Lauren Hutton a dépassé le statut d’actrice et même de star car elle est de l’avis unanime une des plus grandes icônes féminines du XXème siècle. Titre qui lui a été très officiellement décerné en 1999. Et s’il est vrai que l’on serait bien en peine de comptabiliser avec certitude toutes ses prestations filmées pour le cinéma comme pour la télévision, Lauren Hutton pourtant trop petite avec son mètre 69 pour devenir un mannequin de haut vol est la record woman des couvertures de VOGUE! 27 n’en déplaise à Twiggy, Shrimpton, Schiffer, Mulder et compagnie!
Elle fut tout aussi admirée pour sa beauté pourtant peu classique avec son strabisme appuyé et son écart entre ses dents que pour ses multiples talents! Défauts dont elle fera des must en signant le premier contrat beauté d’un million de dollars pour une marque de cosmétiques, Revlon pour ne pas la nommer. La belle Lauren cumule donc succès, talent, gloire et beauté. Mais n’est-ce pas plutôt cette merveilleuse liberté et son éclatante joie de vivre qui firent d’elle l’icône adulée de plusieurs générations?
La belle Lauren, contrairement aux autres mannequins et actrices de sa génération et des suivantes n’aime rien tant que de laisser ses cheveux plutôt filasses sécher librement au soleil, s’habiller d’un jean’s et d’une chemise, zappant allègrement l’étape maquillage pour filer à toute allure sur sa puissante moto vers de nouvelles aventures ou un reportage VANITY FAIR consacré à sa personne! C’est que voyez-vous, dépeignée avec son jeans troué et sa chemise chiffonnée, miss Hutton était et reste quand même la plus belle!
Elle symbolisait à elle seule tout l’idéal du MLF en se conduisant comme elle le voulait sans rien perdre de sa féminité et considérée comme l’égale d’un Burt Reynolds, d’un Clint Eastwood ou un Dennis Hopper! Elle est leur pote, roule plus vite qu’eux, ne crache pas sur une bière au goulot et personne ne songerait à lui mettre la main aux fesses!
D’ailleurs la beauté sidérale de miss Hutton ne doit rien aux artifices pinupesques d ‘une Marilyn ou d’une Dita von Teese! Il ne lui est encre jamais vu à l’esprit de se dandiner sur des talons aiguilles ou de se rebondir le décolleté à coups de balconnets avec du fer dedans! je suis sûre que si Lauren Hutton perdait ses cheveux, elle poserait le plus naturellement du monde chauve pour les photographes et serait sublime!
Mary Laurence Hutton naît le 1 Novembre 1943 à Charleston en Caroline du Sud. Ses parents divorceront alors qu’elle n’est encore qu’une bambine et sa mère à qui elle est confiée se remariera avec un certain monsieur Hall dont elle portera le nom durant toutes ses jeunes années bien qu’elle soit toujours officiellement la petite Mary Hutton.
Evidemment, lorsque l’on naît en 1943, on est une jeune étudiante dans les années 60. Et cette décennie là piaffait de liberté, faisant la jonction entre les petites dindes bien astiquées à la Sandra Dee des années 50 et la Janis Joplin des années 70! Il y avait certes des nostalgiques qui soupiraient de regrets à la disparition des jupons froufroutants et des petits gants blancs. Et puis celles qui louchaient avec avidité vers des jupes plus coutres, des couleurs plus pop et accessoirement une poubelle pour y jeter leur damné soutien-gorge. Mary Hutton serait de celles-là.
Quittant l’université en 1962, l’étudiante s’émancipe pour suivre à New-York un DJ de 19 ans son aîné! Ce monsieur avait décroché un emploi au club « Play-boy » de New-York. C’est durant cette petite escapade amoureuse vers la côte Est que Lauren posera nue pour la première fois. Essayant quand même de dissimuler son visage mal à l’aise derrière sa mise en plis sagement agencée, digne de Grace Kelly et…aussi brune que Gina Lollobrigida! Les photos que l’on croyait perdues resurgiront subitement 35 ans plus tard! L’escapade new-yorkaise ne dura que peu et Mary revint à l’université de Floride terminer sagement ses études, décrochant son diplôme en 1964.
