jan sterling

Cette blonde actrice que l’on aurait voulue incendiaire fut une des valeurs les plus sûres du cinéma Hollywoodien des années 50. Un cinéma qui ne sut pas voir en elle la fabuleuse star qu’elle aurait pu devenir, peut-être la meilleure et la plus grande de toutes.

Jane Sterling Adriance naît le 3 Avril 1921 dans une famille New-Yorkaise aisée. Si aisée qu’après son divorce, sa mère prendra la décision de s’installer en Europe avec son nouveau mari et où la petite Jane grandira élevée dans des écoles privées londoniennes ou parisiennes. C’est d’ailleurs à Londres que ses parents céderont à un « caprice » et l’autoriseront à étudier l’art dramatique. Une toquade de jeune fille, sans doute, Jane n’a que 15 ans.

A ceci près qu’au prochain séjour de mademoiselle Sterling à Manhattan, elle en profitera pour courir les auditions et fera ses débuts, encore adolescente à Broadway où sa beauté, ses bonnes manières et il faut bien le dire, son talent, lui apporteront d’emblée un joli succès. Elle a 17 ans.

Pour ses vingt ans, Jan Sterling s’offre une guerre mondiale et un très élégant mari, le comédien britannique Jack Merivale. Tous les cinéphiles connaissent le nom de Jack Merivale mais seraient bien en peine de citer un de ses films, et pour cause: Sa célébrité lui vient d’avoir succédé à Laurence Olivier dans la vie de Vivien Leigh dont il devint le chevalier servant attitré jusqu’à la fin de la star en 1967. Entretemps, Linda Christian et Ava Gardner avaient bataillé pour ses charmes nonchalants et sa parfaite éducation!

Mais en cette année 1941, époque ou Jack Merivale préfère encore les blondes, il va former avec sa jeune et très belle épouse un couple de théâtre, chic et distingué que l’on aime avoir à souper dans les hautes sphères après les avoir applaudis dans un spectacle de qualité.

En 1947, Hollywood s’était comme il se doit intéressé à cette belle actrice à succès, l’avait convoquée, distribuée dans un film sous le nom de Jane Darian, son nom de scène à Broadway . Elle reprit son véritable patronyme dès la bobine suivante.

Et dès la bobine suivante, Jan Sterling mit Hollywood K.O. Distribuée en second rôle féminin dans « Johnny Belinda » qui vaudra un Oscar à sa star Jane Wyman; Jan Sterling fait de chacune de ses scènes un moment d’émotion intense. N’ayons pas peur de le dire, lorsqu’elle est à l’écran, miss Wyman disparaît purement et simplement! Un journaliste en mal de copies mais pas de brandy écrivit le plus sérieusement du monde qu’en fait miss Jan Sterling n’existait pas. En fait c’était Lana Turner qui tenait le rôle sous un faux nom! Jan Sterling haussa les épaules, elle avait d’autres soucis que les délires schizophréniques des journalistes. Elle divorçait de Jack Merivale après sept ans de mariage. Nous étions en 1948 et déjà Hollywood agissait avec Jan Sterling comme il continuerait de le faire jusqu’à la fin de sa carrière. Jan fut encensée pour sa prestation, Jane Wyman fut couronnée aux Oscars, Agnès Moorhead fut nommée ainsi que Lew Ayres et Charles Brickford, en tout douze nominations aux Oscars, pas un mot pour Jane Sterling la fabuleuse.

Elle s’en alla. Regagna New-York et Broadway.

jan sterling

Elle reviendra, pourtant, dès 1950, éclipser Eleanor Parker dans « Caged » et surtout épouser l’acteur Paul Douglas de 14 ans son aîné.

Douglas s’est composé un personnage d’homme mûri par la vie avec un cœur de collégien et forcément souvent manipulable par les femmes dans ses films. Et ceci qu’il soit sardinier ou millionnaire! Linda Darnell, Barbara Stanwyck et même Eve Arden lui en feront voir de toutes les couleurs! Paul Douglas n’est pas à proprement parler un don Juan, mais il est un acteur très coté et fort populaire. En outre, sa parfaite éducation  et son élégance sans défaut conviennent particulièrement bien à sa jeune épouse paradoxalement vulgaire à souhait dans « Caged »!

Snobée par les Oscars en 1948, Jan Sterling reviendra à la cérémonie en 1950 devant les saluts et les courbettes, c’est son mari Paul Douglas le maître de cérémonie de l’année. Il n’y a pas de petites victoires. En 1950 toujours, le tout Hollywood s’ébaubissait sur le couple Sterling-Douglas car disait-on « La fortune leur avait souri en même temps. Le fait était assez rare pour être longuement commenté d’autant que ces deux-là ayant attendu la fortune un peu longtemps n’avaient aucun scrupule à en profiter largement. Ils occupaient une villa si grande qu’elle avait sa propre salle de bal. La piscine était si vaste qu’on pouvait y faire du canot et qu’elle était traversée de deux ponts donnant accès à la bâtisse principale!

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Hollywood va réserver à Jan Sterling un traitement à la fois spécifique et déjà vu. Soit Jan Sterling est distribuée dans des seconds rôles dans des films de prestige où elle côtoie alors les plus grands, soit elle est une vedette de série « B » où ses partenaire sont alors le prestige de Richard Egan ou…Mamie van Doren!

Sur le tournage de « Man with the Gun » en 1953, elle s’entichera de sa jeune partenaire Karen Sharpe et deviendra son mentor. Le plus haut fait de gloire de miss Sharpe qui se rêvait patineuse sur glace fut d’être l’épouse et la veuve de Stanley Kramer!

