La charmante Mae Clarke avait-elle tout pour faire une grande star? Franchement je l’ignore. Et quoi qu’il en soit je ne sais ni comment elle se hissa au sommet des affiches et encore moins pourquoi elle dégringola jusqu’aux tréfonds des génériques avant d’en disparaître complètement!
Violet Mary Klotz, la future Mae Clarke naît à Philadelphie en Pennsylvanie le 10 Août 1916. Plus tard sa famille quittera Philadelphie pour Atlantic City où, Enfant, Violet étudiera la danse et débutera sa carrière dans des clubs et des spectacles de vaudeville dès l’âge de 13 ans. Et, comme de bien entendu, dès que son âge et ses moyens le lui permettront, elle s’en ira tenter sa chance dans le saint des saints: le Graal des aspirantes à la gloire scénique: Broadway!
Elle n’y deviendra certainement pas la nouvelle Lillian Russell mais s’y fera une copine d’une autre aspirante à la gloire, aussi fauchée qu’elle et avec qui elle partagera une modeste chambre: Ruby Stevens qui deviendra plus tard…Barbara Stanwyck. Barbara a assez décrit ses « brillants débuts » puisqu’elle fut « la huitième flamme à gauche sur un chandelier humain ». On peut à tout le moins supposer que Violet fut la septième. Laquelle Violet eut plus de chance que Barbara puisqu’elle gagna bientôt la mirobolante somme de 40$ par semaine dès 1924 et qu’en 1926, Ruby et Violet seront en « vedettes » dans un spectacle qui fera enfin un grand succès.
Le cinéma se mettant à parler dès 1929, Hollywood fera appel au ban et à l’arrière ban des acteurs et des actrices de Broadway pour remplacer les stars trop nasillardes devant cette nouvelle invention diabolique qu’est le micro. Ruby et Violet sont de la partie. Rebaptisées, elles débutent presque simultanément. Ainsi d’ailleurs que le jeune mari tout neuf de Mae, l’acteur Lew Brice, frère de Fanny Brice dont Mae était donc devenue la belle soeur!
Mae Clarke, puisque maintenant Mae Clarke il y a, plus jolie que Ruby Barbara Stevens Stanwyck, connut le succès plus tôt. Bien que la FOX qui l’avait d’abord engagée la lâcha au profit d’Universal où on lui fera confiance et où on lui confiera des rôles importants dont « Waterloo Bridge ». Lancée comme une star ultra sexy, elle deviendra la partenaire attitrée de James Cagney qui prendra un malin plaisir à la brutaliser à l’écran alors qu’ils s’entendent dans la vie comme deux larrons en foire. Avec « Public Enemy », Mae connaît un succès étourdissant. Les cinémas qui programment le film doivent ouvrir leurs portes 24h sur 24 et ne désemplissent pas. Dans le film, James Cagney écrase un demi pamplemousse sur la figure de Mae avant de sortir et de rencontrer…Jean Harlow! Quant à Lew Brice, récemment divorcé de Mae après de spectaculaires démêlées conjugales, il a chronométré le film et entre au cinéma plusieurs fois par jour uniquement pour voir son ex épouse se faire aplatir le pamplemousse sur le nez!
Mae partagera encore l’affiche avec Cagney, Harlow ou Marie Prévost puis elle sera la première victime à l’écran d’un monstre qui aura la vie longue: la créature du docteur Frankenstein. Mais alors qu’elle est au sommet, Mae est épuisée. Elle a enchaîné les tournages à un rythme effréné, son combat avec Lew Brice a anéanti le reste de sa résistance physique, elle s’écroule victime d’une dépression nerveuse. Un très grave accident de voiture alors qu’elle était encore convalescente retardera d’autant plus son retour à l’écran. Lorsque Mae Clarke reviendra, de l’eau aura coulé sous les ponts Hollywoodiens bien qu’ils n’existe pas de ponts à Hollywood. On aura inventé après le micro, le code de censure. Si Jean Harlow réussit à tirer son épingle du jeu et à conserver son statut de star absolue, il n’en fut pas de même pour Mae qui s’était pourtant mise à « appuyer » un peu trop ses rôles de femmes distinguées.
