La très belle Corinne Calvet naît Corinne Dibos le 30 Avril 1925 à Paris. Ses parents sont des intellectuels fortunés et Corinne étudiera le droit criminel à la Sorbonne avant de se laisser tenter par le cinéma. C’est que Corinne est très belle et…Qu’elle le sait. Une ressemblance frappante avec la star Hollywoodienne Rita Hayworth dont elle a l’opulente chevelure et la même implantation de cheveux fait d’elle l’idole des étudiants boutonneux. Plus tard cette ressemblance va lui nuire. L’actrice ne trouvera à se mettre sous le talent que les rebuts de rôles dont Rita ne veut pas entendre parler!
Corinne avait donc fait en France, sous l’occupation, des débuts fort prometteurs à la radio, au théâtre et ensuite bien sûr au cinéma où on la découvre dans l’ombre de Fernandel dans « Petrus » en 1946. Dès les croix gammées envolées du ciel de Paris, Corinne accepte une proposition de contrat hollywoodien venue du producteur Hall B. Wallis qui aime à manipuler les jolies starlettes aux poitrines pulpeuses et va s’occuper de Corinne avant de se consacrer à Marilyn. La jeune Française peut être fière! Elle sera reçue comme une reine chez Paramount où on avait mandaté Ray Milland et Alan Ladd pour l’accueillir, elle avait vingt ans.
Lancée à grand tapage, Corinne est directement distribuée au côté de Burt Lancaster avant de se retrouver flanquée de Jerry Lewis et d’un singe qui tente de la violer chaque fois qu’elle est indisposée. Corinne Calvet ne voyait pas le métier d’actrice comme cela et sa culture et sa bonne éducation française ne l’avaient pas préparée aux mœurs parfois bien barbares de l’univers faussement doré du cinéma US. Dès son arrivée elle avait été demandée en mariage par un de ses partenaires, le comédien John Bromfield qui, lorsque la jeune épouse lui demandera d’une voix tendre: « Pourquoi m’avez-vous épousée, John Chéri, Qu’est-ce qui vous a séduit chez moi? » La réponse sera aussi précise qu’aimable: « Rien! C’est le studio qui me l’a demandé! » Mariée pour le pire en 1948, Corinne reprendra sa liberté en 1954.
La belle va s’enliser dans des mauvais films comme dans son mauvais mariage même si les productions ne sont pas forcément médiocres. Après tout elle a été dirigée par John Ford en personne dans « When Willie Comes Marching Home » en 1950. C’est le manque de chance qui caractérise la carrière américaine de Corinne Calvet. Même si Danny Kaye la trouve remarquable et aussi belle que bonne actrice, tentant de l’avoir à nouveau comme partenaire après « On The Riviera » où Gene Tierney se révèle prodigieuse, hélas pour Corinne.
