Lorsque l’on me posa la question « Qui était selon moi la plus jet setteuse de toutes les actrices » le nom d’Ira de Fürstenberg me vint immédiatement à l’esprit, coiffant de peu au poteau celui de Marisa Berenson. Mais à tout bien réfléchir, son altesse sérénissime la princesse Virginie de Fürstenberg, dite Ira, fut d’abord une jet setteuse avant de faire, aussi, du cinéma.
Fille du Prince Tassilo de Fürstenberg et de sa première épouse Clara Agnelli, héritière de l’empire Fiat, Ira naît à Rome le 18 Avril 1940.
Le 17 Septembre 1955, Ira fait son entrée définitive dans les colonnes de la presse people en épousant à Venise le prince Alfonso Hohenlohe-Langen. la jeune mariée a 15 ans et son prince 16 de plus. Le couple aura deux enfants qui seront l’objet dès 1960 d’une épouvantable bataille lors du divorce princier de leurs parents qui sera abondamment relayé dans le presse jusqu’à ce qu’Ira annonce en toute franchise: « j’ai tellement souffert à cause de mes enfants que j’ai fini par les prendre en grippe! » Il faut dire que malgré les rutilantes fortunes parentales, Ira de Fürstenberg ne fut pas vraiment préparée à la vie de famille.
Née en 1940 d’un père militaire, c’est peu dire qu’elle l’a peu vu. Quant à sa mère, elle souffre de tuberculose et passe son temps dans des sanatoriums où bien entendu, les enfants sont interdits. Fussent- ils de haute lignée. La petite fille est donc confiée à sa grand’mère ou à …ses domestiques! Lorsque ses parent se croiseront pour la première fois devant elle, elle aura déjà sept ans. Entretemps, Ira a vécu à Venise, à Cortina ou à Lausanne, référenciée avec les « bagages à ne pas perdre »
Ira fut maman à seize ans, et une femme divorcée à vingt, divorcée…ou presque. Finalement, le mariage sera purement et simplement annulé, seule manière de sortir d’une inextricable situation juridique et patrimoniale.
Ira compliquera les choses en se remariant à Reno dès 1961 avec le brésilien Baby Pignatari, redivorçant en 1964 alors que son premier mariage ne sera définitivement aboli qu’en…1969! Dans cette tourmente médiatique, Ira orne sans cesse les première pages de la presse à scandale. Des publications aimant à se pâmer sur les agissements des têtes couronnées. Mais elle est aussi très présente dans les éditos mode car son frère Egon et sa belle-sœur, la belge Diane sont des créateurs très pointus et très cotés. Ira créera elle aussi sa propre ligne de bijoux. Mais les années 60 ne sont pas les années 50, les fastes des mariages princiers sont en perte de popularité (momentanée) aux yeux d’un public qui souhaite maintenant entendre parler de liberté et d’immédiateté des satisfactions.
La jeune Ira, trop tôt mariée, trop tôt mère entend bien profiter de ce nouvel état de choses et se précipite dans la liberté comme une naufragée vers une bouée.
La belle se lance dans le cinéma, pose allègrement très dévêtue et se débarrasse (momentanément là aussi) de sa particule pour faire plus « sympa ». Elle ne cesse pas pour autant de préférer les diamants au plastique coloré pour ses bijoux, sa Rolls avec chauffeur plutôt que l’auto stop, préfère Marbella (qui fut littéralement créée par le clan Fürstenberg) à Katmandou et commande sa garde-robe hippie chez Pucci ou Valentino.
Elle tournera bien entendu quelques films, essentiellement en Italie et vivra sa carrière d’actrice comme une frasque d’adolescence un peu tardive avant de réintégrer ses palais, renoncer aux exhibitions intimes et réserver ses robes de reine aux soirs de grands galas où la roture n’est pas conviée.
Aux esprits chagrins qui avaient l’outrecuidance de ne pas la considérer comme une actrice, elle répondait: « Ah bon? J’ai pourtant tourné quinze films en quatre ans! » Elle avait alors une nouvelle couronne dans son sillage sentimental, le richissime industriel et comte Paolo Marinotti.
Elle avait reconnaissons-le tout pour perpétrer les grandes traditions des divas de la pellicule. En 1967, elle est quelque part sur le globe lorsqu’elle découvre dans sa gazette du matin que son dernier film est sorti à Paris et que les critiques sont plutôt « fraîches »! Alors elle saute dans un avion, débarque à Paris et va voir le film pour comprendre ce qui a déplu. En sortant du cinéma, elle se rappelle qu’on l’attend à Venise et…redécolle pour Londres afin d’y acheter une robe qu’elle vient de voir dans VOGUE! On ne peut plus glamour, non?
A la mort de la princesse Grace de Monaco, elle sera très présente au bras du veuf Rainier III et il fut question de mariage.
A l’époque déjà, le cinéma avait bien oublié les fesses de la princesse de Fürstenberg.
Paradoxalement, Alberto Lattuada déclara un jour qu’après avoir été contraint de la diriger dans un film il s’était retrouvé face à une actrice libre et décontractée. Aussi violente que belle dans ses émotions et qu’elle avait toutes les qualités d’une réelle star de cinéma à commencer par le talent qu’il estimait supérieur encore à sa grande beauté.
Lattuada semble avoir été le seul à penser celà car les interprétations d’Ira de Fürstenberg actrice furent automatiquement moquées par les critiques. Mais reconnaissons qu’ils n’étaient guère plus aimables avec Marilyn Monroe, Rita Hayworth ou Ava Gardner!
Celine Colassin
QUE VOIR?
1964: Le Sexe des Anges: Avec Jean Tissier
1967: Matchless: Avec Donald Pleasance et Patrick O’Neal
1967: J’ai Tué Raspoutine: avec Robert Hossein et Géraldine Chaplin
1967: Deux Billets pour Mexico: Avec Peter Lawford.
1967: Geheimnisse in Goldenen Nylons: Avec Peter Lawford, Georges Géret et Maria Grazia Buccella
1970: La prima notte del Dottor Danieli, industriale col complesso del… Giocattolo: Avec Katia Christine et Françoise Prévost
1971:Fratello Sole, Sorella Luna: de Franco Zefirelli
1971: Cinq Filles sous la Lune d’Aout: Avec Edwige Fenech
1971: Le calde notti di Don Giovanni: Avec Robert Hoffman et Barbara Bouchet
1971: Le Belve: Avec Magali Noël, Françoise Prévost et Margaret Lee
1971: The Fifth Cord: Avec Silvia Monti, Franco Nero et Agostina Belli
1971: Homo Eroticus: Avec Rossana Podesta et Sylva Koscina
1973: La Vie Sexuelle de Don Juan: Avec Barbara Bouchet et Edwige Fenech.
1973: Los Amigos: Avec Anthony Quinn et Franco Nero.
1974: Un Os pour une Nuit de Noces: Avec Lando Buzzanca et Katia Cristina
1975: Trahison au Vatican: avec Walter Pidgeon et Klaus Kinski
1975: I Baroni: Avec Rena Niehaus et Andrea Ferréol
1985: Plus Beau que Moi tu Meurs: Avec Aldo Maccione