Il est normal lorsqu’un nouveau type féminin envahit les écrans que d’autres aspirantes à la gloire s’en inspirent et plagient leur idole dont elles se font un modèle. plagiat qui ira parfois jusqu’au clonage. Combien d’actrices ne tentèrent pas l’aventure sur la piste toute fraîche d’une Jean Harlow, d’une Marilyn Monroe ou d’une Brigitte Bardot? Jayne Mansfield fut sans doute la plus illustre de toutes ces « copieuses » mais qui eut cru qu’elle même susciterait des vocations de plagiaires?
La légende de Jayne voulait qu’elle ait appelé un studio, la Century Fox, celui de Marilyn en l’occurrence, en disant: « Bonjour, je suis Jayne Mansfield et j’ai un mètre de tour de poitrine, je voudrais devenir une star, comment dois je faire? » Elle n »aurait raccroché qu’avec un rendez-vous pour des essais en mains. C’est le directeur du magazine playboy cette fois qui recevra le coup de fil suivant: « Bonjour, je suis June Wilkinson je suis Anglaise, j’ai moins de vingt ans et j’ai un mètre sept de tour de poitrine, j’aimerais poser nue pour votre magazine » Il était plus de minuit, on lui proposa plus ou moins poliment de rappeler le lendemain matin mais la voix Mansfieldesque au bout du fil refusa entre deux petits « Piouuuh » bien imités : »je ne suis là que pour quelques heures je rentre à Londres dès demain« Une bonne affaire ne se refuse pas, même à une heure du matin. Dès le mois suivant, en Septembre 1958 Playboy offrait l’anatomie de June Wilkinson à l’admiration de ses lecteurs sur cinq doubles pages couleur
Ce n’était pas la première fois que June Wilkinson tentait d’affoler les populations à propos de son anatomie. A quatorze ans déjà, cette jeune Anglaise née le 23 mars 1940 dans l’Essex faisait parler d’elle. Elle dansait seins nus dans une revue et se plaignit à la presse de ses mauvais rapports avec le chargé en communication du spectacle: « Est-ce ma faute s’il a fallu changer mes mensurations trois fois en six mois sur l’affiche? Mes seins ne cessent de grossir, mais c’est de mon âge! » Un nouveau tollé suivra lorsqu’elle affirmera vivre une liaison torride avec le chanteur Paul Anka mais être obligés de garder le secret absolu sur cette brûlante passion. Les fans du chanteur ne pouvant supporter de le voir flanqué d’une fille carrossée comme elle risquant d’en mourir de jalousie, ou pire, de ne plus acheter ses disques!
Hollywood va se pencher sur le cas de la jeune mademoiselle Wilkinson et Playboy fera d’elle sa playmate du mois à sept reprises. June, selon tous ceux qui travaillèrent avec elle n’avait aucun sens de l’humour et une façon assez déplorable de dire ce qu’elle pensait. Son plus grand tort fut sans doute de vouloir à tout prix imiter une idole déjà sur le déclin, le type de Jayne Mansfield vivait ses dernières heures de gloire avant de sombrer dans le kitsch entraînant June avec elle.
Marilyn avait argumenté son dénuement le plus complet et une envie folle de manger quelque chose pour justifier ses photos légères, June était moins romantique: « la seule chose qui intéresse les hommes c’est les gros nichons, or j’ai de gros nichons, pourquoi ne m’en servirais-je pas? » Elle n’avait pas tort. A la fin des années 50 elle était à la fois « La femme la plus photographiée d’Amérique, au grand dam de ses idoles et « La femme nue la plus photographiée au monde » Ce qui, cette fois, dut surtout vexer Jayne Mansfield et Mame van Doren. A 15 ans elle avait déjà glané son premier record: la plus jeune danseuses aux seins nus du monde!
Les années 60 débutent sous le signe de son anatomie. Elle a cinq fois en douze mois les honneurs de Playboy qui la rebaptise « le buste d’Hollywood » On sait que le cinéma faisait fort peu de cas de ces « playmates » trop blondes, trop fournies, trop rapides à se déshabiller pour le plaisir des yeux de qui voudra. Lorsque Russ Meyer voulut la faire tourner, le studio avec lequel elle était sous contrat refusa de la « prêter » à cet érotomane pornographe comme ils le définirent pour justifier leur refus. June frustrée d’une telle aubaine promotionnelle vint gratuitement et anonymement montrer ses seins et uniquement ses seins au travers d’une fenêtre. Elle exigea pour tout salaire de…n’être pas mentionnée au générique!
Etrangement, Hollywood qui avait, pour s’acheter une conduite renvoyé Jayne Mansfield et expédié Diana Dors dans son Angleterre natale fut plus conciliant avec June. Les temps changeaient, ce qui était invraisemblable encore quelques mois plus tôt devenait banal. Doris Day invita June dans sa série du dimanche après midi, John Cassavetes la sollicita pour « Too Late Blues ». Glisser des pages de Playboy au plateau de Cassavetes, il y avait en effet quelque chose de bien changé à Hollywood! June s’était très brièvement mariée avec Dan Pastorini, de 9 ans son cadet en 1973. Une star du football américain histoire sans doute de faire encore un peu sa Marilyn époque Joe di Maggio. Ils resteront mariés jusqu’en 1980 et auront une fille, Brahna. June posera une dernière fois pour Playboy à 57 ans, parce que c’était la mode pour les vétéranes, de Joan Collins à Terry Moore, alors pourquoi pas elle? Aujourd’hui octogénaire, June Wilkinson travaille toujours pour la télévision, elle est devenue productrice avec un certain succès.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1959:Thunder in the Sun: Avec Susan Hayward
1960: Too Late Blues: Avec Stella Stevens et Bobby Darin
1960: Macumba Love: Avec Ziva Rodann
1960: The Private Lives of Adam and Eve: Avec Mamie van Doren et Mickey Rooney
1962: Who’s got in the action: Avec Lana Turner et Dean Martin
1964: Le Candidat: avec Robert Redford
1984: Frankenstein Great Aunt Tillie: Avec Yvonne Furneaux, Zsa-Zsa Gabor et Donald Pleasance.
1986: Vasectomy, a Delicate Matter: Avec Ina Balin et Paul Sorvino.
1987: Talking Walls: Avec Marie Laurin