« Ciel! » Je vous entends déjà, chers fidèles cinéphiles pousser de hauts cris de stupeur d’ailleurs parfaitement compréhensibles »Lita Chevret? Qui est donc cette Lita Chevret? » Ne vous fustigez pas la conscience pour cette lacune, rien n’est plus normal! Personne ne connaît Lita Chevret! Mais n’est-ce pas aussi la mission de « La Saga des Etoiles Filantes »: Exhumer la pièce rare, dépoussiérer l’inconnue en plus de raviver le souvenir?
Cette beautiful créature, sans doute une des plus éblouissantes beautés qui hantèrent jamais les studios hollywoodiens et les réceptions mondaines environnantes, naquit le 27 Mai 1908 en Californie, à Oakland. Je ne sais à peu près rien de plus sur le parcours de cette beauté fabuleuse jusqu’à sa mort à un âge très avancé, 92 ans, à Palm Spring le 23 Mai 2001. Lita se serait bien vue fêter ses 93 ans, mais la mort en décida autrement, à 4 jours près. Décidément, jusqu’à la fin elle aurait eu à lutter contre des vents contraires!
On l’avait découverte d’une manière particulièrement fugace dans les « Fox Movietones Follies de 1929″, Lita avait 21 ans.
Les parents de Lita sont tous les deux employés dans l’industrie du film. Lorsque leur petite fille clamera sur les bancs de l’école que plus tard elle sera une grande actrice de cinéma, ils jugeront plus prudent, connaissant déjà les dangers qui guettent les stars trop vite arrivées et mal préparées de lui donner un maximum de formations artistiques! Qu’elle ait des bases solides pour se défendre dans la carrière qu’elle envisage. Lorsqu’elle fera ses débuts, Nita saura parfaitement danser et chanter et louons la préscience familiale qui ne douta pas un seul instant que le cinéma serait un jour doué de parole! Elle avait aussi appris à dire!
Lita fera dès 1929 partie des grandes beautés hollywoodiennes et deviendra show girl dans à peu près toutes les comédies musicales qui se tournent dont « Rio Rita ».
L’actrice aligne cinq films à la suite dès la signature de son premier contrat. Elle pourrait donc se croire à juste titre sur la bonne voie. Hélas on ne lui confie guère de rôles à défendre et souvent sa prestation est trop insignifiante pour que l’on prenne la peine de mentionner son nom au générique. Les « fan magazines » publient pourtant ses photos sans relâche. Elle est considérées comme une des plus « grandes beautés de l’écran américain ». Mais un écran américain qui semble ne savoir que faire de la beauté en question.
Lita qui n’aura jamais de vraie chance jouera aussi parfois de vraie malchance. Elle est choisie parmi les « WAMPAS » de l’année 1930 comme une des stars les plus prometteuses en devenir, (Clara Bow et Joan Crawford entre de nombreuses autres connaîtront cette très prestigieuse désignation). Or, en 1930, la liste des WAMPAS, pour d’obscures raisons, ne fut pas publiée!
Bien que la presse fit grand tapage autour de sa romance avec Georges Raft alors très en vogue, elle ne trouve pas de vraie chance au cinéma. En 1932, dans « Romance of six million » elle est la soeur de Ricardo Cortez et évolue de la pauvre fille née dan sun quartier défavorisé au statut de femme richement mariée. Pourtant, de tout le film elle n’a qu’une seule phrase à dire: « Je vais au cinéma »!
En 1936 elle quitte RKO après trois ans et près de 30 films et choisit l’indépendance. Hélas, seul Cukor la rappelle de manière régulière, ce qui lui permet d’inscrire son noms à quelques pièces maîtresses du catalogue de la prestigieuse MGM.
Elle venait de tourner chez RKO dans « Follow the Fleet » avec Fred, Ginger et Lucille Ball et une fois encore ou l’oubliait au générique. Ce fut trop. A peine ses valises ouvertes chez MGM, on la précipite sur le plateau de « Camille » avec Garbo et Robert Taylor sans qu’elle ne fasse guère plus qu’une apparition, laquelle ne mérite semble-il toujours pas de mention générique ! Elle va étrangement hanter les films les plus prestigieux du studio, essentiellement grâce à la protection de Georges Cukor.
Elle sera de « Roméo et Juliette », de « Women » et même d’un « Road to… » Avec Crosby, Bob Hope et Dorothy Lamour sans que sa carrière ne décolle le moins du monde. Après avoir vu sa scène coupée au montage de » Philadelphia Story », Lita Chevert jette l’éponge et tire sa révérence définitive!
Elle s’achète alors sa petite maison de Palm Springs où elle s’éteindra plus d’un demi siècle plus tard. Lita n’avait jamais pris de retraite officielle et restait inscrite au syndicat des acteurs. Elle se produira d’ailleurs en tournée européenne durant toute la seconde guerre mondiale. La paix revenue, elle estima que la qualité de ce qu’on lui proposait à jouer ne justifiait même pas le déplacement de Palm Spring à Hollywood!
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1929: Fox Movietones Follies of 1929: Avec Lola Lane et John Breeden
1929: Paroles et Musique: Avec Lois Moran, David Percy et John Wayne
1930: The Pay-off: Avec Marian Nixon et Lowell Sherman
1930: Arnaque et Clair de Lune (court métrage): Avec Nick Basil et June Clyde.
1931: Three Who Loved: Avec Betty Compson et Conrad Nagel
1931: Laugh and Get Rich: Avec Edna May Oliver, Hugh Herbert et Dorothy Lee
1931: Kept Husbands: Avec Dorothy McKaill et Joel McCrea
1931: Everything’s Rosie: Avec Anita Louise et Robert Woolsey
1932: After Tomorrow: Avec Marian Nixon et Charles Farrell
1932: The Big Flash (Court métrage): Avec Harry Langdon
1932: Symphony of six million: Avec Ricardo Cortez
1933: Feeling Rosy (Court métrage): Avec Andy Clyde
1933: Goldie Gets Along: Avec Lili Damita et Charles Morton
1934: Charlie Chan’s Courage: Avec Warner Oland et Drue Leyton
1934: The Girl From Missouri: Avec Jean Harlow
1934: Glamour: Avec Constance Cummings et Paul Lukas
1935: The Murder Man: Avec Spencer Tracy, Jimmy Stuart et Virginia Bruce
1936: Camille: Avec Greta Garbo et Robert Taylor
1939: The Women: Avec Norma Shearer, Joan Crawford et Rosalind Russell.(Lita est sous une lampe solaire!)
1940: My Little Chickadee: Avec Mae West et W.C. Fields
1940: The Fatal Hours: Avec Marjorie Reynolds et Boris Karloff
1940: The Philadelphia Story: Avec Katharine Hepburn