Le court passage au cinéma de Joan Evans mérite d’être conté, ne fusse que parce qu’il implique la star légendaire Joan Crawford !
Joan naît à Hollywood où ses parents écrivains sont installés et mènent grand train. Ils sont des amis de longue date de la star Joan Crawford qu’ils choisissent comme marraine de baptême de leur fille prénommée Joan en son honneur.
Nous sommes le 18 Juin 1934 et pour les jeunes parents, Dale Eunson et Katherine Robert on peut dire que « tout baigne ».
Joan Crawford sera une marraine aimante et attentive prenant son rôle très au sérieux. D’ailleurs lorsque la MGM cherchera une fraîche jeune première pour donner la réplique à Farley Granger dans « Roseanna MacCoy, Joan présente sa filleule. Joan est une star écoutée. N’est-ce pas elle qui a attiré l’attention d’Hollywood sur un certain Fred Astaire ? Enfin, si l’on veut donner dans la précision, lorsque Joan Crawford eut vent du casting, elle songea immédiatement à sa chère filleule. Mais étant rarement en odeur de sainteté avec les patrons des studios, la futée Joan mit au point un stratagème bien dans son style.
Elle choisit pour complice William Selwyn, talent scout de la MGM et de ses amis fidèles. Il prétendit avoir repéré la jolie Joan par le biais d’une amie qui l’avait vue jouer dans un spectacle d’amateurs six ans plus tôt et l’avait gardée en mémoire. Et joignant l’utile à l’important il joignit quelques photos de Joan. Photos dont sa marraine la fée Crawford avait supervisé le moindre détail : photographe bien sûr, éclairage, robes, coiffure, maquillage, éclairage poses etc. Le résultat fut convainquant « Amenez-la qu’on l’essaie ! »
Nous sommes alors en 1948 et la demoiselle n’a que 14 ans, mais qu’importe, une petite tricherie de sa marraine la bonne fée et la voilà avec deux ans de plus! A Joan Crawford rien n’est impossible, et qu’est-ce qu’un calendrier ou un registre national ? On se le demande !
Telle Cendrillon grâce à sa bonne marraine la fée, Joan qui n’était qu’une collégienne se voit propulsée dans un premier rôle de la MGM en deux semaines et déjà vedette puisque Joan Crawford a rameuté le ban et l’arrière ban des échotiers en tout genre pour les débuts de sa protégée ! Devenue Joan Evans, la jeune première coachée de main de maître fut efficace et gracieuse, la MGM la redistribua dans les films suivants de Stewart Granger. La demoiselle était sur une très bonne voie lorsqu’elle annonça à ses parents effarés son intention d’épouser un marchand de voitures d’occasion ! Lequel ne souhaitant pas devenir à son tour une curiosité hollywoodienne se sentait un peu mal à l’aise face aux futurs cachets mirobolants que sa future épouse, star en devenir, était en droit d’espérer. En un mot comme en cents, il voulait son épouse pour lui tout seul et être celui qui gagnait le pain quotidien de la future famille. Aussi, Joan Evans annonça-elle dans la phrase suivante qu’elle arrêterait sa carrière d’actrice à ses parents déjà évanouis. Les parents ranimés appelèrent Joan Crawford au secours, la féé marraine, pour qu’elle dissuade sa filleule de se lancer dans cette aventure suicidaire.
Laquelle Joan, pour avoir tant de fois joué les pauvresses qui ne peuvent épouser d’hommes riches avant d’être elle-même milliardaire et qu’ils soient ruinés se mit parfaitement dans la peau d’un vendeur de voitures éconduit pour raisons économiques ! Non seulement elle se mit très en colère et quitta la pièce son caniche sous le bras, mais elle encouragea les amours de ses protégés et leur offrit en cadeau de mariage une étourdissante réception dans sa villa de Brentwood. Les parents de Joan Evans vinrent, virent, sourirent vertement, félicitèrent un peu les jeunes mariés et Joan Crawford pas du tout.
Ce fut d’ailleurs la dernière fois qu’elle les vit, ils la rayèrent à jamais de leur liste de gens fréquentables.
Joan Evans fut heureuse comme elle l’avait espéré mais ne quitta pas le cinéma où elle apparut encore sporadiquement jusqu’en 1960, fidèle à sa promesse de toujours laisser la priorité à sa famille.
A la mort de Joan, elle sortira de sa retraite amoureuse pour rendre un hommage vibrant à la star, sa marraine adorée. Elle s’élèvera de toute son indignation contre Christina Crawford et son livre « Maman très chère ». Ne pourrait-on d’ailleurs penser que cet appui inconditionnel de Joan Crawford a sa filleule pesa beaucoup dans l’animosité que sa fille Christina nourrissait à son égard ? Laquelle Christina eut, on le sait, elle aussi des velléités de comédienne sur lesquelles Joan Crawford ne paria pas un cent et où elle se révéla en effet fort médiocre ?
Sur la photo ci-dessous, Joan Evans est coachée par Joan Crawford qui s’est impliquée jusqu’au choix des chaussures à brides qu’elle affectionnait tant.
Céline Colassin
QUE VOIR?
1949: Roseanna MacCoy: Avec Farley Granger et Raymond Massey
1950: Our very Own : Avec Farley Granger et Ann Blyth
1950: Edge Of Doom: Avec Farley Granger et Dana Andrews.
1952: Skirts Ahoy: Avec Esther Williams et Vivian Blaine
1952: It Grows on Trees: Avec Irène Dunne
1954: The Outcast: Avec John Derek et Linda Evans.
1956: Une Etrange Aventure: Avec Ben Cooper et Marla English
1959: No name on the Bullet: Avec Audie Murphy et Charles Drake