Aussi ravissante que discrète, l’actrice Janet Margolin naît à New-York le 25 Juillet 1943. Fille unique d’une famille d’immigrés Juifs Russes, rien ne la prédestinait à devenir actrice. Son père est un comptable et ses préoccupations sont à mille lieues des planches broadwayriennes. Inutile de dire qu’il fut fort étonné lorsque sa fille devenue une ravissante adolescente lui déclara vouloir intégrer les cours de la très sérieuse école des arts de la scène. Diplôme en poche, elle sera un temps accessoiriste avant de trouver sa chance en 1961 avec un rôle « puissant » dans « les filles du silence ». Une pièce qui sera un des hits de la saison. Rôle qui lui vaudra des critiques unanimement élogieuses. Elle a dix-sept ans!
En 1961 on en est encore à s’affoler des charmes pulpeux de Marilyn Monroe et Jayne Mansfield. On rit des pitreries de Doris Day et de Jerry Lewis, bref, pour Janet Margolin qui préfigure les actrices de la décennie suivante, autant dire qu’elle n’a pas particulièrement le physique idéal pour que les producteurs hollywoodiens se jettent à ses pieds! L’année suivante, pourtant, un producteur prend le risque de lui confier un premier rôle dans un film, celui de Lisa dans « David et Lisa ». Un petit film d’auteur tourné en noir et blanc avec un budget microscopique de 180.000 dollars. Une love story peu conventionnelle entre David souffrant d’un trouble de la personnalité et refusant tout contact physique et Lisa souffrant, elle, d’un dédoublement de la personnalité. Parfois elle s’exprime en rimes, parfois avec un papier et un crayon!
Inutile de dire qu’on n’est pas du tout dans « My Sister Eillen »! Mais qu’importe, le film rapporta plus d’un million de dollars en une seule semaine d’exploitation et dans la foulée glana plusieurs nominations aux Oscars. Janet était lancée comme avait été lancée Patty Duke avec « Miracle en Alabama ». Dès lors s’en suivront une jolie collection de films souvent prestigieux mais où, comme on s’en doute, Janet Margolin ne trouvera plus de matériau si délicat à défendre. Elle sera de « la Plus belle Histoire jamais contée » et deviendra même la fille italienne de Gina Lollobrigida dans « Buona Serra Mrs Campbell ». Woody Allen, particulièrement fasciné par sa grâce et son talent fera d’elle sa partenaire à deux reprises, dans « Prend l’Oseille et Tire-Toi » et dans le cultissime « Annie Hall » qui vaudra un Oscar à Diane Keaton.
En 1979, Janet Margolin se marie avec l’acteur réalisateur Ted Wass de huit ans son cadet et le couple aura deux enfants, Julian et Mathilde.
L’actrice prend alors quelque peu ses distances avec le cinéma et le théâtre pour se consacrer à sa vie de famille. Elle ignore encore que ses jours sont déjà comptés. elle tournera encore deux films et s’éteindra, emportée par un cancer des ovaires deux mois après avoir fêté ses 50 ans, le 17 Décembre 1993.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1962: David et Lisa: Avec Keir Dullea
1965: Morituri: Avec Marlon Brando, Yul Brynner et Trevor Howard
1965: La Plus Grande Histoire Jamais Contée: Avec Carrol Baker, Ina Balin et Max Von Sydow
1965: Bus Riley Back in Town: Avec Ann Margret et Michael Parks
1966: Nevada Smith: Avec Steve McQueen, Suzanne Pleshette, Karl Malden et Brian Keith.
1968: Buona Serra Mrs Campbell: Avec Gina Lollobrigida, Telly Savalas et Peter Lawford
1969: Prends l’Oseille et Tire-toi: Avec Woody Allen
1973: Your Three Minutes are Up: Avec Beau Bridges
1977: Annie Hall: De et avec Woody Allen
1979: Last Embrace: Avec Roy Scheider et Christopher Walken.
1989: Ghostbusters II: Avec Sigourney Weaver et Bill Murray