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Jill Saint John fut un jour piquée par une étrange mouche hollywoodienne et elle décida qu’elle deviendrait l’archétype de la superstar absolue!

Elle ne se déplaçait plus sur Rodeo Drive que dans sa nouvelle Mercedes 300sl flambant neuve, la même que Cary Grant et Sophia Loren. A moins bien sûr qu’elle ne promène son éléphant « Baby » dans les rues de Beverly Hills. Et un jour où elle demandait chez Harry Winston : »Mais où est votre nouvelle collection de bijoux »? » On lui répondit « Chez vous, mademoiselle Saint John! » Adorant la mode des pantalons collants au moins autant que celle des voitures de sport européennes et des rivières de diamants, elle en acheta deux cent paires d’un coup!

D’ailleurs elle tint à faire admirer à la fois sa Mercedes framboise et un de ces chers pantalons, le « rose poudré » dans « The Lost World » Où elle le portera pour affronter des dinosaures, des cannibales, les lianes anthropophages , des éruptions volcaniques et du magma en fusion sans jamais le salir.

jill saint john

La jeune fille sachant quand même que l’on ne peut pas réussir à Hollywood sans un minimum de travail elle se faisait projeter tous les films de son idole Kay Kendall dans son cinéma privé en déclarant, mutine: « Je ne copie pas, je m’inspire! Kay fut la meilleure actrice du monde et je m’imprègne de ses sortilèges de comédienne. Elle avait le talent, la beauté et la classe, Moi, pour la classe je suis encore un peu trop jeune«  Jill Saint John avait en effet beauté et talent en suffisance pour réussir à Hollywood. Mais il y aurait deux bâtons dans les roues de son carrosse doré.

Tout d’abord en fait de parangon de glamour elle fut surtout le parangon de ce que l Amérique des années soixante pouvait avoir de plus vulgaire et de plus criard. Toujours chapeautée de perruques rousse d’une flamboyance et d’un alambiqué à faire paraître Ann Margret normale, voire distinguée à côté d’elle.

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Elle ne porte que des couleurs saturées avec une prédilection pour le jaune, le vert acidulé et l’orange vif qui sont d’un effet saisissant avec sa moumoute crêpée couleur carotte reflets mercurochrome. Tartinée de maquillage avec des faux cils longs et épais aussi gracieux que le cric de sa Mercedes, Elle est  couverte de bimbeloterie comme un sapin de noël; En bref,  elle a l’ait de sortir d’un cauchemar éthylique d’Elvis Presley. Et puis, encore et surtout, elle arrivait trop tard. Bien trop tard.

Tout avait pourtant si  bien commencé.

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Jill Arlyn Oppenheim naît à Los Angeles le 19 Août 1940. Naître à Los Angeles pour une future star Hollywoodienne ca rapproche vachement plus que le Maryland. D’ailleurs mademoiselle Oppenheim sera étudiante à l’Hollywood High School. Les parents de Jill sont restaurateurs et la petite fille aura la permission de s’inscrire dans des agences de castings pour enfants à condition bien entendu d’être bien sage et de bien travailler à l’école. A six ans elle débuta à la radio, à neuf à la télévision et à onze au cinéma, ravissante petite bambine brunette à la moue espiègle qui ravissait les spectateurs comme le faisait si bien la petite Natalie Wood de deux ans son aînée. Elle est encore créditée sous son véritable paronyme de Jill Oppenheim.

Mais si Natalie menait déjà une carrière de vraie professionnelle faisant vivre sa famille et agissant comme un vrai chef d’entreprise, Jill, plus frivole s’enfuyait à 16 ans avec un très beau garçon de 22. Non seulement l’élu de son coeur est très beau mais il est l’héritier d’une fortune colossale on s’enfuit donc et on se marie à Yuma en Arizona le 23 Mai 1957! Devenue madame Neil Dubin elle est divorcée dès le 3 Juin 1958 on divorce. « J’ai fait n’importe quoi, je dois être idiote« 

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Jill bien entendu continue à tourner. Mais si Natalie Wood est déjà une superstar, véritable égérie de sa génération, notre héroïne trépigne au fond des génériques. Elle est alors toujours cette fraîche et ravissante brune telle que la nature l’a faite et elle se remarie bientôt avec un autre milliardaire, Lance Reventlow le 24 Mars 1960. Lance qui n’est autre que le fils unique de Barbara Hutton, la femme la plus riche du monde qui  donne à son fils un million de dollars par an d’argent de poche.

