Cette sublime New-Yorkaise vint au monde le 9 mars 1918 à Chatham sous le nom de Marguerite Florence Chapman.
les Chapman ont déjà trois fils lorsque Marguerite vient au monde et ils lui donneront encore un petit frère. Fred Chapman, le père, est un ingénieur civil, Margaret, la mère, se contente d’être épouse et mère.
Marguerite avait commencé sa vie active comme standardiste mais avait pris soin d’envoyer ses photos aux plus importantes agences de mannequin. Elle fit bien, à 21 ans elle est un des « modèles » les plus connus et les plus courus de New-York. Elle est l’image d’Elizabeth Arden et la Chesterfield girl!
Un des bons amis d’Howard Hugues connaissant la belle et déjà très « people « Marguerite se dépêche d’être celui qui présentera la fille aux « Plus belles mains du monde » à Hugues. Comme de bien entendu, celui-ci lui signe un contrat séance tenante et l’expédie avec tous les égards pour un essai à Hollywood.
Marguerite devrait être folle de joie mais elle ne l’est pas, et pour cause: à New-York, quelque soit le tourbillon mondain qu’est sa vie, la fête terminée, elle rentre à la maison retrouver sa famille. Dans le Hollywood de 1939, elle est seule pour la première fois de sa vie, elle a 21 ans.
Elle reverra Hugues plusieurs fois à Hollywood et fréquente tout le gratin local, s’offusquant des avances d’Errol Flynn, un homme marié!
Elle a fait des essais pour un film bien mineur: « Le Banni ». Mais malgré les résultats très satisfaisants, Hugues place une autre de ses découvertes dans le film: Miss Jane Russell. Il considère Marguerite Chapman comme une fille « trop bien » à la fois pour lui et pour l’écran. Il abandonne l’idée d’en faire une star et s’en débarrasse avec un contrat Century Fox de six mois en guise de cadeau de rupture.
Il y avait dans le Hollywood de l’époque un tas de charmants appartements toujours occupés par une fille ravissante qu’Hugues avait « découverte ». Parfois elles tournaient des films, d’autres fois, il les fourguait à un studio et payait lui-même le cachet de la fille. Celle-ci croyant alors être sortie de la vie de Hugues et avoir un contrat en bonne et due forme. Elle ne lui tenait pas de rancune pour la voie de garage sur laquelle elle se trouvait, Hugues n’étant plus officiellement dans le coup. D’autres encore furent carrément oubliées et vécurent des années tous frais payés dans l’attente de nouvelles qui ne vinrent jamais!
Pour fêter la signature du contrat, Darryl Zannuck invite Marguerite au Cirio’s afin de se pavaner au bras de la plus belle créature du moment. Laquelle refuse de danser avec lui parce qu’il est trop petit! C’était la chose à ne pas faire!
Débarquée à Hollywood en 1939, la guerre éclate en Europe quelques mois après son arrivée. Bientôt, Marguerite saura ses frères au front et se démènera sans compter pour l’effort de guerre « made in Hollywood ». Ses photos de pin-up inonderont les casernes, son fan mail des revues militaires comme « Yanks » dépassera ceux de Lana Turner et Rita Hayworth.
Durant les hostilités, elle est une assidue de la « Hollywood Canteen ». Elle a planté sur le toit de son immeuble un jardin en forme de V pour victoire. Elle rompt sa liaison avec Jess Barker qui se consolera en épousant Susan Hayward, Marguerite affirmant qu’elle ne se mariera qu’avec un brave soldat, ce qu’il n’est pas.
La guerre terminée, on retrouvera Marguerite Chapman bien plus célèbre qu’avant. Même si les films où elle se produit sont des films mineurs, elle est bel et bien une célébrité et tout les chroniqueurs se passionnent pour ses nombreux rendez-vous galants, dont Greg Bautzer qu’elle souffle à Joan Crawford et Tony Martin qu’elle se fera souffler à son tour par Cyd Charisse!
En 1948, la célibataire la plus courtisée de Hollywood convole en justes noces avec…l’associé de Greg Bautzer dans son cabinet d’avocat: G. Bentley Ryan. Mais le temps de rentrer d’Acapulco ou ils ont passé leur voyage de noces, le couple se sépare. Le divorce sera houleux et durera deux ans de longues procédures. Mais en 1950 Marguerite obtenait gain de cause, la presse titra: « Marguerite Chapman est sortie si riche de son divorce qu’elle devrait se faire coter en bourse! » la réputation du cabinet Bautzer en prit un sale coup!
Marguerite reprit alors sa farandole de chevaliers servants, se montra beaucoup à Londres ou elle tourne face à Diana Dors, à New-York, annonçant de nombreux projets qui n’allèrent pas plus loin.
En 1956, elle déclara abandonner le cinéma, ce qui techniquement était déjà fait et se consacrer dorénavant à l’immobilier comme Toby Wing et Cléo Moore. Deux ans plus tard elle était arrêtée pour conduite en état d’ivresse après avoir embouti une voiture sur Sunset Boulevard. Elle refusa le test de sobriété et proposa aux policiers de plutôt danser pour eux! Elle dormit au poste!
En 1964 on la sait de manière très laconique mariée à un richissime homme d’affaires, ponte des chemins de fer.
En 1970 elle épouse le peintre Bremerkamp qui l’initie à la peinture.
Marguerite Chapman se sent alors apaisée, elle peint, s’occupe de sa maison et de ses chiens caniches blancs qu’elle adore et qui posent d’ailleurs pour elle avec beaucoup d’abnégation.
En 1997, se croyant oubliée de tous, elle reçoit le coup de téléphone le plus inattendu du siècle. James Cameron la contacte. Fan invétéré de Marguerite Chapman il ne veut qu’elle pour jouer Rose vieillie dans « Titanic ».
Alors âgée de 79 ans et souffrant de l’emphysème qui allait l’emporter deux ans plus tard, Marguerite Chapman doit refuser le rôle.
Elle s’éteint le 31 Août 1999 à 81 ans. Marguerite n’ayant pas d’enfants, ce sont ses petits neveux et petites nièces qui réalisèrent son héritage, mettant en vente sur le net les souvenirs personnels de l’actrice comme ses toiles, souvent les portraits de ses chers chiens, ou ce ravissant bracelet à breloques qui ma foi me fit très envie!
Celine Colassin
QUE VOIR?
1940: On Their Own : Avec Spring Byington
1940: Charlie Chan at the Wax museum: Avec Sidney Toler
1941: The Body Disappear: Avec Jane Wyman et Jeffrey Lynn
1941: A Girl, A Guy and a Gob: Avec Lucille Ball.
1941: Navy Blues: Avec Ann Sheridan
1942: Parachute Nurse: Avec William Wright.
1943: My Kingdom for a Cook: Avec Charles Coburn et Isobel Elsom
1943: Appointment in Berlin: Avec Georges Sanders
1943: Murder in Time Square: Avec Edmund Lowe
1945: Strange Affair: Avec Evelyn Keyes et Nina Foch
1949: Relentless: Avec William Parker
1949: Du Sang dans la Sierra: Avec Robert Young.
1952: The Last Page: Avec Diana Dors et George Brent
1952: Bloodhounds of Broadway: Avec Mitzi Gaynor et Scott Brady
