Blonde comme les blés et rayonnante comme un soleil d’été, Dorothy Provine fut une des plus éblouissantes star de télévision des années 60. Mais ce n’est pas une raison pour occulter son passage sur écran large qui fut tout aussi flamboyant?
Michele Dorothy Provine naît dans le Dakota du Sud, à Deadwood, le 20 Janvier 1937. Elle aura deux soeurs, Susan et Patricia. Il y a peu de distractions pour des jeunes filles à Deadwood à part la tombe de Calamity Jane! En 1953, Dorothy peut s’échapper du Dakota pour rejoindre l’université de Washington. Elle a quinze ans, fait déjà fureur sur le campus. Elle abandonnera ses études en 1957, happée par la gloire sans avoir eu le temps de décrocher son diplôme. Passionnée de théâtre, Dorothy participait fiévreusement à tous les spectacles de l’université. C’est là, comme dans un vieux conte de fées usé, qu’elle fut « repérée » par un talent scout de la Warner nous dit la légende Dorothy Provine. Elle aurait alors fourré ses sweaters moulants dans une petite valise, se serait ruée à Hollywood et aurait décroché un premier rôle dans un film trois jours après son arrivée! Celui de Bonnie Parker! Décidément, Dorothy restait dans les grandes figures féminines de l’armes à feu!
La réalité nous obligerait cependant à un modeste bémol, Dorothy, piquée par le démon du théâtre à l’université avait envoyé ses photos un peu partout et elle avait déjà un peu tourné pour la télévision lorsqu’elle débarqua sur le plateau de « The Bonnie Parker Story » dont elle serait la grande vedette. Il reste donc, évident, malgré cette légère correction que les débuts de Dorothy Provine furent pour le moins rapides, et ils ne le furent pas qu’à l’écran.
Avant son arrivée à Hollywood, elle avait cherché une colocataire pour partager les frais d’un appartement et s’était installée dans l’appartement de l’actrice Lyn Osborn. Pour fêter l’arrivée de sa somptueuse locataire toute en jambes, Lyn lui proposa de l’accompagner le soir même à une réception où elle était invitée, chez le producteur Howie Horowitz.
Pour sa première nuit à Hollywood, Dorothy s’endormait avec un nouveau contrat Universal sous son oreiller.
Dorothy allait aligner les tournages et les émissions de télévision à un rythme effréné. Elle allait également passer d’un studio à l’autre. Non que l’on fut déçus de ses services, mais la blonde créature rivalisait de hauteur avec Ingrid Bergman et Sophia Loren. On n’avait pas toujours un courageux jeune premier voulant affronter ce genre de gigantesques créatures montées sur talons aiguilles pour dépasser allègrement le mètre quatre vingt! Seul Rock Hudson se montrera ravi de ne pas devoir jouer « plié en deux » face à Dorothy.
Et puis aussi, avouons-le, Dorothy avait le coeur vite enflammé et elle ne dédaignait pas aligner les flirts à une vitesse aussi effrénée que les tournages! Bientôt, si Kim Novak se pavanait tant et plus sur le trône de « la célibataire la plus libre et la plus endurcie d’Hollywood », il faut bien avouer que pour être plus discrète, Dorothy la battait quand même à plate couture!
Dès son arrivée elle avait mis beaucoup d’ambiance dans le couple de Dale Robertson, mais cette activité de joyeux trublion la lassa vite et on la vit beaucoup avec Alan Ladd jr, avant de se passionner pour Gardner Mackay. Gustavo Rojo, Andy Williams, Ray Strickland et Ray Anthony complétèrent eux aussi sa collection d’aimables passe-temps !
Dans ce tumulte sentimental, Dorothy trouva le temps d’être l’héroïne de deux séries télévisées à succès produites par Warner dont elle devenait une des stars les plus rentables grâce à cet engouement pour sa blonde personne que ressentaient les familles américaines au grand complet lorsqu’elle passait à la télévision…Au moins une fois par jour! Cette admiration des familles explique sans doute que l’on évita de trop s’épancher sur la vie privée de miss Provine dans la presse. Elle n’était pas une star pour célibataires émoustillés mais pour familles bien sages !
Ainsi, si la prestation de Marilyn chantant pour Kennedy fait encore parcourir un léger frisson de scandale sur les échines émotives, on oublie souvent que Dorothy Provine avait fait la même chose quelques mois plus tôt! Et tant qu’à réviser les grands classiques des coulisses hollywoodiennes, Dorothy eut droit comme tout le monde à son épisode « romance avec Frank Sinatra », avant de s’offrir, (mais oui, pourquoi pas?) son petit torero personnel en la personne de Fernando Echevarria! (Non mais!)
