christine carrere

Le printemps 1958 fut particulièrement peu fertile en évènements fracassants au pays des stars. La presse s’empara de la jeune Christine Carrère fraîchement mariée à Philippe Nicaud pour faire de ce couple d’amoureux de Penney le principal sujet des colonnes estivales.

Pensez donc! A peine mariés depuis le 7 Novembre 1957, le couple était déjà séparé par les trompettes de la renommée Hollywoodienne qui tintèrent aux oreilles de la jolie Christine. La belle s’envolait pour Hollywood, son Philippe restait à Paris, les cœurs des lectrices s’émurent. La séparation fit boule de neige dans la presse et jusqu’au prestigieux LIVE magazine en fit son édito! « JE TRAVAILLE A CONSTRUIRE NOTRE BONHEUR » Peut-on lire en première page des gazettes.

carrere christine

Page deux on apprendra que Philippe Nicaud appelle « sa » Christine son « Kiki », son « poisson rouge » au téléphone toutes les nuits alors qu’elle se morfond à Hollywood. L’impact est d’autant plus grand que le film « CHRISTINE » sort sur les écrans, mettant Romy Schneider et Alain Delon en scène, récoltant un joli succès et faisant de Christine le prénom de la jeune, fraîche et pure amoureuse idéale. l’antithèse de « Brigitte ».

christine carrere

 » Je suis partie aux Etats-Unis au mois de Juin 1957 après avoir été choisie par un « talent scout » américain pour être Dominique, l’héroïne  du film tiré du second roman de Françoise Sagan « Un Certain Sourire ». Sans le savoir j’avais triomphé de 300 concurrentes américaines. Un bref essai à Londres et je me retrouvais à Hollywood, un peu effrayée de ma chance. D’autant que je ne parlais pas spécialement la langue de l’oncle Sam. Par bonheur, le premier tour de manivelle a été retardé. je suis revenue à Paris en Septembre et comme une écolière je m’applique à apprendre l’anglais« . Christine Carrère, Cinémonde, Avril 1958 (Joyeuse et insouciante époque quand on y songe). Par contre, on n’insista pas (car ça ne fait pas vendre) sur le fait que l’essentiel du film se tournait à…Paris!

christine carrere

Christine Carere « serait » née à Dijon le 27 Juillet 1930 sous le patronyme de Christiane Elizabeth Pelleterat de Borde. Je dis « serait » car elle fait ses premiers pas sous les feux de l’actualité en étant choisie par Allégret comme jeune première pour un film qui ne se fit jamais: « Les Lauriers sont coupés ». Christine a quinze ans à peine. Or Allégret a également choisi une autre débutante de quinze ans à peine: Brigitte Bardot née en…1934! Il y a donc là une bizarrerie que je laisse à vos esprits perspicaces. (Le projet des « Lauriers » serait-il resté cinq ans sur le métier? Aurait-il avorté une première fois avec Christine avant de réavorter ensuite avec Brigitte?)

Quoi qu’il en soit, la très jeune dijonnaise ne tourna pas pour Allégret mais rencontra le jeune acteur Philippe Nicaud. Le couple s’aima, se maria, cérémonie avant laquelle le futur époux proposa les photos de sa dulcinée pour l’adaptation cinématographique d’une nouvelle de Françoise Sagan « Un Certain Sourire ».

christine carrere

La jolie Christine fut engagée en omettant de préciser qu’elle ne pipait pas un mot d’anglais et le temps des joyeuses fiançailles fut consacré à faire entrer la langue de Shakespeare dans cette jolie tête. Christine débarqua donc à Hollywood, déçut d’emblée les amateurs de jolies petites Françaises bien piquantes à la Claudette Colbert ou Simone Simon en déclarant aux oreilles de reporters pantois: « Les personnages de Sagan sont dépravés(!!!!), ils ne sont pas le reflet de la jeunesse française qui subit la saine influence du cinéma américain et préfère le sport et le camping à ces jeux douteux!«  On ferait difficilement rêver un continent assoiffée des nouvelles de Brigitte Bardot avec pareille propagande scoutiste!

