Fanny Cottençon est de ces comédiennes françaises présentes sur tous les fronts, que ce soit le théâtre le cinéma ou la télévision et de celles qui ont la grâce d’une véritable popularité au cœur d’un public fidèle mais qui n’en fait pas pour autant des stars.
Cette comédienne dont on sait au fond fort peu de choses même si tout le monde la connaît naît au Gabon d’un papa géologue et d’une maman institutrice le 11 Mai 1957. Lorsque les Cottençon quitteront l’Afrique pour rentrer en France, ils s’installeront à Versailles. Passionnée de théâtre et de cinéma, Fanny suit de très sérieuses études en ce sens, et fraîchement émoulue de la Rue Blanche, elle suit le parcours commun à toutes les jeunes comédiennes, sillonnant la France de festival en festival et chassant le petit rôle au bas des affiches et des génériques.
Elle débute véritablement en 1977, une première figuration à l’ombre de Michel Galabru dans « La Nuit de Saint Germain des Près », un autre à la télévision dans la série « Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau » dont Anouk Ferjac est la vedette. Fanny Cottençon mettra cinq bonnes années pour se faire une place au soleil des sunlights du cinéma français.
Mais quelle place!
En 1982 elle enchaîne deux tournages de première importance: « Paradis pour Tous » et « L’Etoile du Nord » qui la réunit à Philippe Noiret et Simone Signoret dont elle joue la fille. Dans « Paradis pour Tous » elle était la fille de Stéphane Audran et l’épouse de Patrick Dewaere.
Fanny était tétanisée à l’idée d’affronter Simone Signoret à l’écran. Et elle n’oubliera jamais son arrivée sur le tournage. Toutes les personnes qu’elle croise la mettent en garde: « Fais gaffe! Elle voulait qu’on donne le rôle à sa fille Catherine Allégret, elle va te laminer! » Et de fait, Fanny n’aura pas un bonjour, pas même un regard de « LA » Signoret. Tremblante comme une feuille, elle essaie de tenir son rôle de fille effrontée devant une Simone glaciale mais qui soudain laisse tomber « Elle est très bien cette petite, mais tu vois, ma chérie, quand tu parle à ta mère dans cette scène, ne garde pas le regard sur elle, regarde un peu ailleurs, n’importe quoi, une fleur du papier peint, comme si tu t’en fichais de ce qu’elle te raconte! »
L’année suivante sa prestation dans « L’Etoile du Nord » lui vaudra le césar du meilleur second rôle féminin, ce qui lui permet d’évincer la vétérane Denise Grey, la légende Danielle Darrieux et Stéphane Audran nommée pour « Paradis pour Tous » où elle jouait donc sa mère!
« Paradis pour tous » qui aura des retombées plus funestes pour Fanny, car son partenaire l’acteur Patrick Dewaere se suicide alors que le film vient de sortir. La presse bien entendu l’assaille. Elle, sa dernière partenaire qui vient de mimer l’amour dans ses bras. Questions sur ce geste qui glaça d’effroi tout le cinéma français. Le film prend une autre résonance que celle qu’aurait dû lui valoir ses qualités dans une situation moins troublée et moins morbide.
Fanny Cottençon n’est pas de celles qui blablatent à qui mieux mieux dans les gazettes même si VOGUE la photographie en Nina Ricci.
Elle a rencontré Roger Coggio, compagnon de longue date d’Elizabeth Huppert et une longue liaison commence quand une autre se termine. Ils seront partenaires dans « Les Fourberies de Scapin » que Coggio adapte pour le cinéma et le couple est solide même si Roger Coggio a 21 ans de plus que sa compagne.
Fanny Cottençon est donc sur la bonne voie, mais qu’est-ce qui freine son ascension vers le vedettariat absolu?
