Kathleen Freeman n’est pas une blonde désespérée entre chagrins d’amour, carrière en capilotade, abus d’alcool et barbituriques en tout genre. C’est une femme débordant d’énergie et de drôlerie qui connut un succès incessant durant plus d’un demi-siècle. Si je la classe un peu honteusement d’ailleurs parmi mes étoiles filantes c’est parce que sa gloire théâtrale n’est pas parvenue jusqu’à nous, pauvres européens. Et qu’au cinéma elle ne fut jamais qu’un faire-valoir, même si c’était un faire-valoir de première force !
Kathleen Freeman vint au monde à Chicago dans l’Illinois le 17 Février 1919. Ses parents sont des acteurs de vaudeville et très vite la petite fille viendra avec jubilation danser sur scène avec eux…A l’âge de deux ans !
Mais son visage massif et sa silhouette que nous qualifierons d’un peu « rude » l’éloigneront toujours des grandes héroïnes tragiques et romanesques. Elle ne sera jamais ni Marguerite ni Ophélie et encore moins Juliette avec une tête et une dégaine pareille ! Chose qu’il n’est pas facile de digérer lorsque l’on est une jeune fille folle de théâtre.
Kathleen se résolut alors pour un temps à la musique plutôt qu’à la comédie, car dans la fosse d’orchestre, on se fiche bien du physique des virtuoses ! Mais l’appel des projecteurs eut vite raison de cette bien trop sage décision qui avait tout d’une renonciation.
Elle ne serait pas une Anna Held ni une Lillian Russell ? Qu’importe, elle serait une Fanny Brice !
Kathleen retroussa ses jupons, jeta sa balance par la fenêtre et vint s’en prendre aux zygomatiques du public qui ne s’en remit d’ailleurs jamais tout à fait ! Elle surgit pour la première fois sur les écrans après avoir bondi sur les scènes en 1948, la plupart du temps pour de simples apparitions. Dans « Chantons sous la Pluie » en 1952, elle a encore un rôle si court que son nom n’est pas crédité au générique, mais quelle apparition hilarante ! Inspirée d’Alla Nazimova , affublée d’oripeaux exotiques, elle est le professeur de diction de la pauvre Lina Lamont, star du muet à la voix de passoire mâtinée d’accent du Wisconsin incarnée par l’excellentissime Jean Hagen! Un pur moment de délectation filmée où deux actrices s’amusent au moins autant que nous!
Dès cette courte apparition génialissime (Car pour briller face à miss Hagen il en fallait beaucoup!) le cinéma et la télévision ne purent plus se passer d’elle, ce qui ne signifie pas qu’elle en délassa un seul instant son cher théâtre!
Jerry Lewis lui-même en fut complètement subjugué, elle devint son icône et son fétiche, il la réclama à chacun de ses films et elle le rejoignit sur le plateau de ses pitreries onze fois!
Son intense activité triple ne se ralentit jamais, pas plus que son enthousiasme ne se démentit un seul instant. Véritable boulimique de travail, Kathleen Freeman trouva le temps de s’ennuyer entre deux pièces, dix films et vingt émissions de TV et finit pas donner également des cours de théâtre! Cours où elle ne manqua jamais une leçon même si elle levait haut la gambette sur scène le soir et jouait pour la TV à l’heure du déjeuner! Cette femme infatigable et qui semblait indestructible l’était véritablement!
Lorsqu’elle s’éteignit le 23 Août 2001 à l’âge vénérable de 82 ans, elle avait considéré comme une faute professionnelle indigne d’elle de devoir abandonner son rôle dans le spectacle « Full Monty » pour cause de cancer en phase terminale. C’était le…18 Août! Soit cinq jours avant sa fin!
le public fut bien entendu sous le choc et les langues venimeuses en profitèrent pour se délier maintenant qu’elle n’était plus (de son vivant elle ne leur avait pas laissé le temps de s’aiguiser!) On apprit donc sur le ton de confidences que l’on aurait voulues outrageantes que Kathleen était homosexuelle et vivait de longue date avec une dame dont elle faisait d’ailleurs sa légataire.
L’entourage immédiat de la star qui ne s’était en effet jamais mariée et n’avait pas eu d’enfants (quand?) éleva des protestations véhémentes, parlant de simple et longue amitié.
Mais qu’importe! Qu’après 50 années passées à nous faire hurler de rire chaque jour et chaque soir, le rideau tombé, Kathleen soit rentrée chez elle retrouver sa chère amie dans des lits séparés ou un lit à deux places? Tout cela n’est après tout qu’affaire de mobilier. Sa vie n’avait jamais été affaire de potins mondains et autres rubriques à scandales, qu’y serait-elle allée faire après sa mort?
