une comédie musicale Century Fox que Mona tournait avec Betty Grable!
En 1950, pour fêter l’avènement de la nouvelle décennie, la presse hollywoodienne fait sa liste des « stars de demain » et Mona y figure en très bonne place. Pourtant, déjà, le vent commence à souffler dans des directions contraires. En 1952 elle est encore la vedette de six films mais son mariage bat de l’aile. Le 26 septembre, le divorce du couple Nerney est prononcé. Mona a 26 ans et reste seule avec sa petite fille de cinq ans.
Son divorce coïncide avec la fin de son contrat Paramount. Du jour au lendemain, Hollywood cesse de faire appel à elle! En 1953, elle apparaît, fugace dans « Sous le Plus grand Chapiteau du monde ». Elle n’est pas engagée pour un rôle, elle est venue avec sa petite fille pour assister aux scènes tournées au cirque Ringling, le plus grand cirque du monde!
La jeune divorcée se lance alors dans une joyeuse farandole sentimentale avec quelques uns des mâles les plus convoités d’Hollywood! l’avocat Greg Bautzer d’abord qui avait fait beaucoup d’usage professionnel et personnel à quelques une des plus grandes stars dont Joan Crawford et Lana Turner. Elle récupère ensuite Nicky Hilton quelque part entre Elizabeth Taylor et Joan Collins. Elle passera ensuite à Vic Damone en instance d’épousailles avec Pier Angeli puis finira, un peu comme tout le monde dans le lit de monsieur Sinatra. On crut qu’elle finirait par s’assagir en recroisant la route de Bing Crosby , veuf avec quatre fils. Le mariage fut à l’ordre du jour mais l’affaire capota pour une histoire de…religion! Les deux protagonistes étant intraitables sur leurs convictions, Crosby allait épouser la gracieuse et guère plus grande Kathryn Grant, ce qui stupéfia tout le monde à Hollywood!
Mona ne fit pas de commentaires, elle se consolait avec Robert Wagner alors en interlude Natalie Woodien!
Malgré sa présence quasi constante dans les colonnes à potins mondains hollywoodiens, la carrière de Mona au cinéma était résolument sur une pente descendante. Estimant ses derniers rôles indignes de ses débuts, elle choisit de se consacrer uniquement à la télévision.
En 1957 elle avait tourné son dernier film pour le grand écran, elle avait débuté à la télévision deux ans plus tôt et se montrait plus satisfaite de ce qu’on lui proposait au petit écran qu’au grand! Elle allait rester une vedette de la télévision jusqu’au milieu des années 60 et fera une ultime apparition en 1972 dans un téléfilm « Welcome Home, Johnny Bristol » où elle serait la mère de Martin Landau.
Mona s’était remariée pour la seconde fois au printemps 1961 avec le richissime homme d’affaires Jack Ellis.
Un mariage qui la mit très à l’abri du besoin et lui permit de ne plus tourner que ce qui lui faisait très envie et se consacrer le reste du temps à sa nouvelle passion: la peinture.
Mona aura la très curieuse surprise de voir sa fille Mona épouser Don, le fils de Jack Ellis!
Ainsi sa fille devint sa bru!
Mona Freeman vécut une retraite paisible et s’éteignit à 87 ans, le 23 mai 2014 dans sa propriété de Beverly Hills comme il convient à une star même éphémère.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1944: Till We Meet Again: Avec Barbara Britton et Ray Milland
1944: National Velvet: Avec Elizabeth Taylor et Angela Lansbury
1944: Here Come the Waves: Avec Betty Hutton et Bing Crosby
1945: Danger Signal: Avec Faye Emerson et Zachary Scott
1946: Black Beauty : Avec Richard Denning et Evelyn Ankers
1947: Dear Ruth: Avec Joan Caulfield et William Holden
1947: Variety Girl: Avec Olga San Juan, Bing Crosby et Bob Hope
1947: Mother Wore Tights : Avec Betty Grable
1949: Streets of Laredo: Avec William Holden
1949: The Heiress: Avec Olivia de Havilland et Montgomery Clift
1950: Copper Canyon: Avec Hedy Lamarr et Ray Milland
1950: Branded: Avec Alan Ladd
1951: Darling, How Could You!: Avec Joan Fontaine et John Lund
1951: The Lady from Texas: Avec Howard Duff
1952: Flesh and Fury: Avec Tony Curtis et Jan Sterling
1952: Jumping Jacks: Avec Dean Martin et Jerry Lewis
1952: Thunderbirds: Avec John Derek
1952: Angel Face: Avec Jean Simmons et Robert Mitchum
1953: The Greatest Show on Earth: Avec Betty Hutton et Charlton Heston
1955: Dial 999: Avec Gene Nelson
1955: Battle Cry: Avec Van Heflin
1956: Hold Back the Night: Avec John Payne
1957: Dragoon Wells Massacre: Avec Barry Sullivan
1958: The World Was His Jury : Avec Edmond O’Brien et Karin Booth