Si d’aventure vous lisez de vieux papiers jaunis et centenaires vous contant les débuts de Mae Marsh, vous vous délectez alors d’une histoire pleine de ferveur et de passion mais aussi de sombres drames avec des petites orphelines, des épidémies des tremblements de terre et quelques naufrages, pourquoi pas?
Ceci est hélas tout à fait faux.
Avec les premières stars naquirent les premiers agents de publicité. Il semble que cette profession se soit un temps confondue avec celle de scénariste et de toutes manières, ces pauvres ne pouvaient guère imaginer qu’un jour viendrait internet et l’accès aux données administratives. Et moins encore qu’il se trouverait après l’an 2000, une dernière dingue pour s’intéresser à Mae Marsh.
Cette dingue, c’est moi!
Le 9 Novembre 1894, Mary Wayne Marsh naît à Madrid au Nouveau Mexique. Son papa travaillerait, dit-on, aux chemins de fer et elle a déjà une grande soeur, Marguerite, née le 18 Avril 1888 pour l’accueillir à sa naissance. Ici les publicistes feront passer le pauvre père de famille sous un train, et la veuve et ses deux orphelines traîner leur misère et leur désespoir affamé à travers tous les Etats-unis. Ou tout du moins jusqu’à San Francisco où un homme bienveillant les recueillera et les comblera d’amour avant de se faire engloutir dans le grand tremblement de terre-incendie de 1906.
Charles, le père de Marguerite et Mae n’était pas aiguilleur mais barman! Le couple divorça le plus naturellement du monde et la maman des deux fillettes se remaria avec un ouvrier pétrolier, William Hall qui affichait toujours bon pied bon œil après le tremblement de terre en question! La famille Marsh avait une tante vivant à Los Angeles chez qui les fillettes aimaient passer des vacances. La tante en question travaillait dans le « cinématographe », celà fascinait complètement les deux sœurettes, et Marguerite se mit en tête de « jouer à l’actrice » elle aussi.
Elle était jolie et débrouillarde, tantine la présenta à je ne sais qui et « je ne sais qui » l’embaucha sur le champ. Comme s’en souvenait si bien Gloria Swanson dans ses mémoires: « En ce temps là, si vous vouliez faire du cinéma, il suffisait de venir le matin au studio voir si on avait besoin de vous…ou pas! ».
Marguerite faisait donc des films chez « Biograph », Mae l’accompagnait au studio pour admirer en direct les performances de sa soeur.
Elle finit par obtenir des petits rôles elle aussi. Parfois même de simples figurations mais qui l’amusaient beaucoup. Elle commença dès 1910 à tenir quelques emplois plus importants quant à son tour, quelqu’un la remarqua. Mais le quelqu’un de Mae n’était pas monsieur « Je ne sais qui », c’était monsieur D.W. Griffith.
Elle jouera donc quelques rôles pour le grand homme que l’on se plaît déjà à considérer comme un génie. Elle voyage et rencontre des gens célèbres. Paradoxalement, ce nouveau métier passionne Mae alors que Marguerite qui a tourné sans relâche s’en désintéresse un peu, surtout qu’elle a maintenant trouvé l’amour! Elle a épousé un certain Donald Loveridge. Le couple aura une petite Leslie et tout le monde vivra dans la maison familiale avec William Hall moins mort que jamais!
La grande chance viendra pour Mae suite à un caprice de « la petite fiancée de l’Amérique », Mary Pickford. Prise d’un accès de pudeur ingénu, Mary refuse de tourner jambes nues pour Griffith dans « Sands of Dee ». Scandalisé, Griffith tonne, Mary trépigne et finalement il lui décroche un « Bon, et bien tu ne tourneras pas du tout! Avec ou sans tes bas! » Elle eut beau alors promettre de mettre le feu à toutes ses chaussettes, Griffith en fit une question d’honneur! Par de Pickford capricieuse dans son film!
Mae eut un grand rôle pour Griffith, d’autres suivirent. Elle devint avec Lillian Gish son actrice de prédilection. Son salaire était passé de 35$ par semaine à 85. Elle tournait sans relâche et comme les films de Griffith étaient longs à mettre en place, elle travaillait pour Mark Senneth entre deux chef d’œuvres. Elle formera durant des années un couple idéal de l’écran avec Robert Harron et le public trépignait de les retrouver ensemble d’un film à l’autre.
