coleen gray

Il y a longtemps que l’envie de traiter le « cas » Coleen Gray me turlupinait, mais j’avoue que cette ravissante brunette dans la lignée des « épouses modèles vues par Hollywood » dont Jeanne Crain, Jean Peters ou Jane Greer sont de ravissants exemples, me laissait dans l’embarras. Je n’arrive guère à la cerner complètement. Les studios l’ayant mise à toutes les sauces, du film noir à la comédie musicale avec Bing Crosby, sa filmographie ne m’est guère précieuse pour brosser un portrait réaliste et bien senti de la demoiselle.

Cette très séduisante personne vient au monde le 23 Octobre 1922 dans une famille de rigoureux luthériens où on ne badinera jamais avec les stricts principes religieux. Notre héroïne est alors Doris Bernice Jensen pour l’état civil de Staplehurst dans le Nebraska, mais c’est à Hutchinson dans le Minnesota qu’elle grandira.

La postérité retiendra qu’en 1943 elle était employée au YMCA de Los Angeles et suivait le soir des cours de théâtre. Ce qui lui permit de monter sur scène dans un rôle aussi petit que le théâtre où il se jouait. Bien suffisamment grand cependant pour qu’elle y attire l’œil d’un talent scout et passe un « test » pour la Century Fox.

La vérité oblige cependant à dire que la pieuse demoiselle avait suivi de garnison en garnison ses trois fiancés aussi consécutifs qu’officiels. Qu’on la saura ensuite toujours aussi officiellement fiancée avec le « talent scout » en question, ensuite avec le brave homme qui lui a écrit son « screen test » et l’a dirigée: Rodney Amateau.

La jeune actrice est prise sous contrat à 150$ par semaine par la Century fox. Une aubaine, Marilyn Monroe n’aura droit qu’à la moitié!

Devenue Coleen Gray par le traditionnel coup de baguette magique du département publicié du studio, elle convole avec son beau Rodney le 10 Juin 1945! L’année suivante, leur fille Susie vient au monde. En 1948 ils seront séparés. Mais Coleen sera devenue une aspirante à la gloire tellement en vue que son agent se vantera partout de s’être acheté un yacht avec ses pourcentages!

(Il serait plus honnête de sa part de reconnaître qu’il a cédé le contrat le liant à sa cliente pour 25.000$ à une autre agence!).

Depuis 1947, après son premier grand rôle dans « Kiss of Death », Coleen a donné la réplique à de grands noms. Victor Mature, bine sûr qui fut son premier mari à l’écran, John Wayne, Tyrone Power, Alan Ladd ou Bing Crosby dans des films de prestige.

En 1951 elle sera en tête d’affiche de sept films et restera un « premier rôle » jusqu’à la fin des années 50

Le 3 Mars 1949,  le couple Amateau est officiellement divorcé pour cruauté mentale extrême. « Mon mari trouvait mes chapeaux ridicules et ne cessait de s’en moquer ouvertement » pleurnicha l’épouse meurtrie devant une cour des divorces hilare!

Célibataire, Coleen Gray est bien décidée à faire des années 50 sa décade prodigieuse et empoigne à pleine mains sa carrière, sa liberté reconquise, et il faut bien le dire le cœur de quelques messieurs dont Georges Raft qui lui fit beaucoup d’usage.

Coleen devient free lance au printemps 1950 et ne cache pas sa joie. « Etre sous contrat est une sécurité matérielle à double tranchant. Vous ne pouvez pas choisir vos rôles et n’avez aucune liberté artistique! Les studios peuvent faire votre carrière et la défaire tout aussi bien! »

Elle tourna en Europe, en Italie, clamant son désir absolu de tourner avec Vittorio de Sica, et en Angleterre. Ce qui ne révolutionna que peu les univers culturels respectifs des pays où elle s’adonna à son art. Elle n’était à tout prendre qu’une star hollywoodienne, et de plus en exil momentané. Elle rentrera à Hollywood fort meurtrie par sa rupture d’avec monsieur Raft. Elle fut alors victime d’un accident de voiture ce qui tempéra quelque peu ses ardeurs et son bel enthousiasme.

Elle aura ensuite une longue liaison avec le producteur à succès Stanley Rubin mais jettera finalement son dévolu sur l’ex mari de Ginger Rogers, Lew Ayres, qui sous ses airs flegmatiques ne déteste pas trouver un brin de tempérament chez ses épouses.

La belle histoire n’ira pourtant pas jusque devant monsieur le pasteur car la belle au cœur d’étoupe va croiser la route de John Payne.

