Madlyn-Rhue

Madlyn Rhue vient au monde le 3 Octobre 1935 à Washington. Sa maman tient une boutique de mode et elle a déjà une grande soeur qui attendait sa naissance de pied ferme, ravie d’avoir un « vrai bébé » pour partager ses jeux. Les deux soeurs seront inséparables pour toute la vie!

La famille a des origines paternelles françaises et notre future vedette est déclarée Madeleine Roche à l’état civil de Washington par un père qui prendra la poudre d’escampette peu après sa naissance; Et qui a ma connaissance ne donna plus jamais de ses nouvelles à la famille abandonnée. La petite Madeleine que tout le monde appelait déjà Madlyn se rêvait danseuse et travailla comme une acharnée. Sa mère travaillait déjà bien assez dur pour les nourrir, les leçons de danse étaient un sacrifice, il ne fallait pas que Madlyn déçut.

A 16 ans elle se produisait déjà sur scène et un concours de circonstances « a l’américaine » faisant son office, on lui proposa quelques rôles au théâtre où elle fut très applaudie. En 1958, flanquée de son inséparable soeur, elle tentait le grand saut vers Hollywood. Elle avait 23 ans, c’était maintenant ou jamais.

Hollywood était alors en pleine crise existentielle et paradoxalement on n’y avait jamais autant tourné.

C’est que la télévision était devenue la nouvelle reine de la ville, détrônant le roi cinéma qui peinait à s’adapter aux années 60 qui se profilaient.

Si Madlyn tourna quelques films et fut dirigée par des réalisateurs importants comme Stanley Kramer dans « Un Monde Fou, Fou, Fou » entre Ethel Meerman et Edie Adams, elle ne fit pas exception à la règle du moment et fut littéralement accaparée par la télévision où on la vit paraître dans la totalité des feuilletons en vogue! Les choses allaient on ne peut mieux, la carrière de Madlyn était au beau fixe, elle avait trouvé l’amour, celui de l’acteur Tony Young qu’elle épousait en 1962 mais dont hélas elle divorcerait en 1970.

madlyn rhue

Wikipedia leur fait cadeau d’un enfant mais je crains fort qu’il soit imaginaire.

Elle s’est aussi faite un amie pour la vie en la personne de la fabuleuse Suzanne Pleshette. Et c’est Suzanne qui sera le témoin du premier drame.

Un jour que les deux amies passent à faire du shopping à Los Angeles, Madlyn se sent soudain mal au beau milieu d’un grand magasin. Suzanne veut l’emmener respirer dehors mais Madlyn reste figée sur place, l’œil hagard et soudain urine là où elle se trouve. Suzanne la précipite encore complètement hagarde dans une cabine d’essayage et lui achète vite de nouveaux vêtements avant de la ramener chez elle Bien entendu aussitôt arrivées chez Madlyn, Suzanne appelle son médecin, l’actrice subit de nombreux examens mais on ne trouve rien de particulièrement anormal. L’incident est mis sur le compte des fortes chaleurs liées à l’énervement de la ville et une grande fatigue nerveuse. Mais quelques semaines plus tard, Madlyn ne voit pas sa table à café en verre et se fracasse littéralement dessus au beau milieu de son salon. Cette fois ce sont ses yeux qui la trahissent. La jeune comédienne est hospitalisée, les examens recommencent, inutilement.

La seule chose qu’on en déduit est qu’elle devrait peut-être porter des lunettes!

C’est son ophtalmologue qui le premier lui dira que son trouble de la vision a une origine neurologique. Il la renvoie de nouveau à l’hôpital subir des examens et cette fois Madlyn Rhue est diagnostiquée souffrant de la sclérose en plaques. La jeune comédienne est anéantie. Et pour elle cette maladie est non seulement la fin de sa jeunesse insouciante, nous sommes en 1977, elle n’a que 42 ans, mais aussi la fin immédiate de sa carrière d’actrice. Elle n’ignore pas que les assurances exigent un check-up médical avant d’accepter de « couvrir » un comédien sur un tournage. Et si des superstars peuvent y échapper, Madlyn n’est pas suffisamment bancable pour qu’une production prenne un risque sur elle au détriment de l’avis des assureurs.