Mary Pickford ne lui tint pas rigueur de l’épisode « chaussettes », et Lillian Gish ne lui en voulut pas plus d’obtenir immanquablement les rôles qu’elle-même aurait voulu jouer, car toutes deux étaient d’accord: « Mae Marsh avait été meilleure que ce qu’elles ne l’auraient été.
Mae leur ayant un jour répondu « Mais vous êtes de vraies actrices, vous avez une formation théâtrale, moi pas! », Mary lui lança un sublime « Ma chère, la camera se fiche bien des règles de l’art! Pour elle, ce qui compte c’est le talent! »
En 1916, Mae sera la toute première star à signer avec le jeune producteur Samuel Goldwyn qui mise sur elle et lui offre un salaire de 2.500$ par semaine, un record absolu.
Paradoxalement, cette collaboration ne donnera pas les résultats escomptés même si elle fit de Mae une femme richissime. En 1918 elle épouse un des agents de publicité de Goldwyn, Armes Lee (était-ce l’inventeur du romanesque feuilleton?) Le couple va vivre une longue et belle histoire qui durera jusqu’à la mort.
Dès qu’elle eut prononcé son « oui » matrimonial, Mae ralentit son activité filmée. Elle se contenta d’un seul film par an et d’être madame Armes Lee le reste du temps. Des années plus tard elle déclarera encore: »Je ne donnerais pas six semaines de ma vie d’épouse et de mère contre six mois de glamour hollywoodien! »
Mae Marsh ne renonça cependant jamais à ce métier qu’elle aimait, elle passa du muet au parlant sans le moindre encombre et si son nom disparut du haut des affiches dès le début des années 20, elle tournera jusqu’au milieu des années 60, parfois sans être créditée au générique.
En 1921 le couple Armes s’installa à Hermosa Beach, dans une jolie petite maison sans prétention et c’est là qu’ils vivront heureux 47 années. Le couple eut trois enfants et Leslie Loveridge vivra longtemps avec eux car sa mère, Marguerite Marsh s’était éteinte à New-York, emportée par une pneumonie, le 8 Décembre 1925 à l’âge de 37 ans.
En 1955, Mae Marsh était honorée comme une des cinq plus grandes actrices de l’époque du muet en compagnie de Gloria Swanson, Mary Pickford, Lillian Gish et Norma Talmadge. Elle fut une des rares, avec Lillian et Mary à se déplacer jusqu’au Connecticut pour les funérailles de DW Griffith qui avait souhaité reposer sur les terres de son enfance.
Mae Marsh s’éteint à son tour le 13 Février 1968 à l’âge de 73 ans. Son mari lui survivra jusqu’en 1989 , année où il s’éteint de sa belle mort à l’âge canonique de 101 ans.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1911: Fighting Blood: Avec Florence Labadie, Kate Bruce et Robert Harron
1912: Just Like a Woman: Avec Mary Pickford et Marguerite Marsh
1912: His Lesson Court: Avec Harry Hyde
1912: The Inner Circle: Avec Jack et Mary Pickford
1912: Home Folks: Avec Mary Pickford et Lionel Barrymore
1912: A Siren of Impulse: Avec Mary Pickford
1912: The Sands of Dee: Avec Robert Harron
1912: Brutality: Avec Walter Miller, Lillian et Dorothy Gish.