Lance n’a jamais eu la moindre velléité de travailleur ni même d’investisseur. Sans aucun repère masculin si ce n’est Cary Grant qui fut un des éphémères époux de Barbara et aime Lance comme son propre fils. Il se laisse vivre et même si comme l’affirme sa jeune épouse « Il est un garçon charmant, cultivé et plein d’égards malgré sa fortune » sa seule ambition de carrière c’est l’héritage de sa mère qui fera de lui un homme colossalement riche. » Héritage dont il ne verra jamais le moindre cent. Lance précède sa mère dans la tombe, tué dans un accident d’avion en 1972; il avait 34 ans.

Mais en attendant, la richissime épouse de Lance affirme encore: « Mon mari n’ayant ni le besoin ni l’envie de travailler, c’est moi qui vais le faire, il n’est pas bon pour un couple de rester toute la journée l’un sur l’autre« . Ce qui ne les empêchera pas de divorcer le 30 Octobre 1963 après moins de trois ans de mariage et malgré les précieux principes énoncés par Jill. Divorcée elle déclare « J’ai menti quand j’ai dit que Lance était cultivé. Mais c’est humiliant pour une femme de dire que son mari est con comme une chenille, qu’il m’écoute la bouche ouverte quand je raconte une blague et qu’il s’esclaffe au milieu d’un dîner trois jours plus tard. Moi qui aime les êtres qui argumentent, qui réfléchissent, les relations qui élèvent l’esprit, je crois que je ferais bien de ne jamais me remarier! »

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Ils resteront bons amis et Jill sera atterrée par cette fin précoce. Bien plus tard elle rédigera un bouquin de cuisine qu’elle dédicacera à sa mémoire.

Si la jeune Jill Oppenheim devint un peu célèbre dès 1949, il faudra attendre 1958 pour que Jill Saint John ait enfin des rôles un peu sérieux à défendre au cinéma. Et encore, dans les ombres bien mieux distribuées de Vivien Leigh, Jennifer Jones, Elizabeth Montgomery, Elke Sommers, Edie Adams, vedettes des films où on croise la jolie Jill.

Sa carrière au cinéma sera d’ailleurs bien étrange. Jill Saint John est célèbre et jouit pleinement d’un statut de star attisé encore par ses photos dans Play-boy ou ses liaisons très médiatisées avec Frank Sinatra, Peter Lawford ou Sean Connery. Elle va hélas longtemps végéter dans des seconds rôles et si on avait pu croire qu’elle atteindrait enfin aux rôles assortis à son prestige après son strip tease dans « The Oscar », il faut attendre 1971 pour qu’enfin elle touche à l’immortalité cinématographique en devenant la James Bond Girl de « Diamonds are Forever ». Film qui marque le déclin instantané de sa carrière au cinéma!

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La presse s’affolait durant le tournage du film à cause de la liaison de Jill St John avec Sean Connery, lequel était attendu en Hollande par Linda Christian délaissée un temps parmi les tulipes, le temps du film. Jill ne s’exprima guère sur le sujet, trop occupée à livrer une guerre sans merci aux producteurs. Après avoir signé pour le rôle, bien que le scénario comportant une scène de nu très explicite dont elle avait parfaitement connaissance, elle refusa de la tourner! La production fit alors appel à une sculpturale doublure qui s’acquitta de la tâche. Jill, alors exigea une somme faramineuse pour autoriser la production à diffuser la scène en question. Motif: « J’ai refusé de tourner cette scène mais les gens croiront que je l’ai fait, ce qui revient au même ». Et comme la production n’obtempérait pas assez vite, elle leur flanqua son contrat sous le nez. Jill St John était dans son droit le plus absolu, la scène fut définitivement abandonnée. Le producteur lui déclara: « Vous êtes sans doute à Hollywood la femme qui lit le mieux ses contrats!«  Ce à quoi elle lui répondit « Mes ex maris auraient pu vous le dire tout de suite! ».

