Mary Philbin naît le 16 Juillet 1903 à Chicago.
Ses parents à qui elle est très attachée sont des catholiques fervents et ces deux éléments auront plus tard leur influence cruciale sur sa destinée de star: son attachement à ses parents et leur fanatisme religieux.
Mary connaît exactement les mêmes débuts que Clara Bow qui deviendra la plus grande star des années vingt.
Elle est couronnée à Chicago reine de beauté lors d’un concours organisé par Universal Pictures dans le but avoué de dénicher de nouveaux visages. Comme Clara à New-York. Et comme Clara, elle sera désignée dans la sélection alors très importante de la WAMPAS BABY STARS qui sélectionnait chaque année les nouveaux visages les plus susceptibles de plaire au public et enchanter les écrans. Ils avaient trouvé à Clara Bow une »étincelle de génie ». Comme Clara, elle débutera à l’écran en 1921, mais aura plus de chance qu’elle, car comme on le sait, le premier rôle de Clara finit dans la corbeille de la salle de montage.
Pas celui de Mary qui fait remarquer son éblouissant physique de poupée de porcelaine dans « The Trail Blazing ».
Une étoile est née et Mary va enchaîner les tournages dont deux rôles d’anthologie, celui de Déa dans « L’Homme qui Rit » face à Conrad Veidt, mais surtout celui de Christine dans « Le Fantôme de l’Opéra » face à Lon Chaney. Le film fait un succès fracassant et Mary atteint des sommets de popularité, dans la foulée, elle s’est fiancée avec Paul Kohner, un des directeurs d’Universal.
Mais que leur fille devienne une star, se fasse embrasser par des hommes et terrifier par des monstres à l’écran passe encore, mais épouser un juif! Ça non alors! les parents de Mary Philbin faillirent avaler leur acte de naissance et la faire exorciser! Ils vont lui faire un véritable chantage affectif auquel elle va céder. L’actrice rompt ses fiançailles et ne se mariera jamais, ni avec Paul Kohner, ni avec un autre.
En cette époque où les ligues de censure, de moralité et de vertu commencèrent à se dresser contre Hollywood, ses pompes, ses œuvres et surtout ses actrices, les parents de Mary qui avaient vu en sa carrière l’expression d’un talent divin y voyaient maintenant un abîme de perdition, Hollywood devint un chaudron de sorcières et leur fille si pure, l’antéchrist qui y bouillait! Comment pouvait-on travailler dans une ville où Theda Bara vivait avec un cobra (selon les gazettes, bien sûr!), Ou Gloria Swanson se baignait, rarement seule, dans une baignoire en or, où Clara Bow collectionnait les vices, où Joan Crawford dansait sur les tables et où Mary Philbin avait failli épouser un juif!
D’amour contrariée en sermons pontifiants, l’enthousiasme de Mary Philbin pour le cinéma s’émoussa, le microphone parut et acheva l’oeuvre parentale.
Universal se précipita dans la technologie pour sonoriser son chef d’oeuvre maison et « le Fantôme de l’Opéra » parla. Le micro et Mary s’entendirent fort peu, on se sépara de commun accord.
Mary se retira, s’occupa avec abnégation de ses parents qui en profitèrent pour vivre fort vieux et elle même s’éteignit, emportée par une pneumonie quelques semaines avant de fêter ses 90 ans.
Nous étions le 7 Mai 1993.
Mary Philbin vécut toujours en Californie dont elle aimait l’océan et le climat mais s’était enfermée dans une tour d’ivoire plus imprenable encore que celles de Clara Bow qui quitta Hollywood à peu près en même temps qu’elle ou de Greta Garbo. Elle surprit donc tout le monde en acceptant, de se montrer à la première de la comédie musicale « Le Fantôme de l’Opéra » à Los Angeles en 1989, elle avait 86 ans et ne s’était plus montrée en public depuis…60 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1921: The Trail Blazing
1921: Red Courage: Avec Molly Malone
1922: The Wampas Baby Stars of 1922: Court métrage avec Bessie Love et Lila Lee
1925: Le Fantôme de l’Opéra: Avec Lon Chaney
1925: Stella Maris: Mary reprend le rôle de Stella incarnée par Mary Pickford en 1918.
1928: L’Homme qui Rit: Avec Conrad Veidt et Olga Baclanova.