Avec l’avènement des années 60, Dorothy s’en alla distraire les troupes en compagnie de Bob Hope au Labrador. Elle avait maintenant une somptueuse villa sur les hauteurs de Beverly Hills et ses romances avec Frank Sinatra et les studios Warner se portaient on ne peut mieux. Un véritable tsunami bouleversa soudain ce bel agencement.
La Warner lui concoctait une nouvelle série télévisée, une resucée d’un vieux succès de Betty Hutton « Les Périls de Pauline » lorsque la gentille Dorothy se mit en tête de jouer dans le film le plus controversé qui se préparait alors « The Chapman Report » où elle voulait incarner Naomi la nymphomane! La Warner hurla, Dorothy aussi! Elle envoya à la tête de Jack Warner le scénario des « Perils de Pauline », lourd comme un camion citerne! Dans la foulée, Frank Sinatra se fiança avec Juliet Prowse, Dorothy outragée mais digne s’envola pour Londres et sa télévision!
Dorothy reviendra à Hollywood et chez Warner. Si elle ne fit jamais « The Chapman Report », elle ne fit jamais « Les Périls de Pauline » non plus! Elle fit par contre une chute malencontreuse et se brisa une vertèbre, ce qui la cloua au lit cinq semaines. Elle fit aussi une allergie au soleil sur le plateau de « Un Monde Fou Fou Fou » de Stanley Kramer.
Elle sera hospitalisée à la suite de l’éclatement d’un vaisseau sanguin dans une de ses jambes alors qu’elle répétait son nouveau spectacle pour le « Riviera » à Las Vegas en compagnie de Georges Burns. Burns qui s’était déjà montré odieux avec elle finit par la faire remplacer par Connie Stevens!
Toute à sa nouvelle passion pour Robert Vaughn, la belle Dorothy se demandait quand même si sa bonne étoile n’allait pas finir par la lâcher! Les querelles avec Jack Warner s’envenimaient d’heure en heure, et Dorothy qui maintenant avait ravi Glenn Ford aux griffes de Suzanne Pleshette finit par racheter son contrat quelques jours avant de débuter le tournage de « The Big Race » avec Natalie Wood et Tony Curtis. Elle fut d’ailleurs complètement sidérée de ne pas être remplacée au pied levé, mais le film s’adressait à son public de prédilection: les familles!
Dorothy clamera de plus en plus fort son mépris pour Hollywood et l’ennui incommensurable qu’elle éprouve à y vivre. Elle songea un temps à s’installer en Italie puis se souvint qu’elle avait aimé Londres et y retourna! Elle n’y devint pas plus sage pour autant!
Le 11 Décembre 1968, on apprenait qu’Eileen Day avait obtenu le divorce parce que son mari le réalisateur Robert Day avait une liaison notoire avec Dorothy Provine, enceinte jusqu’au menton! Le couple se mariera en Janvier à Las Vegas et leur petit Robert Day viendra au monde le 28 Mai 1969.
Le couple Day restera tendrement uni. Dorothy prendra virtuellement sa retraite dès qu’elle eut la bague au doigt et qu’elle fut maman. Elle honora encore quelques séries télévisées de sa furtive présence jusqu’au début des années 70 puis elle laissa avec un plaisir évident l’oubli se faire sur son nom. Rien ne se démode plus vite que les vieux feuilletons, à part l’humour et les chapeaux.
Le 25 Avril 2010, Dorothy Provine s’éteignait dans sa 75eme année, emportée par une crise d’emphysème et veillée par son tendre mari et son cher fils.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1958: Live Fast Die Young: Avec Mary Murphy et Mike Connors
1958: The Bonnie Parker Story: Avec Jack Hogan.
1959: Riot in Juvenile Prison: Avec Jérôme Thor et Marcia Henderson
1959: The 30 Food Bride of Candy Rock: Avec Lou Costello
1963: Wall of Noise: Avec Jean Byron et Ty Hardin
1963: It’s a Mad Mad World: Avec Spencer Tracy, Edie Adams et Ethel Meerman.
1964: Prête-moi ton Mari: Avec Romy Schneider et Jack Lemmon
1965: The Darn Cat: Avec Hayley Mills, Elsa lanchester et Dean Jones
1965: The Great Race: Avec Natalie Wood, Tony Curtis et Jack Lemmon.