Le couple Douglas-Sterling va vivre heureux et prospère. Hollywood reconnaissant le talent de l’un et de l’autre, Jan sera enfin nommée aux Oscars pour « Le Haut et le Tout Puissant » en 1954 pour son second rôle dans le film. Et si l’Oscar lui échappa, raflé par Eva Marie Saint pour « Sur Les Quais », elle avait emporté le Golden Globe une semaine plus tôt.

L’année suivante, après le tournage de « 1984″, Jan Sterling met au monde son fils Adam Douglas.

Paul Douglas était un homme heureux. Sa carrière décollait, il était unanimement respecté du public, des studios et par la presse. Il adorait sa jeune et belle épouse qui le lui rendait bien, et il était le père comblé d’un beau garçon. Son seul regret, ou plutôt son seul rêve encore non réalisé était de tourner pour Billy Wilder qu’il vénérait.

Or, Billy et Jan étaient devenus des amis, et puisque tout le monde se retrouvait à New-York en même temps, on décida d’aller ensemble au restaurant, Jan, Paul, Billy et IAL Diamond, le scénariste attitré de Billy Wilder.

Or ces deux-là préparent « La Garçonnière » pour Jack Lemmon et Shirley MacLaine et n’ont pas encore choisi l’acteur qui personnifiera le patron infidèle, lâche et séduisant, monsieur Jeff D. Sheldrek.

Dès qu’ils entrèrent au restaurant, le sort en fut jeté, Paul Douglas ÉTAIT le personnage. Wilder l’engagea sur le champ. Jan Sterling avait elle intrigué en organisant ce dîner, je l’ignore, mais pour Paul Douglas, ce soir là fut un des plus beaux de sa carrière d’acteur sinon de sa vie d’homme.

Deux jours plus tard, le 11 Septembre 1959, Paul Douglas mourait, emporté par une crise cardiaque foudroyante. Veuve avec un petit garçon d’à peine cinq ans, Jan Sterling fut anéantie.

A Hollywood Billy Wilder fut lui aussi terrassé par la nouvelle. C’est Fred McMurray qui deviendra l’impossible monsieur Sheldrake.

Jan Sterling ne parviendra jamais à surmonter la mort de Paul Douglas. Elle revint, bien entendu à l’écran mais sa beauté fabuleuse s’était altérée, elle avait maintenant les traits tirés, et surtout la splendide flamme sacrée qui brillait en elle, haute et claire s’était éteinte. Alfred Hitchcock, un de ses fans inconditionnels la choisira pour un de ses films, mais après avoir vu les essais de Jan, la Columbia s’y oppose et « Hitch » se range à l’avis du studio.

Jan Sterling retrouvera son cher Broadway et se montrera à la télévision puisque ses studios sont à New-York mais elle rechignera à revenir à Hollywood. On la retrouvera même chez « Hulk » ou dans « La Petite Maison dans la Prairie »!

Dans les années 70, elle aura une longue liaison avec un autre acteur, Sam Wanamaker mais ne semblera pas pour autant reprendre foi en sa carrière.

La fin de vie de Jan Sterling sera ponctuée d’un autre drame, celui de la mort de son fils adoré en 2003. Drame auquel elle ne fut guère en mesure de survivre.

Elle même s’éteint le 26 Mars 2004, elle avait 82 ans, elle souffrait de diabète et était hospitalisée pour une fracture du col du fémur. Hollywood fut sous le choc, elle s’était remontrée en public à 80 ans lors d’un festival du film et l’on avait été très ému de la retrouver après un silence de vingt ans belle et rayonnante comme aux heures les plus brillantes de sa courte gloire.

Jan Sterling est une des rares actrices, avec Gene Tierney à gagner en prestige avec le temps qui passe. Négligée en son temps, elle est considérée aujourd’hui comme une des meilleures actrices de son époque, une des meilleures à avoir hanté Hollywood. Quel juste retour des choses.

Tardif mais juste.

Celine Colassin.

jan sterling

QUE VOIR?

1948: Johnny Belinda: Avec Jane Wyman, Agnès Moorhead et Lew Ayres

1950: Caged: Avec Eleanor Parker et Agnès Moorhead

1950: The Skipper Surprised his Wife: Avec Joan Leslie et Robert Walker

1950: Union Station: Avec Nancy Olson et William Holden

1951: La Saison des Amours: Avec Gene Tierney et John Lund

1951: Appointment With Danger: Avec Phyllis Calvert et Alan Ladd

1951: Ace in the Hole (Le Gouffre aux Chimères): Avec Kirk Douglas

1951: Rhubarb: Avec Ray Milland et le chat Rhubarb

1952: Sky Full Moon: Avec Keenan Wynn et Elaine Stewart

1952:Flesh and Fury: Avec Tony Curtis

1953: Les Vaincus: Avec John Payne.

1953: Poney Express: Avec Charlton Heston et Rhonda Fleming

1954: Return From the Sea: Avec Neville Brand.

1954: The High and the Mighty: Avec Claire Trevor et John Wayne

1955: Female on the Beach: Avec Joan Crawford et Jeff Chandler.

1955: Man with the Gun: Avec Robert Mitchum

1956: The Harder They Fall: Avec Humphrey Bogart et Rod Steiger

1957: Slaughter on Tenth Avenue: Avec Richard Egan et Dan Duryea

1958: High School Confidential: Avec Russ Tamblyn et Mamie van Doren.

1958: The Female Animal : Avec Hedy Lamarr et Jane Powell

1961: Love in a Goldfish Bowl: Avec Fabian et Tommy Sands

1967: The Incident: Avec Ruby Lee et Beau Brigdes, Martin Sheen, Donna Mills et Thelma Ritter

1968: The Angry Breed: Avec James MacArthur

1976: Sammy Somebody: Avec Susan Strasberg

1981: First Monday in October: Avec Jill Clayburgh et Walter Mattaw.

 

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