Pour avoir été particulièrement éphémère dans le cinéma français, la très belle Arlette Poirier reste le reflet joyeux et un tantinet polisson d’une époque hélas révolue. Non que les films où elle a brillé furent des chefs d’œuvres d’exception, loin sans faut, mais enfin, ils firent courir les foules et n’est-ce pas le but premier du cinéma?
Cette très belle jeune femme a vu le jour dans le XVIème arrondissement de Paris le 11 Juin 1926. Et lorsque devenue une ravissante jeune fille elle confiera à son père artiste peintre son envie de devenir comédienne, celui-ci trouvera cela formidable et encouragera cette vocation artistique! Elle suivra donc les cours de René Simon.
Mais alors qu’elle débute au théâtre Antoine dans « Le Petit Café », elle se fait « littéralement débaucher » ce sont ses propres termes par le cinéma pour devenir la « Môme Crevette » dans « La Dame de Chez Maxim’s » Follement allurale, très belle et dotée d’un abattage certain, aussitôt les propositions pleuvent et n’ayons pas peur de le dire, on lui propose ce qui se fait de mieux dans le cinéma populaire des années 50! A peine sortie des froufrous de la môme Crevette, Ce sera « Andalousie », une comédie musicale avec Luis Mariano et Carmen Sevilla. La jeune actrice qui s’avouera toujours plus férue de théâtre que de cinéma vit l’enchaînement de ces deux films comme une sorte de parenthèse enchantée. Certes elle devient aussitôt une actrice connue mais son rêve reste d’entrer un jour à la Comédie Française autrement que comme spectatrice!
Mais l’Espagne s’en entiche alors même qu’ »Andalousie » n’est pas terminé, les propositions affluent dans la fouée du succès de « La Dame de chez Maxim’s ». Rentrée en France, Arlette enchaîne les tournages et si elle n’a pas à rougir de « Coiffeur pour Dames » où elle donne la réplique à Fernandel, l’acteur le plus populaire de la décennie, On la retrouve aussi dans des films plus potaches qui ne la méritaient sans doute pas. N’aurait-elle pas tourné « Ma Femme, ma Vache et Moi » ou « Amour, Autocar et Boîte de Nuit » que sa carrière, qui sait, aurait peut-être été différente.
La belle Arlette se plaignait déjà de la « mollesse » de ses metteurs en scènes lorsqu’elle crut sa chance venue. André Cayatte la choisit pour donner la réplique à Gérard Philipe dans « Montparnasse 19″. La voilà sur un pied d’égalité avec Lilli Palmer ou Anouk Aimée et c’est déjà presque un retour puisque nous sommes en 1958 et qu’après « C’est la Vie Parisienne » tourné 4 ans plus tôt avec Claudine Dupuis, Arlette était restée sans tourner. Hélas, le film sera un échec cuisant. Ce sera le glas de la carrière d’Arlette Poirier. Elle avait débuté en 1950, en 1960 elle tirait sa révérence.
On la revit un peu à la télévision au début des années 70 et elle donna son baroud d’honneur en étant de la distribution de « Je Suis Frigide, Pourquoi? » Ce ne sera pas un retour de l’actrice mais un simple ricochet. Arlette Poirier s’était retirée dans le Var, elle y coulait des jours paisibles même s’il étaient assez démunis.
Elle s’est paisiblement éteinte le 30 Mai 2012.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
(A ma connaissance, la filmographie d’Arlette Poirier ci dessous est complète)
1950: La Dame de chez Maxim’s: Avec Saturnin Fabre et Jacques Morel
1950: Andalousie: Avec Carmen Sevilla et Luis Mariano
1951: Les Deux Monsieur de Madame: Avec Jean Paradés
1952: Ma Femme, Ma Vache et Moi: Avec Irène Corday
1952: Coiffeur pour Dames: Avec Fernandel et Renée Devillers
1952: La Fugue de Monsieur Perle: Avec Noël-Noël et Marie Glory
1953: Scampolo 53: Avec Maria Fiore et Henri Vidal
1953: Via Padova 46: Avec Giulietta Masina et Peppino de Filippo
1953: Mon Gosse de Père: Avec Sirena Adgemova et Maurice Teynac
1954: C’est la vie Parisienne: Avec Claudine Dupuis et Philippe Lemaire
1954: Via Padova: Avec Guiletta Massina et Peppino de Filippo
1958: Montparnasse 19: Avec Lilli Palmer et Gérard Philipe
1958: Sérénade au Texas: Avec Luis Mariano, Germaine Damar et Bourvil
1960: Amour, Autocar et Boîtes de Nuit: Avec Robert Dalban et Robert Bern
1972: Je Suis Frigide, Pourquoi? Avec Sandra Julien et Marie-George Pascal