Françoise Deldick vient au monde le 7 Novembre 1939 à Saint Maur les Fossés dans le Val de Marne sous le patronyme de Marie-Françoise Deldique. Dès son plus jeune âge, cette jolie demoiselle se sentira irrésistiblement titillée par la vocation de comédienne et intégrera le prestigieux cours Simon. On y remarquera outre qu’elle est ravissante, qu’elle est surtout douée d’un humour et d’un entrain qui pourraient faire d’elle un véritable clown en jupons plutôt qu’un nouvel ersatz de Brigitte Bardot la tant copiée en cette fin des années 50. Françoise pourtant ne résistera pas à l’attrait de la choucroute capillaire et des petits fantaisies de starlette en mal de publicité.
En attendant la gloire ou au moins la reconnaissance, la ravissante Françoise professe comme dactylo…Et s’envire de danse et de musique une nuit après l’autre. Plus tard elle dira: A 22 ans j’étais une petite dactylo égérie de tous les blousons noirs de Paris! » A l’heure de ces charmants aveux elle n’était toujours pas une icône des écrans mais était de l’avis unanime « la reine du twist ». Amusant pour une demoiselle certes « bardotisée » mais qui a tenu face à Jacques Dumesnil au théâtre dans « Gorgonio ».
En 1959, après avoir débuté à la télévision, elle obtient son premier rôle au cinéma dans un film au titre évocateur en diable « Les Heures Chaudes ». Et puisque le film est sélectionné au festival de Cannes, Françoise débarque, juchée sur un fier étalon blanc comme neige et entre sur sa monture et sans plus de façons au Carlton!
Mais la starlette affriolante, même si son physique le lui permet largement, ce n’est pas son truc. Françoise a bien trop de tempérament pour se contenter d’envoyer des bisous Marilynesques aux objectifs des photographes! Elle se préfère décidément dans la comédie et après avoir parodié une Brigitte Bardot de cambrousse face à Jean Gabin et Renée Faure dans « Le Président » d’Henri Verneuil, elle triomphe à l’Alhambra avec Annie Cordy et Bourvil dans une opérette « Ouah, Ouah »! Bientôt la presse ne la désigne plus comme « la pin-up » mais « la fantaisiste ».
Françoise avait donné lieu dans « Le Président » à un des dialogues les plus fracassants signés Audiard. Gabin incarne un président du conseil à la retraite et Renée Faure sa secrétaire à qui il dicte ses mémoires. Françoise, sosie de Brigitte Bardot dans tous ses états les sert à table:
Françoise: « M’Sieu l’président, est -ce que je pourrais avoir mon après-midi, c’est rapport à ma grand’mère qu’est très malade, je voudrais aller la voir »
Gabin: « Mais oui, mon petit, mais oui, c’est très bien de vous inquiéter pour votre grand’mère, je vous félicite! »
Françoise: Merci m’sieu l’président! » elle sort
Renée: « Oh! Quel culot! »
Gabin: « Non, le culot ca aurait été de me dire « est-ce que je peux avoir mon après midi pour aller me faire sauter? » ca, oui, ca aurait été du culot! »
Après le dîner, Gabin converse avec un paysan en bordure de son champ lorsque Françoise passe en bicyclette, cuisses au vent.
Le Paysan: Où c’est-y qu’elle s’en va encore celle-là? »
Gabin: Voir sa vieille mémé qu’est malade!’
Bien entendu le cinéma fait régulièrement appel à son tempérament pour de bonnes comédies bien franchouillardes ou à sa beauté blonde pour animer quelques séries noires bien sympathiques. Elle est de ces comédiennes blondes et bien roulées qui n’hésitent pas à professer dans l’humour et que l’on rencontre beaucoup dans le cinéma des années 60 comme Sophie Hardy, Sophie Daumier, Mireille Darc et j’en passe. En 1963 elle affole le jeune Jacques Higelin dans « Bébert et l’omnibus » d’Yves Robert. Elle est une Brigitte Bardot de la cambrousse qui va en bicyclette sortir ses vaches du pré avec un accent assez surprenant.
Mais Françoise diversifie ses activités après avoir épousé le bassiste du groupe « Danny Logan et les Pirates », elle se pique de variétés en cette époque où l’idole est résolument yéyé! Elle enregistrera quelques 45 tours qui auraient pu faire l’affaire de Sylvie Vartan ou France Gall et s’offrira même un passage à l’Olympia!
Divorcée de son musicien, elle se remariera avec un jeune prodige du football, Pierre-Alain Wiik avec qui elle aura deux fils: Benjamin, né en 1974 et Aurélien né en 1980.
La petite famille Wiik est une famille heureuse. Si Pierre Alain a renoncé au football, Françoise n’abandonne pas sa carrière même si le couple a ouvert un restaurant. Un restaurant où un drame va se produire. Un soir, un chauffard va rater un virage et défoncer la vitrine du restaurant avec sa voiture qui se retrouve au milieu des tables et des dîneurs. Hélas Françoise a été happée par la voiture. Elle est emmenée à l’hôpital dans un état si grave et souffrant tellement qu’il est décide de la plonger dans un coma artificiel.
Elle guérira, reviendra à la vie et retrouvera sa famille, elle réouvrira même son restaurant! Mais elle restera très affaiblie et mettra un frein à sa carrière, n’acceptant plus que des rôles courts dans des films ou des pièces de théâtre qui ne la fatigueront pas trop. Son jeune fils Aurélien Wiik étant lui aussi devenu comédien, on la retrouvera parfois comme un délicieux clin d’oeil dans les films que tourne son fils.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1959: Les Heures Chaudes: Avec Liliane Brousse
1959: Le Bossu: Avec Bourvil et Jean Marais
1959: Katia: Avec Romy Schneider et Curd Jurgens
1960: La Capitan: Avec Jean Marais
1961: Le Président: Avec Jean Gabin et Renée Faure
1961: Léon Garros Ishchet Druga: Avec Jean Gaven et Yuri Belov
1962: Une blonde comme ça (Miss Shumway jette un sort) Avec Tania Beryl
1963: Bébert et l’Omnibus: Avec Jacques Higelin.
1963: Les femmes d’abord: Avec Christiane Minazzoli, Eddie Constantine et Claudine Coster
1965: La Traite des Blanches: Avec Magali Noël et Reine Rohan
1965: La Bonne Occase: Avec Edwige Feuillère et Francis Blanche
1965: La Grosse Caisse: Avec Bourvil et Paul Meurisse
1972: L’Odeur des Fauves: Avec Joséphine Chaplin et Maurice Ronet
1979: La Dérobade: Avec Miou-Miou et Maria Schneider
1982: Qu’est-ce qui fait Craquer les Filles?: Avec Katia Tchenko, Guy Montagné et Georges Descrières