Le Dimanche 30 Avril 1972, tôt le matin, l’acteur Larry Langston se rend au domicile de l’actrice internationale Gia Scala. Fermement décidé à rompre leur liaison, il doit s’y prendre de bonne heure. Plus tard dans la journée Gia, sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants sera de moins en moins « accessible ».
Il n’y aura pourtant pas de rupture, Gia est morte.
C’est Larry Langston qui découvre le corps sans vie de l’actrice dans sa villa. Une mort qui ressemble en bien des points à une autre mort célèbre. Celle de Marilyn Monroe dix ans plus tôt. Gia Scala est retrouvée nue, allongé sur son lit, un tube de barbituriques vide à portée de la main. L’habituelle bouteille d’alcool sur la table de nuit. Vide elle aussi.
Gia Scala naît à Liverpool sous le patronyme de Giovanna Scoglio le 3 Mars 1934. Si sa mère est Irlandaise, son père est un aristocrate Sicilien qui a déserté son île après la faillite de sa famille. On a donc de bonnes manières, de solides principes et peu d’argent dans la famille Scoglio. Eternellement à la recherche de travail et d’une solution pour redorer son blason, le père de Giovanna emmènera sa famille vivre à Rome avant de tenter une nouvelle fois sa chance à New-York. C’est là que Giovanna poursuivra ses études.
Les temps sont tout aussi durs en Amérique qu’en Europe et Giovanna aura bien du mal parfois à se souvenir de tous les petits boulots qu’elle a dû faire pour survivre et payer ses études. Elle participe même à des Quiz télévisés où les prix à remporter peuvent l’aider à vivre.
Jolie comme un coeur, les choses vont s’enchaîner relativement vite après un très lent démarrage. On lui a proposé un rôle au cinéma après un de ces passages télévisés et presque simultanément, la jolie Giovanna remporte un de ces fameux quiz: premier prix: un voyage à Hollywood. Elle ne tournera pas le rôle proposé mais fera le voyage.
La nouvelle venue à Hollywood est fabuleusement belle et les studios Universal et Columbia se livrent une petite guéguerre. C’est à qui signera la belle Giovanna. A son grand étonnement, son père, Pietro Scoglio qui devrait se montrer ravi pour elle est fou furieux et le lui fait vertement savoir, il exige son retour immédiat. Giovanna a 21 ans. Elle reste, devient Gia Scala et fait de fort prestigieux débuts dans l’ombre de Rock Hudson et Jane Wyman dans « Tout ce que le ciel permet » de Douglas Sirk. Hollywood « tient » une de ces nouvelles découvertes dont il est si friand. Gia est sur la bonne voie, tourne avec Gregory Peck, Richard Widmark, Robert Taylor, Glenn Ford, Doris Day, ses rôles gagnent en importance et son nom en prestige.
Mais reniée par sa famille, Gia est seule à Hollywood, Hollywood où l’alcool semble couler des robinets et où il est de bon ton, voire même assez sexy d’être vu éméché en fin de soirée. Surtout si l’on est Humphrey Bogart ou David Niven, pour Gia, plus souvent ivre qu’à son tour, les portes auraient plutôt tendance à se refermer sur des airs navrés pour elle.
Lorsque l’on est à Hollywood une très belle fille seule mais sous contrat, on rencontre invariablement une âme charitable qui vous prêtera quelques cachets aux effets plus intéressants mais moins voyants que ceux de l’alcool. Pour Gia, les stupéfiants vont s’ajouter à l’alcool.
Son physique et son travail s’en ressentent, la qualité des choses qu’on lui propose dégringole et bientôt, la belle n’a d’autre choix que de s’exiler vers l’Europe où son prestige d’actrice n’est pas encore terni par son comportement privé. Hélas, l’équilibre de Gia Scala est fragile, la belle souffre de dépression chronique encore aggravée par l’alcool, bientôt, ses tentatives de suicide seront aussi connues que ses dérives d’alcoolique.
Le cinéma Anglais préfèrera se passer de ses services.
La belle rentre à Hollywood tourner des choses aussi prestigieuses que « L’Homme des Fusées Secrètes » ou « Trahison à Athènes » et se réfugie à la télévision pour survivre financièrement. Mais là aussi les portes finiront par se fermer.
C’est complètement oubliée qu’elle s’éteint en ce Printemps de 1972.
On ne saura jamais si la mort de Gia Scala fut accidentelle ou volontaire.
Un bref mariage avec un acteur de seconde zone, Donald Burnett rencontré sur le set de « Le Triomphe de Robin des Bois » en 1959 n’aura pas pu l’aider, le couple divorçait en 1970 après onze années d’une vie faite de drames et de séparations.
CELINE COLASSIN
QUE VOIR?
1955: Tout ce que le Ciel Permet: Avec Rock Hudson et Jane Wyman
1956: Le Prix de la Peur: Avec Lex Berker
1956: Quatre Filles Ravissantes: Avec John Gavin
1957: Le Magot: Avec Errol Flynn
1957: Racket dans la Couture: (pas vu)
1957: Contrebande au Caire: Avec Robert Taylor
1957: Prenez Garde à la Flotte: Avec Glenn Ford
1958: Le Père Malgré Lui: Avec Richard Widmark et Doris Day
1958: L’Etoile Brisée: Avec Audie Murphy
1960: L’Homme des Fusées Secrètes: Avec Curd Jurgens
1962: Le Triomphe de Robin des Bois: Avec Don Burnett