Maria Vincent est une de ces blondes pulpeuses qui envahirent le cinéma français des années 50, bien décidées à être la Marilyn ou la Diana Dors nationale avant de briguer les lauriers d’une Brigitte Bardot ou d’une Jayne Mansfield. Maria Vincent ne récolta que l’ex mari de cette dernière, Mickey Hargitay en guise de trophée.
Maria naît à Marseille le 15 Novembre 1929 sous le patronyme de Janine Paulette Vincent. Elle est folle de cinéma et rêvant de gloire depuis toujours, le temps de se débarrasser de son accent ensoleillé et de sa couleur de cheveux naturelle, elle débarque un beau matin de 1950 gare de Lyon. La valise mince et le soutien gorge bien rempli, la tête pleine d’illusions et de rêves de gloire. Elle ne sait pas encore très bien si elle veut être chanteuse ou actrice. Au fond qu’importe, être riche, belle, blonde, célèbre et heureuse, tout est là. Que ce soit en films ou en chansons.
C’est la chanson qui la fait connaître. Son tour de chant au cabaret « Le Don Juan » fait courir le tout Paris et l’on parle d’elle comme de « La chanteuse blonde très blonde à la voix grave très grave ». Elle mettra du temps à démarrer au cinéma. C’est Philippe Labro qui la « repère » pour donner la réplique à Roger Pierre et Jean-Marc Thibaut dans un film qui s’appellera « Les cochons n’ont pas d’ailes » ce qui en dit long sur ses ambitions. L’oeuvre sortira finalement sous le titre de « Deux de l’escadrille ».
Hélas, ce n’est pas « Deux de l’escadrille » qui fait d’une jeune femme une star. Paris et ses caméras ne l’attendaient pas et se fichent bien de fouler aux pieds les rêves des petite filles du soleil qui se brisent avec fracas sur les pavés de la capitale. Labro dira même qu’il l’avait finalement choisie parce que les chanteuses qui passaient au cinéma comme Line Renaud et Colette Mars étaient à la mode. Le film de Labro, aussi stupide que modeste en 1952, un autre, pire encore, tourné en 1951 qui sort en 1953 et une longue traversée du désert de cinq longues années. Déjà la carrière de Maria Vincent est toute tracée. Des films mineurs de loin en loin, des rôles toujours calqués sur le précédent où elle ne peut guère rêver briller et encore moins attirer l’attention d’un cinéaste de renom. Il semble qu’elle soit convoquée aux studios lorsque Rita Cadillac n’est pas disponible!
Elle prolonge une carrière de chanteuse finalement aussi décevante que sa carrière d’actrice où elle essaye en vain de jouer les sex symbol « dépigallisés », mais là non plus il n’y aura pas de Gainsbourg ni de Boris Vian pour relever quelque peu son répertoire.
Elle se fait remarquer par les médias en succédant à Jayne Mansfield dans la vie de son ex mari Mickey Hargitay. Mais le public subit depuis une éternité les revirement sentimentaux incessant du « buste » et de son « monsieur muscle » de mari et se fiche désormais bien de ce qui peux se passer dans la vie sentimentale de ces deux là. Ensemble ou séparément. L’histoire fut d’ailleurs courte, Jayne avait-elle claqué des doigts? Son molosse était-il accouru faire le beau? Je l’ignore mais c’est bien probable. Maria Vincent clama partout être amoureuse d’un danseur célèbre dont personne n’avait jamais entendu parler puis convola enfin avec un certain monsieur Léo Marciano le 12 Août 1966.
Elle avait dû attendre la fin de son tournage en cours pour enfin convoler.
Folle de bonheur elle déclarait à la presse « lorsqu’on a le coup de foudre on n’a plus qu’une idée en tête, c’est que l’orage éclate! Nous n’avons même pas eu le temps de préparer des faire-part et j’ai envoyé des télégrammes à tous mes amis « Je me marie aujourd’hui, folle de joie, venez fêter ça avec moi!« . Les amis ne vinrent pas puisqu’à Paris au mois d’Août il n’y a personne. La presse quant à elle était toute à son affaire avec la nouvelle madame Gunther Sachs von Opel née Brigitte Bardot! Une fois encore, on se fichait bien des affaires de coeur de Maria Vincent. La même année elle s’embarquait dans l’aventure catastrophique de « Joe Caligula » avec Ginette Leclerc et Jeanne Valérie. Son seul petit moment dans le film étant une épique bagarre avec la gracieuse Jeanne Valérie, elle y est, hélas pour elle, filmée de dos. Le film qui s’appelait initialement « Du suif chez les debs » avait un budget si ridicule que la production demanda à Maria si on pouvait tourner dans son appartement. Lorsque ce fut accepté on tarda à lui présenter l’acteur avec qui elle aurait une scène un pu « enlevée ». Le jour dit, elle se retrouva face à un beau ténébreux qui lui plut beaucoup mais dont elle ignorait le nom: Pierre Serror. Normal qu’elle n’ait rien su de son partenaire. La production était trop fauchée pour un acteur et Gérard Blain avait engagé un garçon qui lui avait vendu une paire de chaussures et qui n’était pas plus acteur que les godasses en question.
Ces nouvelles amours cette fois conjugales furent aussi éclairs que la cérémonie elle-même puisque l’on apprenait ensuite que Maria vivait une liaison avec « Francis le belge », un « parrain » du milieu marseillais. Son mariage avec Léo Marciano avait duré…Un mois. Le couple s’était installé dans l’appartement que possédait monsieur avenue de Suffren. Dès le lendemain de ces noces enthousiastes, monsieur fit savoir à madame que tout compte fait il ne comptait pas être le mari d’une actrice qui de plus est de troisième plan. Une jolie bagarre s’en suivit. Madame n’eut pas le dessus et se retrouva sur le paillasson! Elle dut même faire appel à un huissier de justice pour récupérer ses affaires personnelles.
En 1971, après deux derniers films aussi pitoyables que les deux premiers, elle disparaissait complètement d’un paysage médiatique où elle était déjà fort peu présente et se fondait dans l’anonymat. Avec la nostalgie des années 80, il en fut quelques uns dans l’univers du cinéma pour se souvenir de la blondeur de Maria Vincent et c’est ainsi qu’on peut la croiser dans « Subway » de Luc Besson en 1985. Ainsi, le destin pour une fois clément envers elle lui permit un baroud d’honneur et elle afficha enfin, à 56 ans, son nom au générique d’un film de prestige et de qualité.
Elle regagna Marseille ou elle s’éteignit le 20 Juin 2001.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1951: Si ça vous chante: Avec Blanchette Brunoy et Pierre Dudan
1953: Deux de L’Escadrille: Avec Magali Noël, Jean Richard et Roger Pierre
1958: La P… Sentimentale: Avec Maurice Sarfati, Pierre Larquey et Andrex
1959: Ölmeyen Ask: Avec Belgin Doruk
1959: Vous n’avez Rien à Déclarer?: Avec Jacqueline Maillan, Darry Cowl, Pierre Mondy et Jean Poiret
1959: Détournement de Mineures: Avec Hélène Chanel, Frank Villard et Nathalie Nattier
1960: Interpol contre X: Avec Howard Vernon
1963: Du Rififi dans la Ville: Avec Laura Granados et Jean Servais
1966: Joe Caligula: Avec Jeanne Valérie, Ginette Leclerc et Gérard Blain.
1972: What a Flash!: Avec Kavi Alexander
1985: Subway: Avec Isabelle Adjani et Christophe Lambert