J’ignore par quel biais et pour quelle raison on la retrouva New-York ses études terminées, mais toujours est-il qu’elle a rejoint la « big Apple » et a été signée par une agence de mannequins malgré son regard trouble, sa petite taille relative et cet écart entre les dents qui semble alors rédhibitoire à tout le monde. Son seul salut, selon les experts du moment étant de toujours poser bouche fermée, ce qui n’est pas dans la nature de la demoiselle toujours hilare pour un oui ou pour un non!
On essaya de la convaincre en lui offrant de jolis catalogues de dentiers, on tenta de trafiquer le sourire avec de petites prothèses amovibles en cire ou en bouchon, Lauren les avalait avec une extrême régularité a moins qu’elle ne les éjecte dans l’œil de son interlocuteur! Les plus beaux fou-rires de sa vie! On renonça, elle devint une star de papier glacé et fut sollicitée par le cinéma dès 1968 pour être la partenaire d’Alan Alda dans « Paper Lion ».
Dès lors, Lauren passera sa vie devant l’objectif des photographes de VOGUE, voyagera partout dans le monde pour le compte du magazine dont elle devient véritablement le porte-parole, les couturiers se l’arrachent, Alston, Valentino, Chanel, elle est l’image des parfums Chanel et des produits de beauté Revlon, elle le restera jusqu’à ses 40 ans, un nouveau record pour un mannequin!
Elle trouve malgré tout le temps pour le cinéma et la télévision, connue mondialement sa carrière est internationale et il n’est pas rare qu’on la considère comme la plus sérieuse rivale de Jane Fonda ou de Faye Dunaway. Elle donnera la réplique à James Caan, Richard Gere ou Yves Montand avec un égal bonheur.
Lauren aime tourner, même si elle ne se considère pas vraiment comme une actrice mais plutôt comme une personnalité qui fait aussi des films. Fidèle à sa ligne de conduite, elle est au cinéma comme dans la vie: Toute de franche simplicité, refusant tous les rôles de vamps, de pin-up ou de fatales, ce qui n’empêche pas, parfois, une certaine élégance.
Elle aime les comédies qui la font rire et les films d’hommes à sensations fortes, évitant le mélo comme le rhume!
Le temps passant, sa beauté sportive va rester terriblement IN quand d’autres stars se démodent inexorablement et que tant de mannequins s’abîment dans l’oubli. Elle fera d’ailleurs un come-back fracassant dans l’univers de la mode alors qu’elle a la cinquantaine déjà très entamée, choisie par de très jeunes créateurs qui la vénèrent et souvent pour des marques « jeunes » qui raffolent de son image sportive et sans façons.
Jamais mariée, jamais maman, Lauren Hutton a vécu une longue liaison, 27 ans, avec son manager Bob Williamson. Liaison qui lui aurait coûté dit-on 13 millions de dollars dilapidés par ce cher Bob.
Lauren Hutton ne se répendit pas en complaintes sur le sujet et se consola de ses pertes en posant nue à 61 ans! Estimant que vieillir n’a rien de laid et ne restreint pas les libertés!
Elle était alors déjà rescapée d’un accident de moto qui avait failli lui coûter la vie en Octobre 2000 où elle était sortie de la route avec son engin et avait été traînée plus de trente mètres sur le bitume. Souffrant de nombreuses fractures et d’une perforation du poumon, elle posa avec ses plâtres et ses béquilles en Azzedine Alaïa, complètement hilare sur les photos!
Lauren Hutton approche de ses quatre-vingt ans à grands pas et est toujours bookée en agence!
Celine Colassin
QUE VOIR?
1968: Paper Lion: Avec Alan Alda
1974: The Gambler: Avec James Caan
1976: Gator: Avec Burt Reynolds
1976: Welcome to L.A. Avec Sally Kellerman, Géraldine Chaplin et Sissy Spacek
1977: Viva Knievel!: Avec Gene Kely et Evel Knievel
1980: American Gigolo: Avec Richard Gere
1982: Tout Feu tout Flamme: Avec Isabelle Adjani et Yves Montand
1984: Lassiter: Avec Jane Seymour et Tom Selleck
1986: Flagrant Désir: Avec Marisa Berenson et Sam Waterston
1987: Malone: Avec Burt Reynolds
1990: Fear: Avec Michael O’Keefe et Ally Sheedy
1997: Die Story von Monty Spinnerratz: Avec Beverly d’Angelo et Josef Osterndof
2009: The Joneses: Avec Demi Moore et David Duchovny