luce fabiole

Dans le florilège des grandes incontournables de seconds rôles du cinéma français, j’appelle Luce Fabiole!

Ah! Luce Fabiole! Quel palmarès, quel florilège de vieilles toqués en tout genre! Elle a eu le temps de nous en fignoler quelques gratinées en 58 ans de carrière! Des mamans, des grand’mères, des mémères des gouvernantes des concierges, des commerçantes des commères et la bonne du curé dans « La Poison » de Sacha Guitry son admirateur. Mais qui se souvient que cette galerie de portraits à la sauce mironton débuta en 1923…Et en 1923, Luce Fabiole était une jeune femme de 30 ans à la beauté racée et au port aliter qui n’aurait rien à envier à des Marcelle Chantal ou des Arlette Thomas, quoi qu’elle eut toujours le nez « Un peu fort »

Luce ne sera jamais suffisamment sanctifiée par le cinéma pour que la presse s’inquiète de ses amours, de ses jeunes années ou de son avis sur le gigot en croûte. Ce qui nous prive aujourd’hui de tout savoir sur elle lui permit en son temps d’exercer son métier en toute tranquillité sans avoir à gérer le poids d’une célébrité.

Luce Fabiole voit le jour dans le onzième arrondissement de Paris le 30 mai 1892. Elle surgit sous le patronyme de Marie-Antoinette Bernus et voilà tout ce que nous saurons!

Elle surgit donc en 1923 sur les écrans muets nationaux avec un film pour le moins obscur  « A la gare » par Robert Saidreau. Si monsieur Saidreau ne laissa pas son nom en lettres de feu inscrit dans la mémoire du cinéma français, il avait semble-il toute la confiance de la belle mademoiselle Fabiole. La dame semble en effet peu friande de cinéma mais pour lui elle accepte d’y revenir deux ans plus tard pour l’adaptation de Feydeau qu’il met en scène: Le fil à la patte ». Mais les années 20 ne sont décidément pas des années Luce Fabiole au cinéma. Elle ne tournera que trois films muets. Estimant sans doute avoir assez donné de sa personne après avoir été la charcutière victime de ce bon docteur Knock en 1926. L’explication est fort simple! Mademoiselle Fabiole est une des reines du théâtre parisien et sert Guitry depuis 1920 sur les planches! Le maître sera fidèle à Luce Fabiole 30 ans durant puisqu’il la met encore en scène en 1950 ans son « Deburau ».

Ensuite il faudra que le cinématographe daigne parler pour que Luce, de son côté consente à s’y adonner de nouveau. Et encore! 11 films en dix ans! Moins encore s’il n’y avait pas cette complicité avec Guitry! Lequel Guitry, soyons justes, ne s’est lui aussi vraiment intéressé au cinéma qu’à partir de 1935

Il faut attendre le cœur de l’occupation pour que Luce Fabiole s’entiche soudain du cinéma et investisse les écrans d’une manière plus déterminante!

Au début des années 50 elle est encore une altière personne faisant merveille dans les rôles de veuves de colonel ou de vieilles filles corsetées dans leurs conventions bourgeoises! C’est presque un début de carrière. Alors que la soixantaine approche, le public la découvre vraiment.

Et puis soudain, comme si elle avait trouvé sa voie, Luce Fabiole semble tout à la fois déposer les armes, renonçant aux derniers artifices de la coquetterie. Et en même temps se régaler, comme une petite fille au palais du jouet, de rôles de vieux tromblons en tout genre! Guitry déjà ensorcelé par Pauline Carton et Jeanne Fusier Gir se régale!

Le cinéma découvre Luce Fabiole au milieu des années 50, voilà 30 ans qu’elle en fait! Mais c’est au bout de trente ans qu’elle semble y trouver sa voie, son plaisir et son emploi! A elle les charentaises avachies, les tablier tachés, les mèches grises s’échappant d’un vague chignon. A elle le cabas dont les poireaux dépassent et le doux fumet de la soupe au choux dans la loge de concierge de Ménilmuche.

Luce Fabiole devient presque une acharnée du film en ne ralentissant que modestement sa carrière sur scène. Toujours chez Guitry on la retrouvera chez François Truffaut, Coline Serreau, Michel Drach ou…Woody Allen!

Une carrière de folie furieuse même si elle n’a parfois qu’une scène!

Luce Fabiole déposera les armes en 1981 après avoir repris pour l’émission « Au théâtre ce soir » un de ses grands succès : « L’Homme au parapluie » de William Dinner. Elle avait près de 90 ans.

Luce Fabiole s’éteint le 5 mai 1982, elle avait 89 ans. Elle en aurait même eu 90 25 jours plus tard.

CÉLINE COLASSIN

luce fabiole

QUE VOIR?

1923: A la Gare: Avec Armand Bernard.

