Joyce Mackenzie est une denrée hollywoodienne assez rare, celle de la glamour girl sans tapage…ou presque.
Cette charmante demoiselle est californienne de souche puisqu’elle naît à Redwood city le 13 Octobre 1925. Joyce Elaine Mackenzie vient au monde dans une aimable famille bourgeoise puisque son père Norman est médecin. Elle grandit sans drames notoires ni vocations artistiques sensationnelles puisqu’à tout prendre elle se verrait mieux sportive qu’intellectuelle et se passionne très tôt pour le tennis où elle excelle depuis le collège. Aux heures les plus chaudes de sa gloire furtive, une commère fera le diagnostic suivant : »Je me demande si Joyce Mackenzie ne devrait pas changer de nom, oublier le cinéma et entamer une carrière de tennis woman professionnelle, je suis sûre qu’elle brillerait mieux sur les courts que les écrans! » on ne saurait être plus désagréable!
Mais à l’heure de décider d’une orientation professionnelle, le monde avait basculé, c’était la guerre et il était bien question de savoir « ce qu’on allait faire plus tard! » malgré son jeune âge (puisque Joyce fêtera ses vingt ans deux mois avant la signature officielle de l’armistice), notre héroïne se rua dans l’effort de guerre et se jeta littéralement à l’usine! La paix revenue, Joyce restera fière à jamais de ses photos en uniforme, car dès qu’elle en eut l’âge, la jeune fille s’engagea dans l’armée.
Mais les années guerre avaient été les années « pin-up ». Joyce était plus que belle, elle était éblouissante et l’idée de faire du cinéma l’avait titillée à son tour. Après tout, elle était née en Californie, et le cinéma, là-bas, c’est normal! Elle avait envoyé dès l’annonce de la fin des hostilités ses photos aux départements casting des studios et avait obtenu deux mini apparitions, dans « Le Kid de Brooklyn » et dans « Tomorrow is Forever », respectivement dans les ombres illustres de Virginia Mayo et Danny Kaye, et de Claudette Colbert et Orson Welles!
Avec son petit pécule gagné aux armées, la démobilisée s’offrit des cours d’art dramatique et fit de modestes débuts au théâtre en 1948. Modestes, mais à Hollywood! (car oui, il y a aussi des théâtres à Hollywood!) Elle fut bien entendu « repérée », avec une telle beauté il ne pouvait en être autrement, et on commença à voir le frais minois de Joyce Mackenzie dans des éditos mode et des publicités diverses. Au cinéma elle devra se contenter de rôles insipides et uniquement décoratifs, ce qui lui fera partager une scène avec la jeune Marilyn Monroe dans « Le Petit Train du Far-West »! Ces demoiselles s’amusent à jouer les chorus girls autour de Dan Dailey!
A la fin des années 50, Joyce est surtout connue pour son jeu au tennis et sa passion inconditionnelle pour ce sport. Il semble d’ailleurs tout à fait normal qu’elle soit fiancée à Jack Cunningham, classé neuvième chez les joueurs professionnels américains.
L’année 1952 fut durant cette décennie, la grande année pour Joyce. Elle est choisie pour être Jane dans le prochain Tarzan, « Tarzan et la Diablesse ». Mais le Tarzan en question, alias Lex Baxter trépigne dans son pagne et ne l’entend pas de cette oreille! Comme c’était la cinquième fois qu’il remettait le pagne en question et la cinquième fois qu’il refaisait son grand numéro de tragédien incompris, cela finit pas lasser même les plus patients, et l’on s’intéressa plutôt à la gracieuse et si discrète Jane, seizième du nom! Alors même que notre Jane se balançait de branche en branche, on apprenait qu’elle allait convoler, sitôt cet exotique tournage achevé avec un certain amoureux secret dénommé « Tim ». La belle convola en effet, avec « Tim », alias Hubert Walter Lelmert, un des plus puissants pontes de l’immobilier californien.
Dès lors la belle se passionnera de moins en moins pour le cinéma, et ceci bien que la RKO lui ait offert un rôle en 3D en…1953! En 1954 sa carrière était déjà virtuellement terminée si on excepte quelques très sporadiques apparitions télévisées.
La belle comédienne aura deux enfants, deux garçons, Walter né en 1955 et Norman né en 1956, et ceci comme on s’en doute ne l’incitera pas d’avantage à mettre les bouchées doubles côté cinéma.
Les années 50 révolues, Joyce Mackenzie n’estima pas sa présence aux écrans nécessaires à son équilibre de jeune maman comblée et richissime. Elle se fit si discrète que l’on fut sidéré d’apprendre que la belle se remariait avec un autre magnat en 1961, Robert L. Pilote. Personne en effet ne savait qu’elle était divorcée!
Le couple Pilote divorcera en 1966, Joyce ne reviendra pas titiller les caméras pour autant, estimant cette période de sa vie définitivement révolue, elle reprit ses études et devint professeur d’anglais!
On la revit en 1976, lors d’une cérémonie d’hommage à Edgar Rice Burroughs, le créateur de Tarzan qui aurait eu cent ans cette année là. Pour la première fois de sa vie Joyce rencontrait « le vrai » Tarzan: Johnny Weissmuller!
Elle s’était remariée une troisième fois à un certain monsieur Hassing qui la laissa veuve en 1980.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1946: Tomorrow is Forever: Avec Claudette Colbert et Orson Welles
1946: Le Kid de Brooklyn: Avec Virginia Mayo, Vera Ellen et Danny Kaye
1949: Whirlpool: Avec Gene Tierney et Vincent Price
1950: Le Petit Train du Far-West: Avec Anne Baxter, Dan Dailey et Marilyn Monroe
1950: Broken Arrow: Avec Debra Paget, James Stewart et Jeff Chandler
1951: Tarzan et la Diablesse: Avec Lex Baxter et Monique Van Vooren
1952: Full House: Avec Anne Baxter, Jeanne Crain, Farley Granger et Richard Allen
1954:Rails into Laramie: Avec Mari Blanchard et John Payne