Christine tourna son film, le film fit un flop et pour ceux qui le virent, la jeune Française fut littéralement absorbée dans l’ombre de l’excellente Joan Fontaine. Elle rentra en France dans une indifférence de bon aloi, suivit son cher Philippe à Venise où il tournait avec la starissime Martine Carol ce qui leur servit de voyage de Noces. Bardot, Monroe et Taylor reprirent leurs places dans les tabloïds.

Le gentil petit couple fit une longue carrière sans titres de gloire mais resta uni pour la vie. Philippe se fit remarquer en jouant un rôle de travesti dans « Voulez-vous danser avec moi? » au côté de Brigitte Bardot en 1959. Il fut drôle dans « Que Personne ne sorte », un OVNI du cinéma tourné par Yvan Govar à Bruges en Novembre avec Jacqueline Maillan, Maria Pacôme et Jean-Pierre Marielle en 1962.

Leurs carrières respectives s’enfonçant irrémédiablement dans une brave routine, on les vit beaucoup au théâtre sans que celà ne transcende les foules. Christine s’était volontairement mise en pause carrière pour avoir et élever les deux enfants nés de son union avec Philippe. Une fille d’abord, un garçon ensuite.

En 1966, la presse française poussa un glorieux cocorico car Christine repartait pour les USA où elle devait être la vedette d’un feuilleton de 15 épisodes tournés en couleurs. « Blue Lights ». Ce qui faisait du couple Nicaud un couple de feuilleton puisque Philippe Nicaud était alors « L’inspecteur Leclerc ». Christine, rentrée au bercail se montrera dans « OSS contre Gestapo » (I deal in Danger) histoire de terminer l’année 1966 sur grand écran et tira un trait, cette fois définitif sur sa carrière. Christine s’éteignit de sa belle mort le 14 Décembre 2008 dans leur jolie maison de Fréjus. Philippe ne survécut pas longtemps au départ de sa Christine adorée et s’éteignit moins de quatre mois plus tard le 19 Avril 2009 dans une clinique de Nice.

Celine Colassin.

christine carrere

QUE VOIR:

1952: Un Caprice de Caroline Chérie: avec Martine Carol.

1953: Sang et Lumière: Avec Daniel Gélin et Zsa-Zsa Gabor.

1954: Cadet Rousselle: Avec François Périer, Dany Robin et Bourvil.

1954: Tout Chante Autour de Moi: Avec Michel Piccoli.

1954: Una Donna Libera: Avec Françoise Christophe, Pierre Cressoy et Gino Cervi

1954: Terza Liceo: Avec Ugo Amaldi et Paola Borboni

1955: L’Affaire des Poisons: de Henri Decoin avec Danielle Darrieux

1955: Don Juan: Avec Fernandel et Carmen Sevilla.

1956: Les Délinquants: Avec Ginette Leclerc et Raymond Buissières

1957: Les Collégiennes: Avec Estella Blain et Gaby Morlay

1957: A Certain Smile:  avec Joan Fontaine et Rossano Brazzi

1957: Bonjour Jeunesse: Avec Jeanne Boitel et Ded Rysel

1957: Huit Femmes en Noir (La Nuit des Suspectes) Avec Elina Labourdette et Geneviève Kervine

1957: Quelle Sacrée Soirée: Avec Jean Bretonnière, Christine Carère, Mary Marquet et Rellys

1958: Terza Liceo (Collège Mixte) Avec Ugo Amoldi

1958: Mardi Gras: Avec Pat Boone et Sheree North

1959: A Private’s Affair: Avec Sal Mineo, Terry Moore et Barbara Eden

1960: Mardi Gras: Avec Pat Boone

1966: I deal in Danger: Avec Robert Goulet

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