Comme aurait dit Mae West: « Vous n’avez pas un raisin à aller éplucher? »
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1948: The Saxon Charm: Avec Susan Hayward, Robert Montgomery et John Payne
1950: The Reformer and the Redhead: Avec June Allyson et Dick Powell.
1950: The Far Country: Avec Ruth Roman, Corinne Calvet et James Stewart
1951: Cry Danger: Avec Rhonda Fleming et Dick Powell.
1951: Come Full the Cup: Avec James Cagney et Phyllis Thaxter
1951: A Place in the Sun: Avec Shelley Winters, Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.
1952: Love is Better than Ever: Avec Elizabeth Taylor et Larry Parks
1952: Chantons sous la Pluie: Avec Jean Hagen et Gene Kelly
1952: Talk About a Stranger: Avec Nancy Davis et George Murphy
1952: Monkey Business: Avec Ginger Rogers
1952: Le Prisonnier de Zenda: Avec Deborah Kerr et Stewart Granger.
1952: The Bad and the Beautiful: Avec Lana Turner et Kirk Douglas.
1952: Sous le Plus Grand Chapiteau du Monde: Avec Betty Hutton, Cornel Wilde et Charlton Heston
1953: The Magnetic Monster: Avec Jean Byron et Jack Carlson
1953: Les Affaires de Dobbie Gillis: Avec Debbie Reynolds et Bobby Van.
1953: Confidentially Connie: Avec Janet Leigh et Van Johnson
1953: The Glass Web: Avec Edward G. Robinson, Kathleen Hugues et John Forsythe.
1953: The Glass Wall: Avec Gloria Grahame et Vittorio Gassman
1953: A Perilous Journey: Avec Vera Ralston, Scott Brady et David Brian
1954: The Far Country: Avec Ruth Roman, Jimmy Stewart et Corinne Calvet
1954: Athena: Avec Jane Powell et Debbie Reynolds
1954: Jerry chez les Cinoques: Avec Jerry Lewis et Glenda Farrell.
1957: The Midnight Story: Avec Marisa Pavan et Tony Curtis
1958: La Mouche: Avec Vincent Price et Patricia Owens
1960: North to Alaska (Le Grand Sam, A Nous la Bagarre): Avec Capucine et John Wayne
1961: The Errand Boy: Avec Jerry Lewis
1961: The Ladies Man: Avec Jerry Lewis et Helen Traubel
1963: The Nutty Professor: Avec Jerry Lewis et Stella Stevens
1964: The Patsy: Avec Jerry Lewis et Ina Balin, Peter Lorre et Keith Carradine.
1963: Who’s Minding the Store, Avec Jerry Lewis et Jill St John
1964: Mail order bride: Avec Buddy Ebsen
1965: That Funny Feeling: Avec Sandra Dee, Bobby Darin et Donald O’Connor
1965: Marriage on the Rocks: Avec Deborah Kerr, Dean Martin, Frank et Nancy Sinatra.
1966: Three on a Couch: Avec Jerry Lewis et Janet Leigh
1967: The Big Mouth: Avec Jerry Lewis
1967: Point Blank: Avec Lee Marvin et Angie Dickinson
1969: Support your Local Sheriff: Avec James Gardner, Joan Hackett et Bruce Dern.
1969: Hook, Line and Sinker: Avec Anne Francis, Jerry Lewis et Peter Lawford
1969: The good guys and the bad guys: Avec Tina Louise et Robert Mitchum
1970: The Ballad of Cable Hogue: Avec Jason Robarts et Stella Stevens.
1970: Myra Rekinridge: Avec Mae West, Raquel Welch et John Huston.
1971: Support your Local Gunfighter: Avec James Gardner, Joan Blondell et Suzanne Pleshette
1972: Where Does it Hurt?: Avec Peter Sellers et Jo Ann Pflug
1974: So devil, my sister: Avec Faith Domergue et Susan Strasberg
1975: The Strongest Man in the World: Avec Kurt Russell et Eve Arden
1980: The Blues Brothers: Avec John Belushi et Dan Aykroyd
1986: The Malibu Bikini Shop: Avec Michael David Ward
1987: Innerspace: Avec Meg Ryan et Dennis Quaid
1989: Hollywood Chaos: Avec Tricia Leigh Fischer
1990: Gremlins II The New Batch: Avec Sach Gallian, Christopher Lee et Phoebe Cates
1991: Joey prend un Taxi: Avec Lionel Standler
1993: Reckless Kelly: Avec Yahoo Serious
1998: Blues Brothers 2000: Avec Dan Aykroyd et John Goodman
1998: I’ll Be Home for Christmas: Avec Jessica Biel et Jonathan Taylor Thomas
1999: Seven Girlfriends: Avec Tim Daly et Laura Leighton
2001: Joe Dirt avec David Spade et Christopher Walken