Sans doute parce que tout d’abord les autres comédiennes que sont Agnès Soral et Dominique Blanc jouent sur les mêmes arguments qu’elle. Sans être interchangeables elles tiennent le même type emploi. Ensuite encore, pour avoir tenu de beaux rôles dramatiques, Fanny Cottençon a également servi la soupe à quelques comiques dans des comédies qui ne volaient pas bien haut au dessus de la navrance. Francis Perrin lui fera particulièrement beaucoup d’usage. Il y a aussi quelques navets absolument sensationnels comme « A coups de crosse ». En bref Fanny Cottençon joue un peu de tout un peu partout et même si elle le fait très bien, son image est quand même un peu confuse. Le beau grand rôle qui pourrait faire pour elle ce que fit « L’Été Meurtrier » pour Isabelle Adjani ne viendra pas.
Ensuite encore, elle est complètement étrangère à la notion de vedettariat et se fiche comme d’une guigne de jouer les vedettes!
Et puis la maladie va frapper Roger Coggio en 1991 et la comédienne va mettre sa carrière relativement en veilleuse jusqu’à ce que le cancer emporte Roger Coggio le 22 Octobre 2001 à l’âge de 67 ans.
Fanny va reprendre le collier et mettre les bouchées doubles Elle est de ces actrices populaires que la France aime à retrouver au coin de l’écran du dimanche soir, et tant pis si avec le temps c’est plus souvent dans un second rôle que dans un premier. Après avoir joué les « filles de », Fanny joue « Les mères de », elle enchaîne les tournages promène les « Monologues du vagin » à travers la France, et toujours belle, j’ai envie de dire « intacte », le regard pétillant, la silhouette gracieuse elle garde cette voix si particulière qui nous la rend plus attachante encore.
Et puis qui sait, si finalement, demain, ne viendra pas le beau grand rôle qui fera de Fanny Cottençon une star.
Enfin!
Celine Colassin
QUE VOIR ?
1977: La Nuit de Saint Germain des Près: Avec Chantal Dupuy, Michel Galabru et Mort Shuman
1981: Les Fourberies de Scapin: Avec Michel Galabru et Jean-Pierre Darras
1981: Le Roi des Cons: Avec Marie-Christine Descouard et Francis Perrin
1981: Signé Furax: Avec Maurice Risch
1982: Tête à Claques: Avec Francis Perrin
1982: L’Etoile du Nord: Avec Simone Signoret et Louis Jourdan
1982: Paradis pour Tous: Avec Patrick Dewaere et Stéphane Audran
1983: Tout le Monde peut se Tromper: Avec Francis Perrin
1983: L’Ami de Vincent: Avec Philippe Noiret et Jean Rochefort
1984: Femmes de Personne: Avec Marthe Keller et Jean-Louis Trintignant
1984: A coups de crosse: Avec Bruno Cremer
1984: Les fausses confidences: Avec Brigitte Fossey et Micheline Presle
1986: Golden Eighties: Avec Lio et Delphine Seyrig
1987: Tant qu’il y aura des Femmes: Avec Roland Giraud et Fiona Gélin
1987: Poussière d’Ange: Avec Fanny Bastien et Bernard Giraudeau
1987: Le journal d’un fou: De et avec Roger Coggio
1988: Les Saisons du Plaisir: Avec Stéphane Audran et Jean-Pierre Bacri
1988: A Gauche en Sortant de l’Ascenseur: Avec Emmanuelle Béart et Pierre Richard
1989: La Folle Journée ou le Mariage de Figaro: Avec Roger Coggio, Marie Laforêt et Michel Galabru
1991: Les Clés du Paradis: Avec Gerard Jugnot
1996: Pandora: Avec Philippe Léotard et Inès de Medeiros
2001: Mortel Transfert: Avec Hélène de Fougerolles et Jean-Luc Anglade
2004: Mariage Mixte: Avec Olivia Bonamy et Gerard Darmon
2007: La Chambre des Morts: Avec Mélanie Laurent et Gilles Lellouche
2007: Dialogue avec mon jardinier: Avec Daniel Auteuil
2011: Le Jour de la Grenouille: Avec Joséphine de Meaux et Patrick Catalifo
2013: Les Beaux Jours: Avec Fanny Ardant et Patrick Chesnais