Agathe Aems restera probablement la plus fugace de mes belles éphémères puisqu’elle ne tourna qu’un seul et unique film avant d’avoir elle-même dix-sept ans. »Les Petits Matins », rebaptisés un temps « Mademoiselle Stop », le film de Jacqueline Audry où elle tint la vedette face à une armada de grands noms du cinéma français fit d’elle une révélation, celle de l’année 1963.
Agathe était la très cadette petite fille d’une famille de cinq enfants, dont la troisième devint une actrice célèbre sous le patronyme de Marie Daems, madame François Périer à la ville. Mais si Marie naît en 1928, Agathe attend la libération de 1945 pour venir au monde et compléter la tribu familiale.
Lorsque Jacqueline Audry la désigne pour devenir cette « mademoiselle Stop », non seulement Marie Daems n’y est pour rien mais Agathe n’est pas non plus une inconnue. Qui de plus est, elle n’a jamais envisagé une seule seconde de marcher sur les traces de sa célèbre soeur.
Elle était devenue très jeune une « cover girl » à succès, un succès qui lui valut même un contrat d’un an dans une agence de New-York. Expérience flatteuse et enrichissante au propre comme au figuré mais qu’elle détesta pour avoir été privée des siens toute une année. La proposition de Jacqueline Audry tombait à point nommé pour la faire rentrer en France et donner (entre autres) la réplique à François Périer son…ex beau frère puisque l’acteur et Marie Daems ont divorcé en 1959.
Agathe tourna donc ce gentil film où elle fut cette auto-stoppeuse qui quittait La Panne sous la pluie pour gagner le pouce levé Saint Tropez sous le soleil. Chemin faisant elle allait croiser Noël Noël, Fernand Gravey, Francis Blanche, Daniel Gélin, Gilbert Bécaud, Robert Hossein, Bernard Blier, Claude Rich, Fernandel, Lino Ventura, Darry Cowl, Pierre Mondy, Pierre Brasseur, Michel le Royer et quelques autres dont Arletty avant de trouver l’amour et Jean-Claude Brialy à…Cassis.
Aussitôt on ne parla plus que de cette « jeune découverte » qui s’offrit la UNE de tous les magazines et devint le grand espoir du cinéma français. Tous les couturiers voient en elle la jeune fille parfaite et se l’arrachent pour l’habiller. Elle est cette année là plus courtisée par la mode que Catherine Deneuve et Françoise Dorléac réunies.
Le film n’était pas encore sortit qu’elle était vedette et que l’Italie la suppliait de venir honorer de sa présence quelques « péplum » du meilleur goût, ce qu’elle refusa. Le film terminé, la jeune demoiselle s’était rendue compte que le cinéma était un métier exigeant et qu’une carrière pouvait commencer sur un coup de chance ou un claquement de doigt mais qu’elle ne pouvait continuer qu’au prix d’un travail acharné.
Mais elle déclara elle-même: « Je ne fais rien en ce sens ». Elle était toujours une cover girl richement payée et très sollicitée, elle préféra s’étourdir dans le « tout paris » et dans les bras de Lucien Morisse alors divorcé de Dalida. Ils furent les « fiancés 1963″ et ce fut le dernier titre que l’on attribua à Agathe Aems qui ne « fit jamais rien en ce sens » et ne tourna plus jamais aucun film.
On croisait encore sa lumineuse beauté au bras de Lucien Morisse en 1967 mais j’ignore s’ils étaient toujours ensemble lorsque l’homme de radio se donna la mort en 1970 à l’âge de 41 ans. A ses funérailles on ne vit pas Agathe, il n’y en eut bien entendu que pour Dalida.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1963: Les Petits Matins (Avec 20 acteurs célèbres)