La délicieuse Maria Fiore, nom de scène de Yolanda di Fiori fut un temps la tocade idéale du cinéma italien des années 50 qui lui tourna subitement le dos la décennie suivante!
Yolanda naît à Rome, dans l’Italie Fasciste de 1935, le 1 Octobre. Une enfance comme on s’en doute bouleversée par la furie de son temps. Yolanda a cinq ans lorsque le monde choisit de se faire la guerre. Elle en a dix lorsque la paix règne à nouveau sur une Italie en ruines, vaincue, exsangue et affamée. Elle n’est pas la seule « bella ragazza » à traîner sa faim et sa jolie silhouette entre les chômeurs, les éclopés, les veuves et les militaires de l’armée d’occupation, Gina Lollobrigida et la future Sophia Loren sont logées à la même famélique enseigne. la jeune fille qui se rêve actrice de cinéma. Planche de salut avérée pour sortir de la misère le plus vite possible. Elle connaît sa grande chance à 17 ans en devenant l’héroïne de « Deux Sous d’Espoir », un film de la « nouvelle vague » italienne, ce « néo réalisme » qui va donner au cinéma national son nouveau visage et bientôt éblouir le monde.
Mais la jeune première, devenue Maria Fiori n’a pas grandi impunément en admirant les yeux écarquillés les divas mussoliniennes telles Doris Duranti ou Norma Calamai, reines du mélodrame en fourrures et téléphones blancs pour se complaire longtemps à l’écran dans les rôles de pauvresses frappées de misère et de fatalité. Elle commettra l’erreur toute relative d’accepter avec empressement des films populaires parce qu’ils sont pleins d’espoir, de chansons, de robes à fleurs et de soleil. Elle deviendra une habituée des comédies musicales napolitaines! Genre qui donnerait un herpès foudroyant à Fellini ou Dino Risi rien qu’à l’énoncé du titre!
Elle ne devient pas une icône du nouveau cinéma mais une actrice terriblement populaire qui fait courir les foules et remplit les cinémas de campagne! Mais l’engouement populaire, tout sincère qu’il soit est souvent versatile et si Maria Fiore domine les écrans italiens des années 50, elle déserte ceux des années 60 pour la bonne et simple raison que les grandes divas telles Gina, Sophia, Virna, Claudia et consœurs s’essayent maintenant au genre qui était le sien.
Jeune encore, Maria connaîtra l’humiliation d’être une has been. En 1963 la presse s’empare de son cas. Pour vivre, la star des années 50, abandonnée de son public est devenue la doublure d’une autre actrice, l’Israélienne Daliah Lavi. Cette dernière n’ayant jamais été réputée pour être de celles qui rendraient Bossuet palpitant, ni même une pub pour une pâte dentifrice, on s’amusa de dire que pour une fois Daliah avait su être pas mal…dans les scènes où elle était doublée par Maria!
Maria Fiore ne restera pas longtemps une star dans le déclin. La télévision italienne connaît maintenant de beaux jours et c’est un territoire où ne condescendent pas encore les grandes divas nationales. Maria s’y taille une place de choix, et, devenue prudente, elle diversifie ses secteurs d’activité. Elle crée sa propre société de doublage et négocie avec les plus grandes compagnies Hollywoodiennes. Après les glorieuses années 60, le cinéma italien connaît un déclin sensible avec les années 70 et Maria reste une des femmes les plus puissantes de cette industrie. Tous les films étrangers distribués en Italie sont dorénavant soumis à ses bons soins pour leur doublage.
C’est donc une femme riche, respectée et très aimée d’un public qu’elle avait su reconquérir par le biais de la télévision qui s’éteint emportée par le cancer du poumon le 28 Octobre 2004. Maria Fiore avait fêté ses 69 ans moins d’un mois plus tôt. Son éclipse cinématographique avait duré dix longues années, de 1963 à 1973.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1952: Bellezze in Moto-Scooter: Avec Virginia Belmont et Iza Barzizza
1952: Deux Sous d’Espoir: Avec Vincenzo Musolino
1953: Scampolo 53: Avec Henri Vidal
1954: Chanson d’Amour: Avec Claudio Villa
1954: Neapolitan Carousel: Avec Yvette Chauviré
1954: Gran Varietà: Avec Nico Pepe et Isa Barzizza
1955: Il Principe dalla Maschera Rossa: Avec Frank Latimore et Yvonne Furneaux
1955: Graziella: Avec Jean-Pierre Mocky et Tina Pica
1958: Sorrisi e Canzoni: Avec Gabriele Tinti
1960: E Arrivata la Parigina: Avec Magali Noël et George Mistral
1960: La Garçonnière: Avec Eleonora Rossi Drago et Raf Vallone
1964: Se permettete parliamo di donne : Avec Vittorio Gassman
1973: L’Onorata Famiglia: Avec Raymond Pellegrin Simonetta Stefanelli, Richard Conte et Edmud Prudom
1976: Prostituzione: Avec Orchidéa de Santis
1979: Napoli, Storia d’Amore e di Vendetta: Avec Paola Pitagora et Mario Da Vinci
1985: Mamma Ebe: Avec Stefania Sandrelli et Laura Betti
1990: Modi: Avec Richard Berry et Trudie Styler