Il se peut d’ailleurs que l’esprit fantasque et un peu soupe au lait pour ne pas dire belliqueux de Jill ne l’ait pas aidée au cinéma. On ne la voit que très dévêtue. Elle semble vivre en bikini ou nue sous de pâles voilages transparents. Mais elle se hérisse lorsque l’on parle de son physique richement étalé dans playboy. « Arrêtez de m parler de ce corps que je déteste! Franchement est-ce que mes seins ne sont pas trop gros? Et ces hanches? Ah que je voudrais pouvoir les faire raboter! Quand est-ce que l’on va me parler de mon esprit? » Et tout de suite elle ajoutait « Evidemment, c’est de ma faute. Je vis à Hollywood, si on pouvait y avoir une conversation intellectuelle ça se saurait! Les hommes sont peut-être bien foutus mais ils ont autant de cervelle qu’une saucisse. Ils sont nuls en tout. Hollywood est une vraie corporation d’ignares. Dès qu’un homme ouvre la bouche pour me parler, je baille à m’en décrocher la mâchoire. Je sais déjà qu’il va me parler de sa carrière et de sa petite personne tellement séduisante. Je crois que le jour où je trouverai un homme à ma hauteur, je suis bien capable d’en tomber dans les pommes de sidération« . Puis encore:  » Les metteurs en scène n’ont que de rares lueurs d’intelligence. Quand il s’agit d’inventer des prétextes pour me déshabiller dans leurs films par exemple! Quand il s’agit de me transformer en ornement! » Et de conclure « Tout ça m’ennuie et m’horripile mais à mon âge je ne peux pas encore vivre de mes rentes »

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Très présente à la télévision, s’embarquant quatre fois sur le paquebot de « La Croisière s’amuse », elle atterrit dans toutes les séries possibles, depuis « Magnum » à « Matt Houston » et aligne les téléfilms sans plus jamais retrouver de grand rôle au cinéma. Sa carrière, après avoir ressemblé à celle d’Ann Margret ou de Jayne Mansfield ressemble à celle de Joan Collins à qui elle finit d’ailleurs par ressembler physiquement avant de ressembler à celle de Stéphanie Powers avec qui elle partage désormais le goût du brushing crêpé!

Jill s’était remariée en 1967 avec le crooner Jack Jones dont la version de « Bessame Mucho » hante ma mémoire et elle divorça de ce dernier en 1969. Après une liaison avec Jack Nicholson, elle retrouva son cher ami Robert Wagner qu’elle avait rencontré dès 1959.

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A la mort de Natalie Wood elle succédera dans la vie de Robert Wagner à la star défunte mais le couple ne convolera qu’en 1990, Jill Saint John ne tenant sans doute pas à s’empêtrer  dans le mystère et le scandale qui entourèrent la fin de Natalie Wood.

Depuis 2002 Jill St John semble avoir raccroché ses ambitions d’actrice mais en conserve tous les flamboyants accessoires!

On ne se refait pas!

Celine Colassin.

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QUE VOIR?

1958: Summer Love: Avec Molly Bee et John Saxon

1959: The Remarkable Mr. Pennypacker: Avec Dorothy MacGuire et Clifton Webb

1959: Holiday for Lovers: Avec Jane Wyman, Clifton Webb et Carol Lynley

1960: The Lost World: Avec Michael Rennie, Ricardo Montalban et Claude Rains

1961: The Roman Spring of Mrs Stone: Avec Vivien Leigh et Warren Beatty

1962: Tender is the Night: Avec Jennifer Jones, Joan Fontaine et Jason Robarts

1963: Who’s Been Sleeping in my Bed? Avec Elizabeth Montgomery, Dean Martin et Martin Balsam

1963: Who’s Minding the Store: Avec Jerry Lewis

1965: The Liquidator: Avec Trevor Howard et Rod Taylor

1966: The Oscar: Avec Elke Sommers et Stephen Boyd

1967: Tony Rome: Avec Frank Sinatra

1967: Banning (Les Portes Closes): Avec Robert Wagner

1971: Diamonds are Forever: Avec Sean Connery

1973: Screaming Target (Pour la Peau d’une Garce) Avec Oliver Reed

1982: The Concrete Jungle: Avec Barbara Luna

1998: Something to Belive In: Avec Maria Pittilo et William Macnamara

2002: The Calling (Man of Faith): Avec Faye Dunaway, Robert Wagner et Damian Chapa

2002: The Trip: Avec Larry Sullivan, Steve Braun et Alexis Arquette

 

 

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