1925: Le Fil à la Patte: Avec Armand Bernard

1926: Knock ou le triomphe de la médecine: Avec Fernand Fabre

1935: Paris Camargue: Avec Ginette Leclerc et Albert Préjean

1938: Les trois valses: Avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay

1938: Remontons les Champs-Élysées: De et avec Sacha Guitry

1938: La route enchantée: Avec Charles Trenet

1939: Ils étaient neuf célibataires: De et avec Sacha Guitry

1941: Premier Rendez-vous: Avec Danielle Darrieux et Gabrielle Dorziat

1942: La fausse maîtresse: Avec Danielle Darrieux

1942: Annette et la dame blonde: Avec Louise Carletti et Henri Garat

1942: Le voile bleu: Avec Gaby Morlay et Elvire Popesco

1943: Des jeunes filles dans la nuit: Avec Luise Carletti et Gaby Morlay

1943: La valse blanche: Avec Lise Delamare et Ariane Borg

1943: Lucrèce Avec Edwige Feuillère, Jean Tissier et Jean Mercanton

1943: Je suis avec toi: Avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay

1944:  Bonsoir mesdames, bonsoir messieurs: Avec Gaby Sylvia et François Perier

1944: Cécile est morte!: Avec Albert Préjean

1945: Ils étaient cinq permissionnaires: Avec Ginette Leclerc

1945: Seul dans la nuit: Avec Sophie Desmarets et Bernard Blier

1945: La part de l’ombre: vec Edwige Feuillère et Jean-Louis Barrault

1946: Sérénade aux nuages: Avec Jacqueline Gauthier et Tino Rossi

1946: Le pays sans étoiles: Avec Jany Holt, Pierre Brasseur et Gérard Philippe

1946: Etrange Destin: vec Renée Saint Cyr et Henri Vidal

1946: Impasse: Avec Marie Déa et Julien Carette

1946: Fils de France: Avec Ginette Baudin et Jean Mercanton

1946: La revanche de Roger la Honte: Avec Maria Casarès et Lucien Coëdel

1947: Les Gosses mènent l’enquête: Avec Lise Topart et Constant Rémy

1948: Trois garçons, une fille: Avec Gaby Morlay et Suzy Carrier

1949: Vive la grève! Court métrage avec Catherine Damet

1950: Tu m’as sauvé la vie: De et avec Sacha Guitry

1951: La Poison: De Sacha Guitry Avec Michel Simon et Germaine Reuver

1951: Deburau: De et avec Sacha Guitry

1951: Adhémar ou le jouet de la fatalité: De et avec Fernandel sur un scénario de Sacha Guitry

1951: La vie chantée: De et avec Noël-Noël

1951: Mammy: Avec Gaby Morlay et Françoise Arnoul

1951: L’anglais tel qu’on le parle: Court métrage avec Pierre Larquey

1952: La fugue de Monsieur Perle: Avec Arlette Poirier et Noël-Noël

1953: Un trésor de femme: Avec Marie Daems et Renée Cosima

1953: Un caprice de Caroline chérie: Avec Martine Carol et Jean-Claude Pascal

1953: Leur dernière nuit: Avec Madeleine Robinson et Jean Gabin

1956: Si Paris nous était conté: De Sacha Guitry

1956: Mannequins de Paris: Avec Madeleine Robinson

1957: Sénéchal le magnifique: Avec Fernandel, Nadia Gray et Madeleine Barbulée

1957: L’homme à l’imperméable: Avec Fernandel et Bernard Blier

1957: Les collégiennes: Avec Gaby Morlay et Catherine Deneuve

1957: Bonjour Toubib: Avec Simone Bach et Paul Azaïs

1957: Nathalie: Avec Martine Carol et Michel Piccoli

1958: La Bonn Tisane: Avec Madeleine Robinson, Raymond Pellegrin et Bernard Blier

1958: Les femmes sont marrantes… Avec Micheline Presle

1958: Taxi, roulotte et corrida: Avec Louis de Funès

1959: Drôles de phénomènes: Avec Sophie Desmarets et Gabrielle Dorziat

1959: Mon pote le gitan: Avec Jean Richard et Louis de Funès

1962: La traversée de la Loire: Avec Henri Vilbert

1962: Les amants de Teruel: Avec Ludmilla Tcherina

1962: Comment réussir en amour: Avec Dany Saval et Jacqueline Maillan

1962: Le dernier quart d’heure: Avec Lucile Saint Simon, Georges Rivière et Dora Doll

1963: Le magot de Josefa: Avec Anna Magnani, Bourvil et Pierre Brasseur

1963: Tre piger i Paris: Avec Daniel Gélin

1964: Coplan prend des risques: Avec Virna Lisi et Dominique Paturel

1966: Qui êtes-vous, Polly Maggoo?  Avec Dorothy McGowan et Jean Rochefort

1967: Le vieil homme et l’enfant: Avec Michel Simon

1967: Le Soleil des Voyous; Avec Margaret Lee et Jean Gabin

1968: La Mariée était en noir: Avec Jeanne Moreau

1969: Les patates: Avec Pierre Perret

1969: Mon oncle Benjamin: Avec Clade Jade et Jacques Brel

1971: Comptes à rebours: Avec Simone Signoret et Charles Vanel

1972: Chère Louise: Avec Jeanne Moreau

1974: Les Violons du Bal: Avec Marie-José Nat

1975: Love and Death: Avec Diane Keaton et Woody Allen

1977: Pourquoi? Avec Christine Fabrega et Gérard Barray

1977: Pourquoi pas! Avec Sami Frey

1979: Laisse-moi rêver: Avec Myriam Boyer et Michel Galabru

 

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