Avec Beverly Michaels, j’aborde le destin de celle qui fut peut-être la plus éphémère de toutes ! Le public le plus perspicace la découvre pour la première fois en 1949, presque invisible dans l ‘ombres très prestigieuse de Barbara Stanwyck, et entourées d’autres nouvelles venues : Ava Gardner et Cyd Charisse dans « East Side, West Side »
Difficile de se faire remarquer avec un entourage aussi fracassant !
En 1956 sa carrière était terminée.
Le 29 Décembre 1928, Beverly Michaels naît dans une famille pauvre et nombreuse vivant dans le Bronks à New-York. Elle aura cinq frères et sœurs.
Elle va très vite gagner sa vie! A neuf ans elle est mannequin enfant pour des catalogues de grands magasins, à 16 ans elle est déjà reine de beauté et travaille comme show girl dans des clubs très huppés new-yorkais.
En 1946, elle fait la rencontre d’une jeune comédienne, Jane Withers qui l’incite à envisager son métier avec un peu de sérieux, on ne reste pas toute sa vie show-girl! Jane sait de quoi elle parle et ne peut être que de bon conseil, car si elle a à peu près le même âge que Beverly, elle a été une enfant star et tourne depuis 1932! Elle a été la fille de Norma Shearer dans le chef d’ouvre de Cukor: « Women »
Beverly délaisse donc strass et plumes d’autruche pour partir en tournée avec Jane et sa pièce. Si l’entreprise connut un succès honorable en province, le retour à Broadway fut moins prestigieux! La pièce ne tint qu’un soir, celui de la première!
Contrite, Beverly revint prendre du service dans les boîtes de nuit, mais ce retour là fut bien plus spectaculaire que celui de la pièce, même si, hélas, le spectacle se donna en coulisses!
Les autres girls qui l’avaient vue partir en tournée, tétanisées de rage et de jalousie avec un « vrai » spectacle jubilèrent de ce pitoyable retour et se moquèrent ouvertement de cette blonde « chassée des scènes de Broadway ». Beverly Michaels n’était pas née dans le Bronks pour rien! Elle leur vola dans les plumes au sens le plus exact du terme! On s’arracha les postiches et les faux-cils on se griffa avec ses faux ongles, on se fendit les têtes à coup de talons aiguilles et on s’étrangla joyeusement avec son string! Beverly Michael fut flanquée dehors non sans avoir copieusement décimé la basse cour de Billy Rose, ex mari de Fanny Brice qui se prenait pour Ziegfeld!
J’ignore par quel biais Beverly Michaels se retrouva ensuite sur le prestigieux plateau de « East Side, West Side », mais si le public la vit peu, il n’en fut pas de même, une fois encore, dans les coulisses où elle captiva littéralement le producteur Voldemar Vetluguin.
Voldemar a au moins 30 ans de plus que Beverly, et pour compenser, il affiche 15 centimètres de moins, ce qui fit bien rire les invités à leur mariage qui se déroula à Santa Barbara en Septembre 1949.
L’année suivante ils se séparaient, ce qui fit encore rire, puis ils se lancèrent dans une bataille juridique très hollywoodienne où Beverly réclamait « seulement une pension alimentaire décente », Voldemar lui répondant « Des clous! » On suivit l’affaire de semaine en semaine, elle s’éternisa des mois et on finit par s’en lasser!
Un malheur n’arrivant jamais seul, après avoir commencé son film suivant, elle fut remplacée au pied levé par Cleo Moore! Cleo n’étant pas considérée à Hollywood comme une très fine comédienne, qu’elle fut choisie pour remplacer Beverly voulait tout dire à propos des aptitudes artistiques de cette dernière!
Beverly tournera pourtant. Elle chantera. Elle sortira même un album de chants de Noël, et en 1953, alors qu’elle a enfin trouvé le grand amour avec un autre producteur, Russell Rouse qui lui donnera deux enfants, son ex mari décède et contre toute attente, lui lègue une large part de sa fortune.
Russell Rouse qui cette fois n’avait « que » 19 ans de plus que son épouse la laissera veuve le 2 Octobre 1987.
Beverly n’était plus qu’épouse et mère depuis bien longtemps et s’était retirée à Phoenix en Arizona lorsqu’elle même décède le 9 Juin 2007, emportée par un accident vasculaire cérébral.
Celine Colassin
QUE VOIR ?
1949: East Side, West Side: Avec Barbara Stanwyck, Ava Gardner, Cyd Charisse et William Conrad
1952: The Marrying Kind: Avec Judy Holiday et Aldo Ray (Beverly est en couverture du Life Magazine, elle ne joue pas dans le film)
1952: No Holds Barred: Avec Marjorie Reynolds et Leo Gorcey
1953: Wicked Woman: Avec Richard Egan
1956: Women Without Men: Avec Joan Rice et Paul Carpenter.
1956: Blonde Baid: Avec Jim Davis et Joan Rice