Nous sommes en 1953 et sa fille qui s’apprête déjà à appeler John Payne « Papa » se retrouvera en effet avec un père… officier de l’armée américaine et n’ayant rien à voir avec le cinéma: William Bidlack Clymer de 13 ans l’aîné de sa célèbre épouse. Nous sommes le 14 Juillet 1953 lorsque résonnent les cloches nuptiales. Un an plus tard jour pour jour viendra au monde le petit Bruce Robin.

Coleen se fait dès lors plus discrète même si elle continue une honorable carrière et ne déteste pas quelques mondanités où brillent quelques têtes couronnées, ce qui la change de son Nebraska natal.

En 1958 un second accident de voiture la laissera alitée de longs mois et son beau visage sera abîmé dans l’accident.

En 1978 un second drame la frappe, son mari meurt emporté par une leucémie.

Elle se retourne alors vers la religion de son enfance avec frénésie. Elle épousera d’ailleurs l’année suivante un des membres de son église qui vient lui aussi de perdre son épouse emportée par un cancer. Ils uniront leurs deux chagrins et leurs deux solitudes puis consacreront leur existence au bien des autres et à la parole de dieu.

A la fin des années 50, même si son nom restait au sommet de l’affiche, les films où elle se produisait perdaient inexorablement de leur prestige et de leur qualité. Tyrone Power et Victor Mature firent place à quelques martiens, deux ou trois vampires et des soucoupes volantes qui firent beaucoup rire dans les classes de maternelle. Coleen Gray s’en rendit-elle vraiment compte, ou plus exactement s’en offusqua-elle, je l’ignore. Certes elle se doutait bien que « La Planète Fantôme » ne lui vaudrait pas un Oscar mais après tout, ces films étaient à la mode, ils marchaient magnifiquement et rapportaient beaucoup d’argent. Ensuite encore, la télévision avait fait d’elle une des grandes chéries des téléspectateurs et il n’est pas une série culte où Coleen n’apparut pas au moins le temps d’un épisode, et ce 35 ans durant.

Elle prit sa retraite télévisée au milieu des années 80 et sa retraite cinématographique à la fin des années 70, non sans avoir eu son baroud d’honneur en devenant l’ultime partenaire de la vétérane Patsy Ruth Miller, icône du muet qui fut sa mère dans le sobre, beau et injustement méconnu  »Mother » en 1978.

Coleen s’éteindra le 3 Août 2015 , deux mois et 20 jours avant de pouvoir fêter ses 93 ans

Celine Colassin.

Coleen gray

QUE VOIR?

1947: Kiss of Death: Avec Victor Mature

1947: The Shocking Mrs Pilgrim: Avec Betty Grable et Dick Haymes

1947: Nightmare Alley: Avec Tyrone Power et Joan Blondell

1948: Massacre à Furnage creek: Avec Victor Mature

1948: Red River: Avec Joanne Dru, John Wayne et Montgomery Clift

1950: Riding High: Avec Bing Crosby

1951: The Sleeping City: Avec Richard Conte et Peggy Dow

1951: Apache Drum: Avec Stephen MacNally

1952: Models, INC: Avec Howard Duff

1952: Kansas City Confidential: Avec John Payne

1953: The Fake: Avec Dennis O’Keffe

1953: Les Vaincus: Avec Jan Sterling et Alan Ladd

1954: Arrow in the Dust: Avec Sterling Hayden

1955: Las Vegas Shakedown: Avec Dennis O’Keefe

1955: The Twinkle in God’s Eye: Avec Coleen Gray et Mickey Rooney

1955: Tennessee’s Partners: Avec Rhonda Fleming, John Payne et Ronald Reagan

1956: The Wild Dakotas: Avec Bill Williams

1956: The Killing: Avec Sterling Hayden et Marie Windsor

1956: Frontier Gambler: Avec John Bromfield et Kent Taylor

1956: Death of a Scoundrel: Avec Georges Sanders, Zsa Zsa Gabor et Yvonne de Carlo

1958: Hell’s Five Hours: Avec Stephen MacNally

1960: The Leech Woman: Avec Philip Terry et Grant Williams

1961: The Phantom Planet: Avec Dean Frederick

1965: Town Tamer: Avec Dana Andrews et Terry Moore

1968: PJ: Avec Gayle Hunnicutt et Georges Peppard

1971: The Late Liz: Avec Anne Baxter et Steve Forrest

1978: Mother: Avec Patsy Ruth Miller

 

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