C’est la fin du monde. Madlyn ne confie son état de santé qu’à sa soeur adorée et à son amie Suzanne Pleshette. Et ces dames décident de garder le secret. Après tout, il a fallu trois séries d’examens pour diagnostiquer le mal, les examens routiniers des assureurs ne sont pas très performants, Madlyn tente sa chance. D’autant plus que si elle ne vit pas dans la pauvreté et habite un magnifique appartement à Beverly Hills, elle est consciente que sa maladie peut très vite lui coûter des sommes astronomiques en traitements. Et c’est peu dire. Bientôt ses factures annuelles en traitements palliatifs tourneront autour des 80.000$.

Madlyn reprit le chemin des studios avec l’énergie de la dernière chance et le courage du condamné. Hélas une autre crise altère sa motricité et elle ne peut plus se déplacer qu’avec une canne. Son amie Suzanne invente alors un accident de voiture et Madlyn regagne les studios. Mais il lui faudra bientôt deux cannes, et puis un jour, une nouvelle crise la prive tout à fait de l’usage de ses jambes. Pour Madlyn c’est la chaise roulante.

Suzanne Pleshette qui fut pour elle une amie sans faille et une aide efficace jamais prise en défaut n’hésitera pas à inventer un nouvel accident! Hé oui, pourquoi pas? A nouveau la ruse marcha et Madlyn revint sur les plateaux de télévision tourner…en chaise roulante.

Mais le mensonge et la dissimulation n’étaient pas dans sa nature. Un jour qu’elle est seule au supermarché, elle croise une connaissance entre les rayons, une connaissance qui ignorait qu’elle était en chaise roulante. Et lorsqu’elle demanda épouvantée à Madlyn ce qui lui était arrivé, elle lui répondit « Je suis atteinte de la sclérose en plaques. Elle en avait fini des mensonges, elle décida de rendre publique sa maladie. La ruse avait tenu dix ans.

Les rôles pour infirmes étaient rares, Madlyn déclarera: « Je n’ai plus rien acheté de personnel depuis six ans, la totalité de mes gains est engloutie par mes soins médicaux et je vais devoir appeler à l’aide ».

Il se produisit alors un véritable petit miracle. Un miracle d’autant plus inattendu qu’il avait lieu à Hollywood! Madlyn reçut des offres de tournages! A croire que l’on s’était mis à écrire des rôles pour elle! Elle regagna donc une fois encore les plateaux, lorsqu’elle paraissait l’audimat flambait et les lettres d’admirateurs inondaient les chaînes TV.

Un producteur déclara tout en haut d’une première page  » Madlyn Rhue est bien meilleure dans sa chaise roulante que toutes les autres actrices d’Hollywood sur leurs deux jambes! » Madlyn s’était mise à la peinture et tentait d’accepter son adversité avec philosophie. Mais hélas, Hollywood dut ranger ses beaux scénarii de contes de fées. Pour Madlyn la vie n’était pas un film et sa maladie avait la dure implacabilité de la réalité. Elle avait fait placer des barres horizontales partout dans son appartement, fait aménager sa voiture et ses capacités respiratoires étant à leur tour affectées par la maladie elle ne pouvait plus survivre sans air conditionné.

Elle dut quitter son appartement et fut placée dans une clinique pour comédiens nécessiteux en fin de vie, là où finirent Georges Raft et Johnny Weissmuller. Une pneumonie, conséquence de sa maladie aura raison d’elle le 16 Décembre 2003. Elle avait fêté entourée de sa chère soeur et de sa si fidèle amie Suzanne Pleshette ses 68 ans deux mois plus tôt.

« Un jour que j’étais enfant, ma mère prit mon visage entre ses mains et me dit « Toi tu devras accomplir quelque chose d’extraordinaire »; J’ai cru longtemps que c’était danser, puis jouer, aujourd’hui je sais que c’était survivre » Madlyn Rhue

Celine Colassin

madlyn rhue

QUE VOIR?

1959: The Miracle: Avec Carroll Baker, Roger Moore et Vittorio Gassman.

1959: Operation Petticoat: Avec Tony Curtis, Cary Grant et Joan O’Brian

1961: The Ladies Man: Avec Jerry Lewis, Helen Traubel et Kathleen Freeman

1961: A Majority of One: Avec Rosalind Russell et Alec Guinness

1961: He Rides Tall: Avec Tony Young et Jo Morrow

1962: Escape from Zahrain: Avec Yul Brynner et Sal Mineo

1963: Un Monde Fou, Fou, Fou: Avec Spencer Tracy et Ethel Meerman

1963: The Rides Tall: Avec Jo Morrow, Dan Duryea et Tony Young

1969: Kenner: Avec Jim Brown

1972: Stand Up and Be Counted: Avec Jacqueline Bisset et Stella Stevens

 

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