La belle Anna Gael vint au monde à Budapest, capitale de sa Hongrie natale le 27 Septembre 1943 sous le patronyme officiel d’Anna Abigail Gyarmathy. Et c’est à peu près, mes chers lecteurs, tout ce que vous saurez. Car non seulement, la belle demoiselle fut d’une discrétion épiscopale mais elle fut toujours accablée d’une bougeotte incessante qui lui fit parcourir le monde en tous sens et sous toutes les latitudes!
Cette très jolie jeune fille grandit semble il à Paris. Elle a 20 ans en 1963 et fait la connaissance du réalisateur Gilbert Pineau qu’elle épouse et qui la mit souvent en scène.
L’homme qui n’a pas laissé une trace inoubliable dans l’histoire du septième art ni même dans celle de la télévision fut pourtant un réalisateur assez prolifique qui n’aimait rien tant que de revisiter quelques classiques, n’hésitant pas à transposer pour les caméras Octave Mirbeau, Anton Tchekhov ou Jean Cocteau. Sa jeune et ravissante épouse sera dirigée par ses soins à la télévision entre autres dans « Les Armes de la Nuit » en 1964 »Mademoiselle de la Ferté » et « L’Appolon de Bellac » en 1965, dans « La Mouette », « Les Affaires sont les Affaires » et »La Machine à Ecrire » en 1966 ou encore « Une Femme sans Importance » en 1968.
Notre belle hongroise avait débuté sa carrière en Italie, à 19 ans, à côté de la belle Danièle Gaubert avec qui elle partagea l’affiche de « Una Storia Milanese ». Il faudra ensuite attendre 1964 et sa fameuse rencontre avec son mari et mentor Gilbert Pineau pour la retrouver à la télévision française dans « Les Armes de la Nuit ». Sans doute l’expérience italienne ne l’avait elle pas convaincue.
Anna Gael devient donc d’abord une actrice de télévision avant que ses charmes évidents ne la propulsent vers le grand écran. Sa grande chance vient en 1968 avec un film que l’on voudrait sulfureux « Thérèse et Isabelle ». Histoire d’amitié particulière féminine dans un collège Suisse dirigé par Anne Vernon.
Nous étions en 1968.
On discutait à coup de pavés la libération féminine et la démission du président de la république Charles de Gaulle. Dans ces circonstances, les émois collégiens d’une Anna Gael postichée comme Dalida avec ses jupes prince de Galles firent plutôt figure de pamphlet réactionnaire. Le film tourné en noir et blanc pour faire « Lelouch » ou « Truffaut » n’impressionna que peu de monde.
Mais enfin, la belle avait du talent et un physique bien dans l’air de son temps. Elle tourna beaucoup et devint célèbre à défaut de devenir une star.
Comme il se doit, elle posa fort déshabillée pour ne pas faire trop « réac ». Plus tard elle ferait des procès automatiques aux journaux qui continueraient la publication de ses photos légères, car estimait elle, « Les temps avaient changé et on n’en était plus là ». Ce en quoi l’avenir lui donna finalement raison.
Elle avait vécu une petite mésaventure où elle n’était pour rien mais qui fit quand même bien ricaner. On la savait piaffante d’impatience à l’idée d’incarner Nana à l’écran et succéder ainsi à Martine Carol mais la veille du premier jour de tournage, les studios de la Victorine sont ravagés par le feu et le film…à la rue.
Il faut dire aussi que la belle Anna divorça de son mentor pour devenir la très distinguée lady Weymouth.
L’actrice s’installa en Angleterre dans le château familial de 300 pièces et commenta: « Oui, notre château a 300 pièces, mais 280 sont ouvertes au public, nous nous contentons de vingt pièces et de deux domestiques, et s’il est vrai que nous avons une Rolls et une Bentley, je n’ai pas mon permis! »
Une petite fille, Lenka, viendra couronner cette simplicité conjugale et la belle lady reprendra sa course folle autour du monde, acceptant de devenir Nana non par passion pour Zola mais parce que le film se tourne au Danemark alors qu’elle rentre de New-York en passant par la Yougoslavie. « Je ne me sens bien qu’entre deux avions et suis incapable de tenir plus de deux semaines au même endroit! » déclarait la belle Anna.
Elle aura tourné en France, en Angleterre, en Italie, en Amérique, au Canada, au Portugal, au Danemark et en Yougoslavie. Anna Gael traversa les années 70 sur les écrans mondiaux et dans tous les aéroports possibles et imaginables. Ensuite, les années 80 venues, déçue d’un métier où elle n’avait pas particulièrement brillé et qui finit par l’ennuyer au delà du possible, elle « raccrocha » définitivement et sans appel. Elle devint journaliste internationale et…correspondante de guerre!
Au temps de sa gloire, elle ne consentait qu’à une interview tous les deux ou trois ans. Dès lors ne me demandez pas de ses nouvelles post cinéma je n’en ai hélas aucune.
A 30 ans Anna Gael citait déjà volontiers Greta Garbo « I want to be left alone ». Son souhait fut respecté et sa mort, le 17 septembre 2022 fut aussi discrète que sa vie. Anna s’en est allée dix jours avant son 76ème anniversaire
Celine Colassin
QUE VOIR?
1962: Una Storia Milanese: Avec Danièle Gaubert
1966: Via Macau: Avec Roger Hanin et Françoise Prévost
1966: Le démoniaque: Avec Jay Delaney et Anne Vernon
1966: Espions à l’Affût: Avec Jean Claudio et Claudine Coster
1967: L’Enfer est Vide: Avec Martine Carol, James Robertson Justice et Isa Miranda
1968: Benjamin ou les Mémoires d’un Puceau: Avec Michèle Morgan, Catherine Deneuve, Michel Piccoli et Pierre Clémenti
1968: Thérèse et Isabelle: Avec Anne Vernon, Barbara Laage et Essy Persson
1968: Béru et ces Dames: Avec Gérard Barry et Jean Richard
1969: Un Jeune Couple: Avec Corinne le Poulain, Jean-François Calvé et Anny Duperey
1969: Zeta One: Avec James Robertson Justice
1969: Bridge at Remagen: Avec George Segal, Ben Gazzara et Robert Vaughn
1970: Nana: Avec Lars Lunoe et Gillian Hills
1972: La Maison des Amoureux: Avec Benoït Girard
1974: Le plumard en folie: Avec Alice Sapritch et Michel Galabru
1976: Dracula Père et Fils: Avec Christopher Lee, Bernard Menez et Marie-Hélène Breillat
1976: Le Chasseur de Chez Maxim’s: Avec Marie-Hélène Breillat et Michel Galabru
1978: Hôtel de la Plage: Avec Myriam Boyer, Sophie Barjac et Daniel Ceccaldi
1981: On n’est pas des Anges…Elles Non Plus: Avec Sabine Azéma et Marie-Anne Chazel