Elle avait également fondé de grands espoirs en 1953, en tournant « The Far Country » avec James Stewart et Ruth Roman sous la direction d’Anthony Mann. Corinne relaya ses faits et gestes durant tout le tournage : « Je suis folle de joie, je joue une cambrousarde naïve de 16 ans! » (Elle en avait 28!) « Je ne porte aucun maquillage dans le film! » (James Stewart pourrait accrocher son chapeau à ses faux-cils!) « Il faudra me doubler pour le chant, ma voix est beaucoup trop sexy pour mon personnage! » et ma préférée: « Je n’étais jamais monté à cheval, ce sont des sales bêtes qui me font tomber! Quand je rentre à la maison j’ai les fesses toutes bleues, à peine si mon mari me reconnaît! » Remariée à Jeffrey Stone en 1955, Corinne divorcera à nouveau en 1962
Lassée d’attendre sa vraie chance et des attitudes de la mecque du cinéma à son égard, Corinne va montrer à Hollywood de quel bois elle se chauffe! Devenue blonde (sait-on jamais) elle collera des procès chicaneurs et retentissants à tous ceux qui lui manquent de respect. Sa chère ennemie hongroise Zsa-Zsa Gabor s’en souviendra longtemps! Avoir affirmé que Corinne Calvet n’était pas plus Française qu’elle lui couta fort cher! Cet aspect de sa personnalité fera dire à Hedda Hopper: « Quand elle est en période creuse, Corinne Calvet est une aubaine pour tous les échotiers! Elle ne se tait pas une seconde, un vrai moulin à copies! » Corinne venait de se mettre à dos pas mal de monde en déclarant « Je ne déteste pas les autres femmes, ce sont elles qui me détestent! Ceci dit j’avoues préférer la compagnie des messieurs. Eux savent m’apprécier! » Puis elle ajoutait « Les femmes américaines considèrent les femmes françaises comme des menaces, des dévoreuses d’hommes! C’est d’une hypocrisie folle! C’est la femme américaine qui est une prédatrice sans égale! Elle passe sa vie à la chasse aux maris! Et avec quels procédés grands dieux! »
Corinne attendra encore longtemps le bon rôle dans le bon film et sera encore en activité dans les années 80 sans avoir hélas assez marqué les mémoires pour profiter de l’engouement nostalgique pour les stars de la grande époque. C’est Jane Wyman, Anne Baxter ou Joan Collins que la télévision sollicite dans les années 80, pas elle. Elle était revenue vers l’Europe dès les années 50 voir si les perspectives n’y étaient pas plus intéressantes. Nimbée d’une aura Hollywoodienne, elle n’hésite pas à s’exclamer face à Danielle Darrieux ébahie: « Oh Look! What’s that? Is it the Eiffel Tower? »
Après un troisième mariage, avec Robert J. Writ cette fois, mariage qui durera de 1968 à 1971, Corinne Calvet trouvera sa voie et sa vengeance en devenant une astrologue très prisée dans les milieux cinématographiques. La belle voyage en first class d’un continent à l’autre pour donner son avis sur la bonne date pour un début de tournage ou pour la sortie d’un film. Cette nouvelle profession fera de Corinne Calvet une femme richissime et hautement respectée.
Elle décède dans sa sublime propriété de Santa Barbara le 23 Juin 2001 d’une hémorragie cérébrale.
La légende de Corinne Calvet qui laisse un enfant derrière elle voulait que sa mère ait inventé le pyrex. Il semble pourtant que cette découverte soit le fait de chercheurs Américains: W.C. Taylor et Eugène C. Sullivan.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1946: Petrus: Avec Simone Simon et Fernandel
1949: When Willie Comes Marching Home: Avec Dan Dailey
1950: The Far Country: Avec Ruth Roman et James Stewart
1950: Irma Goes West: Avec Marie Wilson, Diana Lynn, Jerry Lewis et Dean Martin
1950: When Willie Comes Marching Home: Avec Dan Dailey
1951: On The Riviera: Avec Danny Kaye et Gene Tierney
1952: Québec: Avec John Drew Barrymore
1952: What Price Glory: Avec Dan Dailey et Robert Wagner
1952: Tonnerre sur le Temple: Avec Alan Ladd, Charles Boyer et Deborah Kerr
1952: Sailor Beware: Avec Dean Martin et Jerry Lewis
1953: Powder River: Avec Rory Calhoun et Penny Edwards
1954: The Far Country: Avec Ruth Roman et James Stewart
1954: Bonnes à Tuer: Avec Danielle Darrieux et Michel Auclair.
1954: Les Aventures de Giacomo Casanova: Avec Marina Vlady et Ursula Andress.
1954: Operazione Notte: Avec Giulio Cali
1955: Ca c’est Paris: avec Tony Curtis et Gloria de Haven.
1955: Le ragazze di San Frediano: Avec Rossana Podesta et Giovanna Ralli
1960: Bluebeard’s Ten Honeymoons: Avec Georges Sanders, Jean Kent et Patricia Roc.
1961: Hemingway’s Adventures of a Young Man: Avec Richard Beymer, Paul Newman et Diane Baker