Elle fut redistribuée dans des films de série B où elle n’avait guère de chance d’éblouir qui que ce soit. Ses rôles perdirent en importance et en intérêt jusqu’à ce qu’elle devienne au début des années 50 une figurante non créditée au générique dans les « musicals » MGM comme « Chantons sous la Pluie » ou « Mariage Royal ». Elle avait eu un dernier rôle important dans un western en 1949. Mais il était trop tard pour remonter la pente. Ses anciens grands succès allaient fêter leurs vingt ans. De plus son accident de voiture avait abîmé son beau visage et elle était maintenant plus difficile à photographier. Alors si à Hollywood on était patient avec le nez de Claudette Colbert ou les cicatrices de Carole Lombard, c’est parce qu’elles rapportaient énormément de dollars!
En 1950, alors qu’elle déjeune à la cantine du studio, elle retrouve Red Skelton. Inévitablement la scène du pamplemousse est évoquée et Skelton se levant d’un bond lance à la cantonade: J’ai une idée! je vais ajouter une scène dans mon prochain film, on la rejouera comme celle avec Cagney mais au lieu d’un pamplemousse, je te giflerai avec un steak! J’ignore ce qu’il advint du projet!
Mae resta pourtant à Hollywood. Elle n’y avait que des amis dont Barbara, James et Loretta Young furent les plus fidèles. elle se remaria encore deux fois, fit du cinéma jusqu’en 1970 avant de jeter l’éponge dans l’indifférence la plus absolue. Elle se retira alors et se consacra à la peinture abstraite jusqu’à ce que le cancer l’emporte le 29 Avril 1992.
la recluse qu’elle était devenue sortait encore parfois de sa maison de retraite pour assister à des réunions des fan clubs de Frankenstein ou son souvenir était précieux
Elle avait 81 ans.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1930: The Fall Guy: Avec Jack Mulhall
1931: Waterloo Bridge: Avec Douglass Montgomery
1931: The Front Page: Avec Pat O’Brien et Adolphe Menjou
1931: Reckless Living: Avec Ricardo Cortez et Marie Prevost
1931: L’Ennemi Public: Avec James Cagney et Jean Harlow
1931: Frankenstein: Avec Boris Karloff
1931: Nana: Avec Anna Sten et Lionel Atwill
1932: Three Wise Girls: Avec Jean Harlow et Marie Prevost
1932: Penguin Pool Murder: Avec Edna May Oliver et Robert Armstrong
1933: Parole Girl:Avec Ralph Bellamy et Marie Prevost
1933: Lady Killer: Avec James Cagney
1934: Nana: Avec Anna Sten et Philipps Holmes
1934: This Side of Heaven: Avec Fay Bainter et Lionel Barrymore
1935: The Darling Young Man: Avec James Dunn
1936: The Great Guy: Avec James Cagney
1936: The House of a Thousand Candles: Avec Phillips Holmes et Rosita Moreno
1940: Women in War: Avec Wendy Barrie
1942: Lady From Chungking: Avec Anna May Wong et Harold Huber
1948: Reaching from Heaven: Avec Cheryl Walker et Hugh Beaumont
1949: Gun Runner: Avec Jimmy Wakely
1950: The Skipper Surprised his Wife: Avec Joan Leslie et Robert Walker
1950: Annie Get your Gun: Avec Betty Hutton et Howard Keel
1950: Duchess of Idaho: Avec Esther Williams et Van Johnson
1951: Mariage Royal: Avec Jane Powell, Fred Astaire et Sarah Churchill
1951: Le Grand Caruso: Avec Kathryn Grayson et Mario Lanza.
1952: Because of You: Avec Loretta Young et Jeff Chandler
1952: Pat and Mike: Avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy.
1952: Love is Better than Ever: Avec Elizabeth Taylor et Larry Parks
1952: Le Miracle de Notre Dame de Fatima: Avec Angela Clarke et Gilbert Roland
1952: Chantons sous la Pluie: Avec Debbie Reynolds, Gene Kelly, Cyd Charisse et Jean Hagen
1952: Thunderbirds: Avec Mona Freeman et John Derek
1954: Le Secret Magnifique: Avec Jane Wyman et Rock Hudson
1955: Women’s Prison: Avec Ida Lupino, Jan Sterling et Cleo Moore
1955: Wichita: Avec Vera Miles et Joel McCrea
1956: Mohawk: Avec Rita Gam et Scott Brady
1958: Voice in the Mirror: Avec Julie London et Walter Matthau
1966: A Big Hand for the Little Lady: Avec Jason Robarts, Joanne Woodward et Henri Fonda