1912: An Indian Summer: Avec Mary Pickford et Kate Bruce
1912: A Lodging for the Night: Avec Mary Pickford
1912 The Civilian : Avec Jack Conway
1913: Love in an Appartement hôtel: Avec Blanche Sweet et Jack Pickford
1913: Broken Ways avec Blanche Sweet et Dorothy Gish
1913: The Lady and the Mouse : Avec Lillian et Dorothy Gish et Lionel Barrywore
1913: The Sorrowful Shore : Avec Harry Carrey
1913: The Battle of Elderbush Gulch: Avec Lillian Gish et Lionel Barrymore
1914: The Girl in the Shack : Avec Earle Fox
1914: The Great God Fear : Avec Donald Crisp
1915: Her Shattered Idol: Avec Robert Harron
1916: The Little Liar: Avec Robert Harron
1916: Intolerance: Love’s Struggle Throughout the Age: Avec Lilian Gish
1918: The Face in the Dark: Avec Niles Welch
1919: The Bondage of Barbara: Avec Matt Moore
1923: The White Rose: Avec Ivor Novello et Carol Dempster
1931: Over the Hill: Avec James Dunn et Sally Eillers
1934: Bachelor of Arts: Avec Anita Louise et Tom Brown
1936: Hollywood Boulevard: Avec Marsha Hunt et John Halliday
1940: Young People: Avec Shirley Temple et Charlotte Greenwood
1941: Remember the Day: Avec Claudette Colbert et John Payne.
1942: It’s Everybody’s War (court métrage) Avec Henri Fonda
1944: The Fighting Sullivan: Avec Anne Baxter, Thomas Mitchell et Selena Royle
1946: Smoky: Avec Anne Baxter et Fred MacMurray
1948: Fort Apache: Avec Shirley Temple, John Wayne et Henri Fonda
1949: The Fighting Kentukian: Avec John Wayne et Vera Ralston
1949: Impact: Avec Ella Raines et Brian Donlevy
1952: L’Homme Tranquille: Avec John Wayne et Maureen O’Hara
1954: A Star is Born: Avec Judy Garland et James Mason
1956: Girls in Prison: Avec Adèle Jergens
1960: From the Terrace: Avec Joan Woodward et Paul Newman
1918: The Face in the Dark: Avec Niles Welch
1919: The Bondage of Barbara: Avec Matt Moore
1923: The White Rose: Avec Ivor Novello et Carol Dempster
1931: Over the Hill: Avec James Dunn et Sally Eillers
1934: Bachelor of Arts: Avec Anita Louise et Tom Brown
1936: Hollywood Boulevard: Avec Marsha Hunt et John Halliday
1940: Young People: Avec Shirley Temple et Charlotte Greenwood
1941: Remember the Day: Avec Claudette Colbert et John Payne.
1942: It’s Everybody’s War (court métrage) Avec Henri Fonda
1944: The Fighting Sullivan: Avec Anne Baxter, Thomas Mitchell et Selena Royle
1946: Smoky: Avec Anne Baxter et Fred MacMurray
1948: Fort Apache: Avec Shirley Temple, John Wayne et Henri Fonda
1949: The Fighting Kentukian: Avec John Wayne et Vera Ralston
1949: Impact: Avec Ella Raines et Brian Donlevy
1952: L’Homme Tranquille: Avec John Wayne et Maureen O’Hara
1954: A Star is Born: Avec Judy Garland et James Mason
1956: Girls in Prison: Avec Adèle Jergens
1960: From the Terrace: Avec Joan Woodward et Paul Newman
1918: The Face in the Dark: Avec Niles Welch
1919: The Bondage of Barbara: Avec Matt Moore
1923: The White Rose: Avec Ivor Novello et Carol Dempster
1931: Over the Hill: Avec James Dunn et Sally Eillers
1934: Bachelor of Arts: Avec Anita Louise et Tom Brown
1936: Hollywood Boulevard: Avec Marsha Hunt et John Halliday
1940: Young People: Avec Shirley Temple et Charlotte Greenwood
1941: Remember the Day: Avec Claudette Colbert et John Payne.
1942: It’s Everybody’s War (court métrage) Avec Henri Fonda
1944: The Fighting Sullivan: Avec Anne Baxter, Thomas Mitchell et Selena Royle
1946: Smoky: Avec Anne Baxter et Fred MacMurray
1948: Fort Apache: Avec Shirley Temple, John Wayne et Henri Fonda
1949: The Fighting Kentukian: Avec John Wayne et Vera Ralston
1949: Impact: Avec Ella Raines et Brian Donlevy
1952: L’Homme Tranquille: Avec John Wayne et Maureen O’Hara
1954: A Star is Born: Avec Judy Garland et James Mason
1956: Girls in Prison: Avec Adèle Jergens
1960: From the Terrace: Avec Joan Woodward et Paul Newman